Ce mardi, le musée d'Orsay donne le coup d'envoi de l'exposition "Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois".Elle s'intéresse aux derniers instants de l'artiste, qui s'est suicidé à 37 ans après avoir peint 74 tableaux en 70 jours.Une exposition puissante qui nous plonge dans la tête du maître grâce à la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle.
C'est une expérience puissante. Le musée d’Orsay dévoile ce mardi l'exposition "Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois". Celle-ci revient sur les derniers instants de l'artiste, qui s'est suicidé dans un champ, à 37 ans, après avoir peint 74 tableaux en 70 jours. Pour la première fois, une cinquantaine de ces tableaux sont réunis. Parmi eux, le tout dernier, "Racines d'arbres", jamais exposé en France, et son célèbre "Champ de blé aux corbeaux", peint quelques semaines avant la tragédie, précise à l'AFP Emmanuel Coquery, commissaire de l'exposition avec l'historienne de l'art Nienke Bakker.
L'exposition fait également appel à la réalité virtuelle et à l'intelligence artificielle pour se plonger dans l'univers – et dans l'esprit – de l'artiste qui ne cesse de fasciner les foules. Muni d'un casque de réalité virtuelle, le visiteur, invité à ouvrir une porte, atterrit ainsi dans la salle à manger du Dr Gachet, médecin et ami de Van Gogh à Auvers-sur-Oise, au nord de Paris.
Sur la table, la fameuse palette de l'artiste, numérisée en haute définition, devient gigantesque, se transformant en un paysage mouvant, tout en amalgames de couleurs et empâtements. Guidé par la voix de Marguerite, la fille du docteur Gachet, dont Van Gogh a peint le portrait, le visiteur voit surgir l'église d'Auvers-sur-Oise, la touche, attrape des boules de couleur qu'il peut mélanger, avant de les voir se muer en traits et spirales, emblématiques de la technique du peintre.
Envie de dialoguer avec l'avatar de Van Gogh ?
L'expérience, accompagnée des transcriptions pour piano de Franz Liszt des opéras de Wagner, compositeur préféré de Van Gogh, s'achève avec émotion dans des racines d'arbres qui plongent vers les profondeurs de la terre. Cette séquence semble faire écho à l'état psychique du peintre : mélancolie, obsession de la mort, mais aussi urgence à sublimer la vie. Avant d'arriver à Auvers-sur-Oise, Van Gogh s'est tranché l'oreille et a fait plusieurs tentatives de suicide.
Tout aussi surprenante, une borne interactive animée par une intelligence artificielle (IA) sur laquelle l'avatar de Van Gogh, à l'accent néerlandais, répond aux questions des visiteurs. Lorsqu'on interroge le peintre sur sa couleur préférée, il répond sans hésitation le jaune. Idem, lorsqu'on évoque le "Champ de blé aux corbeaux", emblématique, dit-il, de "(son) état d'esprit à cette époque".
Mais lorsqu'on le questionne sur les raisons de son "suicide", il assure que nous sommes "mal informés" et qu'il est "bien vivant" ! Répondre sur Auvers-sur-Oise ou le Dr Gachet lui pose aussi problème, la reconnaissance vocale ne s'établissant pas immédiatement, sauf à reposer la question en articulant exagérément.
"Il reconnaît les mots de la langue française, mais il nous faut encore spécialiser l'IA pour qu'elle comprenne mieux les noms propres. C'est de la recherche fondamentale et nous avons encore des choses à régler. Cette expérimentation nous permettra d'améliorer le modèle", explique à l'AFP Christophe Renaudineau, patron de Jumbo Mana, la start-up strasbourgeoise qui l'a conçue.
La période à laquelle est consacrée l'exposition "n'a jamais véritablement été évoquée" dans un tel format, souligne Christophe Leribault, président du musée d'Orsay, qui s'est associé au musée Van Gogh d'Amsterdam où elle a été présentée cet été sans sa partie dédiée aux technologies immersives.
Aux côtés des œuvres, des extraits de la correspondance de Van Gogh sont lus, dans lesquels il raconte comment "(ses) tableaux se présentent à sa vision". Parmi les pépites, une salle dédiée à ses derniers tableaux de paysages "double-carré" ou panoramiques, une révolution technique que Van Gogh a réalisée sans smartphone…