Le 75e Festival de Cannes a ouvert ses portes ce mardi sur la Croisette.Tous les jours, notre envoyé spécial vous livre son regard, de l’intérieur, sur le rendez-vous préféré des cinéphiles.Ce mercredi, on commence avec un coup de chapeau au président du jury, l’acteur français Vincent Lindon.
Bon d’accord, Volodymyr Zelensky a pris tout le monde par surprise puisque les organisateurs sont parvenus à garder son intervention secrète jusqu’à la dernière seconde. Mais le président qui a marqué, selon moi, la première journée du 75e Festival de Cannes, c’est celui du jury, Vincent Lindon, l’acteur français que j’ai revu embrasser Sophie Marceau dimanche soir dans L’Étudiante, sur TFX, en préparant mes valises. Lors de sa nomination tardive, certaines mauvaises langues ont fait remarquer qu’il n’était pas une star internationale. D’autres qu’il n’était qu’un second choix après le refus de plusieurs visages plus "connus".
Je vous l'accorde, le bonhomme n’a pas l’aura planétaire d’Alain Delon hier, ou de Gérard Depardieu avant-hier. Mais on est en 2022. Et franchement il n’y a, à mes yeux, pas meilleur ambassadeur du cinéma français, aujourd’hui, que cet homme à la fois sensible, audacieux et engagé, capable de se glisser avec la même conviction dans la peau d’un pompier accro aux hormones dans Titane, que dans celle d’un patron en plein burn out dans Un autre monde.
Le prochain ministre de la Culture est prévenu
Et puis parlons de ce discours. LE discours. Depuis que j’assiste au Festival de Cannes, je n’avais jamais entendu une intervention aussi bouleversante ET pertinente de la part d’un président du jury. "Écrire un texte, c’est le seul moyen que j’aie trouvé pour réussir à parler", a-t-il lancé en préambule, sublime métaphore du métier de comédien. La suite ? Une ode foncièrement politique au pouvoir du cinéma et de la culture dans une période trouble comme celle que nous traversons.
"Ne devrait-on pas évoquer depuis cette tribune les tourments d’une planète qui saigne, qui souffre et qui brûle dans l’indifférence des pouvoirs ?", s’est-il interrogé avec une aisance de tribun qu'un certain Jean-Luc de Marseille ne lui renierait pas. "Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ?”, a-t-il encore lancé devant un Forest Whitaker sans voix.
Puis dans ce qui ressemble à un message à peine voilé au prochain locataire de la rue de Valois, la malheureuse Roselyne Bachelot ayant été privée de Croisette à une semaine près, il a rappelé que la culture était "un grand tout essentiel. Elle n’est pas en marge. Elle est au centre de la société. Et elle en sera le vestige". S’adressant ensuite à ses collègues dans la salle, il a lâché : "Vos œuvres sont immortelles". Pas toutes quand même, mais bon, on a compris l'idée.
Sur les réseaux sociaux, où Vincent Lindon ne va jamais, cette prise de parole épatante faisait l’unanimité, mardi soir. Et si, là encore, le coup d’éclat du président ukrainien est à la une des médias ce matin, l’intervention du "patron" du 75e Festival restera, je crois, longtemps gravée dans les mémoires. Jusqu’à la prochaine, lors de la cérémonie de clôture, puisque ce grand bavard est désormais tenu au silence médiatique jusqu’au palmarès, le 28 mai prochain. Mais comment va-t-il faire ?
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