Affaire Bennacer : avant les César, plus de 130 artistes dénoncent la "présomption de culpabilité"

Publié le 20 janvier 2023 à 13h42, mis à jour le 1 février 2023 à 20h49
JT Perso
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Source : TF1 Info

Dans une tribune parue dans "Le Point", à l'initiative de la philosophe Sabine Prokhoris, 136 personnalités dénoncent le "lynchage médiatique "de Sofiane Bennacer, la révélation du film "Les Amandiers", mis en examen pour viols et violences.
Des actrices comme Charlotte Gainsbourg, Fanny Ardant ou encore Béatrice Dalle reprochent notamment "l’usage galvaudé de la notion d’emprise" par la presse et les victimes présumées.
Un coup de gueule qui intervient à quelques jours des nominations à la 48ᵉ cérémonie des César.

La grande famille du cinéma française se déchire… encore. Dans une tribune publiée cette semaine sur le site du Point, à l'initiative de la philosophe Sabine Prokhoris, un collectif de 136 personnalités lance un appel contre la "présomption de culpabilité" en réaction à l’affaire Sofiane Bennacer. Fin novembre, la presse révélait que ce jeune acteur, à l’affiche du film de Valeria Bruni-Tedeschi Les Amandiers, avait été mis en examen quelques semaines plus tôt pour viols et violences sur plusieurs jeunes femmes. 

Un scandale qui a poussé l’Académie des César à l’évincer de la liste des prénommés au trophée de la révélation masculine dans laquelle il figurait encore quelques jours plus tôt. Dans le même temps, plusieurs cinémas décidaient de déprogrammer Les Amandiers par solidarité avec les victimes présumées. Conséquence ou non de cette affaire, le film présenté à Cannes en mai dernier a terminé sa carrière un peu au-dessus des 200.000 entrées.

Un accusé est réputé innocent tant que sa culpabilité n'a pas été prononcée au terme d'un procès équitable

Les signataires de la tribune parue dans "Le Point"

Dans le texte publié par Le Point, des personnalités comme les comédiens Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal, Fanny Ardant, Charles Berling, Philippe Caubère, Béatrice Dalle, l’ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand ou encore l’écrivain Pascal Bruckner, membre de l’Académie Goncourt, déplorent "un lynchage médiatique" et même une "exécution publique", symbolisée par la une de Libération avec le visage de Sofiane Bennacer plein pot. 

"Le viol est un crime. La loi reconnaît la qualification de viol conjugal", écrivent-ils. "Or précisément parce qu'il s'agit d'un crime, c'est à la justice, dès lors qu'elle est saisie, de prononcer – ou non – la culpabilité. Cela dans le respect des règles de la procédure pénale : respect de la présomption d'innocence, qui stipule qu'un accusé est réputé innocent tant que sa culpabilité n'a pas été prononcée au terme d'un procès équitable."

Quel sort pour "Les Amandiers" aux César ?

Les signataires regrettent également la publication dans la presse de témoignages qui pourraient, selon eux, être contraire au combat pour la reconnaissance des violences faites aux femmes par la justice. "Devons-nous étourdiment valider l'usage galvaudé de la notion d'emprise, brandie n'importe comment en guise d'explication probante de l'évidente culpabilité des 'prédateurs' et des 'puissants' ?", s’interrogent-ils et elles. "Nous ne le pensons pas".

"La défense des femmes est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains d'une doxa activiste – relayée par une sphère médiatique obnubilée par les effets de buzz", dénoncent encore les signataires de la tribune. "À terme, pareil dérèglement menace le féminisme, et la société tout entière dans ses idéaux d'égalité et de justice pour tous."

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Ce coup de gueule d’une partie du cinéma français intervient à la veille de l’annonce, lundi prochain, des nommés à la 48ᵉ cérémonie des César, qui se déroulera le 24 février à l’Olympia. Les Amandiers sera-t-il retenu par les votants ? Si Sofiane Bennacer en est d’ores-et-déjà exclu, sa partenaire Nadia Tereszkiewicz pourrait en faire partie. Valeria Bruni-Tedeschi acceptera-t-elle une nomination au César de la révélation dans ce contexte très particulier ? Elle aussi avait dénoncé un "lynchage médiatique" fin novembre.

Dans un communiqué qui a beaucoup fait parler début janvier, l’Académie a fait savoir que si l’un des nommés à la prochaine édition des César devait être condamné ou mis en examen pour des faits de violence, il ne serait pas invité à la cérémonie. Mais qu’il pourrait toutefois se voir décerner un trophée, sans que les membres de l’équipe de son film soient autorisés à venir le féliciter sur scène. Une décision qualifiée de "surréaliste" par les signataires de la tribune publiée dans Le Point.


Jérôme VERMELIN

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