POLEMIQUE - Le CSA a décidé de priver "Touche pas à mon poste" de publicité pendant trois semaines. Si la chaîne C8 dénonce un "acharnement" à l’encontre de son émission vedette, elle risque de payer cher son soutien à Cyril Hanouna…
Trois semaines de TPMP sans pub ? Au lendemain de la sanction du CSA, la direction de C8 est sortie de sa réserve pour dénoncer, dans un communiqué, des sanctions au caractère "disproportionné" et "discriminatoire" qui vont "inévitablement fragiliser l’équilibre économique de la chaîne."
D’après les chiffres du site Les Jours, confirmée à l’AFP par une source proche du dossier, la décision des sages de l’audiovisuel entrainerait pour la chaîne du groupe Canal + une perte oscillant entre 1.5 et 2 millions d’euros. Et ça ne fait sans doute que commencer…
C8 est en effet sanctionnée pour deux séquences de TPMP diffusée en 2016. L’une voyait Cyril Hanouna mettre la main de Capucine Anav sur son entrejambe. L’autre mettait en scène une caméra cachée au cours de laquelle l’animateur faisait croire à Mathieu Delormeau qu’il avait tué un homme durant une bagarre.
Autant dire que l’affaire du canular homophobe, qui a entraîné plus de 37 000 plaintes depuis sa diffusion le 18 mai dernier, pourrait valoir à la chaîne une sanction à minima équivalente dans les mois qui viennent. Et placer le groupe Canal + dans une position pour le moins inconfortable. Voire impossible.
Même si "Touche pas à mon poste" connaît un coup de fatigue depuis l’élection présidentielle, régulièrement devancée par "Quotidien" sur TMC, l’émission est jusqu’ici l’un des piliers de l’audience de D8. La semaine du 15 au 19 mai dernier, elle attirait 1.4 millions de téléspectateurs en moyenne en access-prime time.
Surtout elle était leader de la TNT sur les cibles privilégiées des annonceurs, talonnant même les chaînes nationales : 11% des 25-49 ans, 10.7% des femmes responsables des achats de moins de 50 ans et 13.4% des 15-34 ans. Des annonceurs qui pour certains ont décidé de boycotter le programme depuis le canular homophobe.
Bref avec ou sans pub, "Touche pas à mon poste" est devenu un programme fragile, en dépit de l’immense popularité de son animateur. Un Cyril Hanouna dont on dit qu’il fait la pluie et le beau temps sur une chaîne qui n’a pas hésité à débourser en 2015 pas moins de 50 millions d’euros par an pour le conserver jusqu’en 2021. Autant dire qu'il ne serait pas simple, sinon coûteux, de faire sans lui.
Derrière TPMP, le CSA et son président, Olivier Schrameck, cibleraient-ils également Vincent Bolloré, le propriétaire du groupe Canal + ? Depuis l’an dernier, la Haute autorité de l’audiovisuel entretient des rapports tendus avec l’homme d’affaires, critiquant à plusieurs reprises sa gestion de la grève de la rédaction de iTélé, qui a entraîné le départ d’une centaine de journalistes de la chaine info.
Reste que l’affaire Hanouna ne devrait pas en rester là. Non seulement C8 dénonce dans son communiqué un traitement "inéquitable" de la part du CSA "alors que de nombreuses séquences problématiques diffusées à la télévision et à la radio ne font l’objet d’aucune réaction". Mais la chaîne annonce également sa volonté de prendre "toutes les mesures juridiques appropriées" pour contester une sanction il est vrai rare, pour ne pas dire inédite, dans l’audiovisuel français.