INTERVIEW - En raison de l'épidémie de coronavirus, le festival Solidays qui devait se tenir du 19 au 21 juin a été annulé. Un coup dur pour Luc Barruet, le fondateur de l'association Solidarité Sida et du festival. Il s'est confié à LCI.
La sentence est tombée ce lundi 13 avril. Il n'y aura pas de festival en France avant la mi-juillet. Pour lutter contre la pandémie de coronavirus, Emmanuel Macron a de fait décidé d'annuler tous les grands rendez-vous culturels qui devaient rythmer l'été. Parmi eux, le festival Solidays, qui devait se dérouler du 19 au 21 juin et dont l'affiche était particulièrement riche avec la présence de Black Eyed Peas, Metronomy, Aya Nakamura, Niska, M, PNL ou encore Justice.
"Pour le monde de la culture, les mois qui viennent seront difficiles", a prévenu le ministre de la Culture Franck Riester sur Twitter. Très difficile même, comme nous l'explique ce mardi 14 avril Luc Barruet, le fondateur de l'association Solidarité Sida et du festival Solidays. "Solidays ne réussira pas à enchanter le monde cette année", se désole-t-il. Interview.
LCI : Comment avez-vous réagi à l'annonce du gouvernement d'annuler tous les festivals jusqu'à la mi-juillet ?
Luc Barruet, directeur de Solidays : C'est un coup dur, même si on s'y attendait. Après avoir tout essayé pour reporter Solidays on s'est dit qu'avec toutes les incertitudes qui régnaient, le plus sage c'était d'annuler. La décision a été très difficile à prendre parce que c'est un festival qui implique tellement de gens et tellement d'intérêts multiples. C'est très difficile émotionnellement et en terme de militantisme. Solidays est en effet plus qu'un simple festival de musique puisque ses bénéfices permettent de financer de nombreux programmes…
Quand on organise Solidays pour Solidarité sida, on porte de nombreuses responsabilités. Celle d'être efficace dans la cause qu'on porte, c’est-à-dire la lutte contre le sida, mais aussi celle de récolter des fonds pour des programmes en France et à l'international. L'an dernier nous avons financé 108 programmes dans 22 pays dont une grande partie en Afrique. Aujourd'hui Solidays va bien au-delà de la cause du sida. On valorise les associations, on offre des tribunes à des migrants ou à des femmes violentées, on fait des conférences sur le développement durable ou sur le handicap. Notre manque à gagner va s'élever à plus de 3 millions d'euros.
Comment allez-vous faire pour survivre ?
Il va falloir qu'on soit créatifs et ingénieux pour trouver des solutions. Nous devons parvenir à convaincre nos partenaires publics et historiques comme la mairie de Paris ou la région d'Ile-de-France, de maintenir leur contribution malgré l'annulation, sachant qu'il y en a déjà qui nous ont dit qu'ils le feront. Il faudra convaincre aussi les entreprises privées et tous les gens qui ont acheté un billet. Bien évidemment nous rembourseront tous ceux qui le souhaitent en espérant qu'une autre partie ne le fera pas en guise de solidarité. Mais sans jouer sur la culpabilité et le misérabilisme, car ça ne fait pas partie de notre ADN. Et si ça ne suffit pas, on réfléchira à d'autres solutions.
Comme quoi ?
Nous avons été très surpris mais il y a des gens qui nous ont demandé de rouvrir la billetterie pour nous soutenir. Aujourd'hui on la rouvre discrètement jusqu'au 30 avril, pour que ceux qui souhaitent aider Solidarité sida puisse le faire. C'est complètement dingue mais c'est beau !
Avez-vous imaginé un concert sur Internet ou un évènement alternatif ?
Le 19 juin on sera certainement déconfinés, donc le rapport au numérique ne sera probablement plus le même. On réfléchit à une initiative autour des dates prévues de Solidays mais on ne sait pas encore quelle forme ça prendra. Peut-être qu'on fera appel à la générosité de gens mais on n'en est pas encore là. Pour le moment on essaie déjà de palier l'urgence.
On a plus de chance de maintenir les subventions publiques qu'une petite association
Luc Barruet
Un festival grand public comme Solidays a-t-il plus de chance de survie qu'un plus petit, moins connu ?
Je ne crois pas qu'on soit mieux lotis mais il est évident que quand on est connu et qu'on existe depuis longtemps, on a des avantages. On a plus de chance de maintenir les subventions publiques qu'une petite association. C'est une chose. Mais en même temps, d'un point de vue festival, quand on est petit, on est plus souple et on peut gérer les calendriers plus rapidement. Et quand on perd 4% de billetterie, c'est beaucoup mais c'est moins grave que quand on est plus gros. Nous en 4 semaines, on avait déjà vendu 65% des tickets.
Le festival va-t-il parvenir à perdurer malgré tout ?
Ca fait des années que Solidays est sur une trajectoire de succès. Mais si on ne trouve pas de solution aujourd'hui, notre capacité à gérer Solidarité sida et à organiser Solidays va être amputée. C'est une réalité. On se bat tous les ans pour organiser Solidays, ce n'est pas si simple que ça. Et après une année où on annule et où l'association se retrouve en position de fragilité, ça va compliquer les choses pour l'année prochaine.
Comment envisagez-vous le futur ?
Je ne suis pas quelqu'un qui se projette et c'est peut-être pour ça que je suis encore la 28 ans après ! Je suis quelqu'un de l'action et du quotidien. Aujourd'hui Solidays 2021, ça ne m'effleure même pas l'esprit.
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