Le maître américain raconte sa jeunesse et la naissance de sa vocation dans l'un des plus beaux films de sa carrière.Un drame à la fois tendre, drôle et surprenant que le grand public américain a boudé à sa sortie.Après avoir apprécié le "Babylon" de Damien Chazelle, les Français sauront-ils apprécier cette nouvelle ode au Septième art ?
S’il a réinventé le blockbuster avec des hits comme Les Dents de la mer, Les Aventuriers de l’Arche Perdue ou Jurassic Park, Steven Spielberg a toujours su capter l’attention des spectateurs, y compris lorsqu’il s’essayait à des projets plus "sérieux" comme La Liste de Schinder, Munich ou encore Il faut sauver le soldat Ryan. Un succès au long cours qui fait de lui le cinéaste le plus "bankable" de l’histoire du cinéma, avec plus de 10 milliards de dollars cumulés depuis la fin des seventies.
Comme tous ses collègues, le champion du box-office a bien sûr connu des défaites. On pense à Always, Hook, Amistad ou à son récent remake de West Side Story, qui n’a guère enthousiasmé les foules. Mais son flop le plus injuste, c’est celui qui vient de sanctionner la sortie américaine de The Fabelmans. 17 petits millions de dollars de recettes depuis novembre dernier, pour un drame intime à rebours de tout ce que son auteur a pu faire jusqu’ici ? C’est dur à digérer, même avec un Golden Globe du meilleur réalisateur sur la cheminée.
L'histoire (presque) vraie de ses parents
Pour Steven Spielberg, difficile de faire plus personnel, puisque la famille juive qui donne son titre au film, c’est en réalité la sienne. Et que le jeune Gabriel LaBelle incarne Sammy, la version adolescente du réalisateur de génie. Tout commence dans le New Jersey, où Burt Fabelman (Paul Dano) et son épouse Mitzi (Michelle Williams) emmènent leur bambin pour la première fois au cinéma. Sur l’écran géant, ce dernier découvre bouche bée l’accident de train dans Sous le plus grand chapiteau du monde. De retour à la maison, il reconstituera la scène du classique de Cecil B. De Mille avec son circuit électrique. On connaît la suite ? Pas tout à fait.
Si le maître qui vient de fêter ses 76 ans a voulu filmer lui-même la naissance de sa vocation, c’est sans doute parce que personne, à part lui, ne pouvait raconter une histoire qui correspond à un épisode fondateur de son parcours d’homme et d’artiste : la lente désagrégation du couple de ses parents. Dans la vraie vie, son père, Arnold Spielberg, était un fils d’immigrés ukrainiens, vétéran de la Première Guerre mondiale mais aussi pionnier de l’informatique. Leah Posner, sa mère, était une pianiste qui a longtemps vécu dans l'ombre de son époux.
Avec l’accord de ses trois sœurs aînées, Steven Spielberg a attendu que leurs parents soient décédés, il y a seulement quelques années, pour raconter les coulisses aussi douloureuses que rocambolesques de leur divorce. Le scénario, écrit par le cinéaste avec Tony Kushner, d’après ses souvenirs, met en effet en scène un triangle amoureux dont le jeune Sammy est un témoin malencontreux dans l’œilleton de sa première caméra. Les choses se sont-elles passées comme dans le film ? Peu importe.
The Fabelmans est un régal pour les fans du cinéaste parce qu'il livre toutes les clés de son œuvre avec un mélange de tendresse, d’humour… et humilité, ce qui n’est pas donné à tous les génies. Son obsession précoce pour la technique à travers les bricolages de ses premiers films faits à la maison. Sa nostalgie d’une cellule familiale qu’il n’a cessé de recomposer à l’écran. Mais aussi son futur combat contre l’antisémitisme lorsque Sammy est harcelé par ses "camarades" de classe à son arrivée en Californie.
À l’heure des vidéos TikTok tournées en 15 secondes, on comprend facilement pourquoi le public des multiplexes américains ne s’est guère enthousiasmé pour le destin d’un petit garçon qui perce la pellicule de ses films pour créer des trucages de fortune. Des jeunes spectateurs qui ne savent peut-être même pas, ou plus, qui est Steven Spielberg dans un monde où personne ne connaît le nom du réalisateur de la dernière série à la mode. Après avoir redonné des couleurs au box-office de Babylon de Damien Chazelle, une autre ode à la magie du Septième art, nos cinéphiles vont-ils rectifier le tir et tendre les bras à la famille Fabelman ?
>> The Fabelmans de Steven Spielberg. Avec Gabriel LaBelle, Paul Dano, Michelle Williams, Seth Rogen. 2h31. En salles.
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