Inceste : la parole se libère

Bande dessinée : accusé de faire l'apologie de la pédocriminalité, l'auteur Bastien Vivès fait scandale

Publié le 13 décembre 2022 à 13h10, mis à jour le 13 décembre 2022 à 14h22
JT Perso

Source : Quotidien, première partie

Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême est sous le feu des critiques.
Une pétition demande la déprogrammation de la carte blanche donnée à Bastien Vivès pour son exposition prévue en janvier.
De nombreuses voix accusent l'artiste de banaliser, voire de faire l'apologie de l'inceste et la pédocriminalité.

Le Festival d'Angoulême en pleine polémique. Les organisateurs de l'événement, référence mondiale en matière de bande dessinée, ont décidé de donner une carte blanche à Bastien Vivès avec une exposition baptisée "Dans les yeux de Bastien Vivès", programmée du 26 janvier au 12 mars 2023.

Une décision qui fait largement réagir sur les réseaux sociaux et auprès de nombreuses personnalités du monde de la bande dessinée. Une pétition réunissant à ce jour plus de 75.000 signatures demande même la déprogrammation de l'expo. "Nous dénonçons la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisée par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux", indique le texte. 

Révélé en 2009 par la BD Le goût du chlore (Éditions Casterman), Bastien Vivès est également l'auteur de Polina, une bande dessinée à succès qui sera même adaptée au cinéma en 2016. À côté de ces albums grand public, l'artiste s'est aussi spécialisé dans les ouvrages pornographiques comme Les melons de la colère, dans lequel une fermière à l'énorme poitrine subit des viols avant de violer son petit frère, La décharge mentale, qui nous plonge dans le quotidien d'une famille incestueuse, ou encore Petit Paul, l'histoire d'un garçon de 10 ans au sexe démesuré violé par différents personnages.

Quel message cette expo donne-t-elle de notre milieu ?

Andrea Bescond, autrice et réalisatrice

Très engagée contre la violence faite aux femmes et aux enfants, l'actrice et réalisatrice Andrea Bescond dénonce sur Instagram "la culture du viol" qu'entretiendrait l'artiste. "Il y a des milliers d’autrices et d’auteurs magnifiques, mais toi, tu choisis Bastien Vivès", fustige la réalisatrice des Chatouilles. "Dans le contexte de #MeToo, alors que le monde de la BD a déjà du mal à faire sa propre remise en question, quel message cette expo donne-t-elle de notre milieu ?", se demande de son côté le dessinateur Jérôme Dubois. 

La pétition enfonce le clou en rapportant des propos tenus par Bastien Vivès dans différentes interviews. "Moi déjà, l'inceste ça m'excite à mort. Pas celui de la vraie vie, mais celui raconté, je trouve ça génial. Tous ces trucs-là font des histoires incroyables. Quand tu transgresses, quand tu fais quelque chose que t'as pas le droit de faire, c'est agréable à lire", déclarait l'auteur en 2017 dans une vidéo sur le site de Madmoizelle (retirée depuis).

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Si le festival d'Angoulême déplore des tentatives de censure, l'auteur estime quant à lui représenter les fantasmes "de manière burlesque". "Mais j’ai zéro fantasme incestueux ou pédophiles", se défend-il dans Libération. "Moi mon fantasme, c’est l’hypertrophie des corps, masculins comme féminins."


Rania HOBALLAH

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