RENCONTRE - Le réalisateur Benoît Jacquot réunit Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel dans "Eva", l’adaptation d’un roman noir américain de James Hadley Chase. Un film de genre qui prend un malin plaisir à jouer avec les codes. Son auteur s’en est expliqué à LCI.
Entre "Eva" et Benoît Jacquot, c’est une longue histoire. Curieux hasard, le cinéaste français est né en 1947, l’année de parution du roman de James Hadley Chase qu’il porte aujourd’hui à l’écran. "Je l’ai lu un peu par hasard quand j’avais 13 ou 14 ans et que je commençais à vouloir devenir cinéaste", raconte-t-il à LCI. "C’est l’univers de la Série Noire où commençait à paraître beaucoup de romans dits "policiers" qui ont par la suite été adapté au cinéma. Ce que j’aimais c’est le climat, le type de drame et même de tragédie développée dans ces romans, et celui de Chase en particulier. Lorsque je rêvais des films que je pourrais faire, ça ressemblait à ça."
Pour en écrire sa version, avec le scénariste Gilles Taurand, l’auteur de "'L'Ecole de la Chair" n’a pas relu le texte d’origine. De même qu’il n’a pas revu le film qu’en a tiré Joseph Losey, en 1962, avec Jeanne Moreau et Stanley Baker. "Le souvenir qui m’en reste, c’est un film fort, d’un cinéaste que j’ai beaucoup admiré", précise-t-il. "Mais je ne m’en suis pas occupé au moment de faire le mien. Bref s’il n’existait pas, ce serait pareil."
Avec Isabelle, ce qui est froid menace d’ébouillanter… et ce qui est bouillant menace de glacer d’un seul coup
Benoît Jacquot
Dans le livre de Chase, un romancier triomphe à Hollywood lorsqu’il croise la route d’Eva, une femme fatale qui va l’obliger à affronter ses terribles mensonges. Alors que Losey transposait une intrigue relativement similaire de l’Amérique à Venise, Benoît Jacquot l’installe entre Paris et la province, à Annecy plus précisément où le cinéaste a profité des neiges de janvier et du cadre majestueux de l’Impérial Palace, théâtre de la rencontre entre les personnages incarnés par Gaspard Ulliel et Isabelle Huppert.
Encore une drôle d'histoire de hasard : en plein tournage, début 2016, les deux comédiens sont couronnés par un César, le premier pour "Juste la fin du monde" de Xavier Dolan, la seconde pour "Elle" de Paul Verhoeven. "Gaspard et moi voulions faire un film ensemble depuis très longtemps et j’ai pensé à lui dès l’écriture du scénario", raconte Benoît Jacquot. Si "Eva" marque leur première collaboration, le cinéaste dirige pour la sixième fois Isabelle Huppert depuis "Les Ailes de la colombe", en 1981.
"A chaque film, je me demande si j’ai quelque chose à lui proposer", avoue le cinéaste. "Celui-là, elle l’a pris immédiatement. Il y a quelque chose dans sa façon de faire, sa façon d’être actrice qui est très proche de la façon que j’ai moi de faire des films. Elle n’est jamais d’une pièce. Avec Isabelle, ce qui est froid menace d’ébouillanter… et ce qui est bouillant menace de glacer d’un seul coup."
Si les deux comédiens s’étaient déjà croisés il y a dix ans au Cambodge sur "Un barrage contre le pacifique" de Rithy Panh, leurs retrouvailles n’avaient rien d’évidentes pour le cinéaste. "Pour moi les couples de cinéma c’est toujours une incertitude, c’est toujours improbable. Comme n’importe quel couple dans la vie. C’est ça qui m’intéresse là, en l’occurrence. Il arrive souvent qu’on se demande ‘mais qu’est-ce qu’il fiche avec elle ?... Ou l’inverse’. Tout le film est d’ailleurs conçu pour qu’on se demande ce qu’ils font ensemble."
Dans la pure tradition du film noir, Benoît Jacquot tisse des personnages pas forcément sympathiques. Voire franchement détestables suivant la morale du spectateur. "Ce qui m’intéresse, c’est de faire des films où on ne se pose pas la question du gentil et du méchant", insiste-t-il. "Après, je sais que je prends des risques. Mais j'aime les histoires où les personnages manifestent une ambiguïté, une ambivalence, une complexité, des contradictions, des paradoxes. Quand c'est présenté de façon crédible et convaincante, c’est une très bonne raison d’aller au cinéma."
>> "Eva" de Benoît Jacquot. Avec Gaspard Ulliel, Isabelle Huppert, Richard Berry. En salles le 7 mars
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