"Blair Witch" : ne nous promenons plus dans les bois !

Mehdi Omaïs
Publié le 21 septembre 2016 à 10h41
"Blair Witch" : ne nous promenons plus dans les bois !
Source : Metropolitan

COUP DE GUEULE – On prend le même concept et on recommence ! Plus de 15 ans après le premier opus, "Blair Witch" réinvestit les salles obscures dès mercredi. Là encore, des étudiants filent dans les bois et y rencontrent, sans la voir, la fameuse et redoutable sorcière du Maryland. Une expérience que le cinéaste Adam Wingard ne réussit jamais à rendre cauchemardesque. Explications.

1999. Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, deux étudiants de cinéma floridiens, accouchent d’un petit film expérimental, réalisé pour une bouchée de pain : Le projet Blair Witch. En réhabilitant le procédé du found footage, jusqu’alors délaissé depuis Cannibal Holocaust, la paire fait sensation et octroie une tonalité ultra réaliste au récit de trois universitaires du Maryland qui s’égarent dans des bois hantés. Primé à Sundance, soutenu par la presse et catapulté par le public dans le cercle fermé des films les plus rentables de l’histoire (60.000$ de budget pour des recettes mondiales de 248 millions de $), ce trip flippant s’est, au fil du temps, durablement inscrit dans la culture populaire.

 

Après un second opus disetteux, dégoupillé en 2000 et signé du méconnu Joe Berlinger, voilà que la célèbre sorcière invisible qui a fait le succès de la saga se remet sérieusement au travail. Manufacturé dans le plus grand secret, Blair Witch prend ses racines bien des années après les faits initiaux. James, le héros de cette nouvelle suite, s’y entoure de valeureux amis pour aller à la recherche de sa sœur adorée Heather, l’héroïne originelle qui est devenue culte pour avoir notamment pleuré face caméra, de la morve dégouttant de son nez. Vous vous en souvenez, non ? Cette fois encore, la forêt de Black Hills et son joug maléfique ne feront aucun cadeau à ces irresponsables aventuriers.

 

 

Pas de suite dans les idées

Mise en scène par Adam Wingard, un habitué du genre horrifique, cette version pseudo-modernisée ne rebat hélas aucunement les cartes éculées de son ascendance. La première heure se résume en effet à un vulgaire copier-coller du passé : exploration des lieux, bruits étranges pendant la nuit, torches qui ne fonctionnent jamais quand il le faut, apparition des fameux symboles en bois et tutti quanti. Le principe de la caméra retrouvée, qui faisait tout le sel de l’entreprise, est par ailleurs parasité par un nombre trop élevé de points de vue. Ici, le 16mm laisse place à des drones et des go-pro, ces outils qui visent probablement à attirer de nouveaux (et jeunes) chalands.

 

Bilan des courses : en 2016, la peur blanche ressentie à l’époque se dissipe au profit d’une indifférence totale. Le trouillomètre fonctionne, cahin caha, grâce à une tripotée de jump-scares, ces procédés prisés qui consistent à faire sursauter le spectateur sans autre velléité artistique que celle d’un numéro d’attraction. Adieu donc la terreur de ce qu’on suggère plus qu’on ne montre. Aux oubliettes l’effroi diffus. Quand bien même sa seconde partie s’avère mieux maîtrisée et plus intéressante formellement, Wingard peine à installer un quelconque climat anxiogène et peuple paresseusement ses arbres d’une cacophonie de trucages sonores qui font davantage mal aux oreilles qu’au cœur.     


Mehdi Omaïs

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