DISCRÈTEMENT - Après des mois d'incertitude et de controverse, Bob Dylan a finalement reçu samedi soir à Stockholm son prix Nobel de littérature lors d'une rencontre à huis clos avec les académiciens suédois.
Enfin, pourrait-on dire. Après avoir snobé la cérémonie officielle des Nobel en décembre, le chanteur Bob Dylan a fait le déplacement samedi soir à Stockholm (Suède) pour venir chercher son prix. Une "cérémonie privée", sans médias ni public, à sa demande, à laquelle ont simplement assisté 12 membres de l'Académie, a écrit samedi soir sur son blog la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius.
A 75 ans, Bob Dylan est le premier chanteur à obtenir un Nobel de littérature, rejoignant ainsi les hommes et les femmes de lettres canonisés par l'Académie suédoise depuis 1901. "L'humeur était bonne. Du champagne a été bu", a confié Sara Danius. "Un moment conséquent a été passé à regarder la médaille en or de près, en particulier son revers magnifiquement ouvragé, l'image d'un jeune homme assis sous un laurier qui écoute les muses".
Pas de discours
La remise du prix s'est déroulée dans un lieu tenu secret. Le chanteur n'a pas fait sa "leçon Nobel", sorte de discours de réception, qui peut aussi être une chanson, pour remercier le jury. En théorie, ce discours est indispensable à la remise du confortable chèque (huit millions de couronnes, 838.000 euros) accompagnant le prix Nobel. Le chanteur a cependant jusqu'au 10 juin pour se conformer à la règle.
Dans la soirée, Bob Dylan a donné un concert à Stockholm au Waterfront Congress Centre dans le cadre de sa tournée européenne -il s'y produira une seconde fois ce dimanche.
À la surprise générale, Bob Dylan, de son vrai nom Robert Allen Zimmerman, avait été récompensé en octobre "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique", selon les attendus de l'Académie.
Pris à son corps défendant dans ce tumulte de louanges et de critiques, Bob Dylan avait accueilli l'annonce par un silence non moins tonitruant. Au point qu'un notable de l'Académie, Per Wästberg, s'était emporté contre son "arrogance". Les spécialistes étaient nettement moins surpris. "Dès que vous voulez l'emmener dans une direction, il prend le contrepied", explique Martin Nyström, critique musical du quotidien Dagens Nyheter.