INTERVIEW – Pour sa 3ème édition, qui se tiendra jusqu’au dimanche 26 juin au Forum des Images à Paris, le Festival du Film de Fesses consacre une rétrospective à Brigitte Lahaie. L’ex gloire du cinéma érotique, reconvertie aujourd’hui en animatrice radio, s’est confiée sans langue de bois.
Le Festival du Film de Fesses est l’unique événement français dédié au cinéma érotique qui se déroule dans les salles obscures. Pourquoi cette initiative est-elle importante selon vous ?
Importante, je ne sais pas. En revanche, ce qui est très marquant, c’est de constater que ce sont majoritairement des femmes qui l’organisent. Je trouve que c’est intéressant à noter du point de vue de l’évolution des mœurs. Il y a 40 ans, cela aurait été fait par des hommes. (…) De manière plus ou moins souterraine, il y a toujours eu des jeunes qui ont défendu l’érotisme, voire même la pornographie.
Pourquoi les longs-métrages X ont-ils complètement déserté les salles de cinéma ? Internet en est-il le responsable numéro 1 ?
En fait, les gens n’ont toujours pas compris ce qu’était la sexualité. La pornographie montre du sexe quand l’érotisme illustre la sexualité, titille des choses enfouies en nous et développe notre imaginaire. J’insiste : l’érotisme est destiné à réveiller notre libido et non pas à engendrer une éjaculation immédiate. (…) Je pense malheureusement qu’on est dans une dérive de consommation sexuelle. Alors oui : deux organes sexuels se rencontrent. Mais ils réunissent deux personnes qui ont aussi un cœur, une âme, un esprit… La pornographie se résume à un pénis et un vagin. Je préfère encore 9 semaines et demi, qui m’a excitée à sa sortie…
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Et 50 nuances de Grey ?
C’est une merde.
Les livres d’E.L. James vous inspirent-ils le même sentiment de détestation ?
Je respecte son succès. Sa trilogie a parlé à plein de femmes et répondu à leur fantasmatique. Mais je trouve ça mal écrit, atterrant et plein de clichés : c’est peut-être pour ça que ça a autant fonctionné. Il ne sera néanmoins jamais un classique comme l’est par exemple Histoire d’O de Pauline Réage.
Fermons cette petite parenthèse. Avec un public qui consomme vite et court, la perspective de vraies œuvres artistiques X est-elle utopique ?
Dans des salons spécialisés, j’interroge souvent les jeunes hommes ou les couples sur le temps qu’ils passent devant des vidéos X. Résultat ? Les gens les consomment le temps d’une masturbation. Et basta. L’imaginaire ne fonctionne pas. Cette attitude pose ainsi de réels problèmes. Beaucoup d’individus sont en effet devenus drogués à la pornographie au point de faire exploser les consultations médicales pour addiction. Si on en abuse, on finit par trouver ça dégoutant.
En quoi un film de sexe est-il, comme on le dit souvent, un instantané du monde ?
L’histoire de la pornographie va de pair avec celle du monde, toutes proportions gardées. J’ai tourné de 1976 à 1980 de vrais films avec de vraies histoires. C’était un âge d’or. Nous étions de jeunes hippies qui avions le sentiment de donner un sacré coup de pied dans la fourmilière. Notre travail n’était visible que dans les salles obscures. On pouvait très bien être actrice X sans que le voisinage le sache. Heureusement que je l’ai dit tôt à mes parents parce qu’ils ont reçu un jour une lettre anonyme me dénonçant. (Réflexion) Je me souviens : le soir, dans les dîners mondains, j’adorais révéler mon métier. Ça créait d’incroyables moments de silence. Un parfum de scandale flottait.
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Avec votre émission radio sur RMC, vous êtes à la pointe des préoccupations sexuelles des Français. A ce jour, quelle est la plus grande problématique qu’ils rencontrent ?
Vous savez, ce sont toujours les mêmes et ça le restera : il y a les hommes qui n’arrivent pas à tenir assez longtemps et qui éjaculent trop vite, ou qui ont une panne d’érection et les femmes qui n’ont plus de désir. C’est toujours pareil. On n’avance pas.
Comment expliquez-vous que les affaires de sex-tape des stars prennent autant de place dans les médias ?
Parce que ça a toujours été comme ça. Avant la télé, les gens regardaient derrière leurs rideaux. S’ils voyaient la voisine au bras du boucher, tout le village était au courant. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de sexualité. (Réflexion) Vous savez, la sexualité des Français est misérable. Donc il faut bien s’occuper de celle des autres.
Misérable, vraiment ?
Oui. Ça fait 30 ans que j’écoute les gens, leurs confidences, que je lis des enquêtes… Ils disent qu’ils font l’amour deux fois et demi par semaine mais c’est archifaux. La femme s’emmerde en baisant, Brassens le chantait déjà il y a 40 ans. Et le mec n’a pas les érections et les coïts auxquels il aspire.
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