Le prochain film des studios Pixar, au cinéma en France le 22 juin, ne sera pas visible en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Malaisie.La faute à une courte séquence dans laquelle une collègue du Ranger de l’espace embrasse sa compagne."Buzz l’Éclair" rejoint la longue liste des films Disney bannis parce qu'ils portent à l’écran des personnages LGBTQIA+.
Il voyage "vers l’infini et au-delà" depuis plus de 25 ans. Mais Buzz l’Éclair ne posera sa navette spatiale en Arabie saoudite ni aux Émirats arabes unis ou en Malaisie. Le prochain Pixar, dérivé de l’univers Toy Story, a été banni de ces pays sous prétexte qu’il contient un baiser lesbien, rapportent les médias spécialisés Variety et The Hollywood Reporter. Alisha, une Ranger de l’espace afro-américaine, embrasse sa femme sur la bouche dans une scène de quelques secondes seulement.
Buzz l’Éclair, qui raconte la véritable histoire du jouet qui prend vie dans la saga Toy Story, arrive dans les salles françaises le 22 juin. Selon Variety, Disney n’a pas soumis le film au comité de censure saoudien en sachant que sa sortie ne serait pas validée telle quelle. La Malaisie refuse, elle, de diffuser des scènes contenant des personnages homosexuels. Dans un premier temps approuvé aux Émirats arabes unis, le long-métrage a fini par y être interdit. Le régulateur national des médias a mis en avant "une violation" de la politique médiatique du pays, précise The Hollywood Reporter.
Disney avait coupé cette scène avant de se rétracter
En interne aussi chez Disney, ce baiser est au cœur d’un vif bras de fer depuis plusieurs mois. Début mars, les employés LGBTQIA+ de Pixar avaient dénoncé dans une lettre ouverte les consignes des patrons du groupe, leur demandant de "couper tous les moments d’affection ouvertement homosexuelle" dans les futures productions. Cette prise de parole visait aussi à dénoncer l’inaction de la multinationale face à une loi en Floride qui interdit aux enseignants de parler orientation sexuelle et identité de genre aux enfants. Un texte que ses opposants ont surnommé "Dont’ say gay" - "Ne dites pas gay". Si aucun exemple précis de film d’animation Pixar censuré n’avait été donné, les médias spécialisés avaient appris que le baiser lesbien de Buzz l’Éclair avait été supprimé dans une première version. Avant de finalement retrouver sa place dans le montage final.
Au printemps, Disney avait refusé de céder aux demandes du censeur saoudien qui voulait couper une séquence "d’à peine 12 secondes" dans Doctor Strange 2. La nouvelle venue America Chavez s’y affichait notamment avec ses deux mères.
D’autres superhéros Marvel avaient fait les frais de la même politique LGBTphobe en novembre. Les Éternels de Chloé Zhao avait été blacklisté dans plusieurs pays de Golfe, car on y voyait un couple gay s’embrasser. Une première dans un film Marvel Studios.
West Side Story, produit par Disney, avait lui été interdit dans plusieurs pays arabes à cause d’un héros transgenre. Si le film de Steven Spielberg n’a pas reçu de visas dans certains États, d’autres ont demandé de faire disparaître le personnage en question. Ce que le studio a encore une fois refusé de faire.
Si l’Arabie saoudite a rouvert ses salles de cinéma à la fin de l’année 2017, elle n'a pas modifié l’une de ses lois les plus strictes. L’homosexualité y est toujours un délit qui peut être passible de la peine capitale.