COLERE – Interrogée ce lundi sur France Inter, Adèle Haenel a dénoncé la nomination de Gérald Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur. En février dernier, la comédienne avait fait sensation en quittant la cérémonie des César, suite à la récompense attribuée à Roman Polanski
Elle n’a rien perdu son franc parler. Discrète depuis son départ retentissant de la 45e cérémonie des César, le 28 février dernier, Adèle Haenel s’est exprimée ce lundi matin au micro d’Augustin Trapenard, sur France Inter, dans le cadre de la sortie du film Les héros ne meurent jamais, en salles mercredi.
Un entretien au cours duquel la comédienne est longuement revenue sur ses engagements. Et la colère qui l’a poussé à quitter la salle Pleyel, après l’attribution du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, le cinéaste franco-polonais condamné pour rapports sexuels illégaux avec une mineure en Californie en 1977. Et sous le coup depuis de plusieurs accusations qu’il a toujours niées.
Quand je vois ça, qu'il est nommé alors qu'il y a une accusation de viol sur lui, c'est un pied de nez. Non, pas un pied de nez. C'est une insulte, en fait
Adèle Haenel, sur France Inter
"Je pense que ça a fait chaud au cœur à beaucoup de militantes. Et de militants. Et que ça participe à la dynamique de soulèvement de la société française", a estimé la jeune femme, à propos des nombreuses réactions à son geste. "Ce qui est sûr, c’est que ça radicalise, dans les choix artistiques (…) et que ça ne permet plus de rester dans une zone grise, où le sens n’est pas très clair."
Adèle Haenel, 31 ans, avait-elle-même accusé, fin 2019, le cinéaste Christophe Ruggia d’attouchement sexuels lorsqu’elle était adolescente. En janvier dernier, ce dernier a été mis en examen pour "agression sexuelle sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime".
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Interrogée sur la nomination de Gérard Darmanin place Beauvau, et l’émotion qu’elle a suscitée, Adèle Haenel a eu du mal à dissimuler son hostilité, la jugeant "très, très, très problématique. Quand je vois ça, qu'il est nommé alors qu'il y a une accusation de viol sur lui, c'est un pied de nez. Non, pas un pied de nez. C'est une insulte, en fait".
Gérald Darmanin fait l'objet d'une information judiciaire pour des accusations de viol. Dans cette affaire, la plainte avait été classée sans suite au printemps 2018 par le parquet. Mais la procédure a été relancée début juin par la cour d'appel de Paris qui a fait droit à la demande de la plaignante qu'un juge d'instruction reprenne les investigations.
Gérald Darmanin nie vigoureusement ces accusations. Interrogé sur cette affaire, il avait rétorqué en août dernier dans une interview au Point : "La victime dans cette histoire, c'est moi (...) C'est moi dont on salit le nom. C'est à moi qu'on prête des comportements que je n'ai jamais eus".
Pour la comédienne, "c'est une insulte à une partie de la population qui s'est soulevée dans le sens de l’humanisme. Nous, on est là. On veut défendre l'égalité, liberté, la fraternité, la sororité. On est là pour porter ces valeurs dans le monde. C'est ça que je trouve choquant, dans cette nomination."
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