COMME DANS UN RÊVE - Le réalisateur gallois Euros Lyn s’empare d’un parcours qui a fait rêver toute une nation dans les années 2000. Ou comment un groupe de villageois sans le sou est devenu propriétaire du cheval victorieux de la course la plus prestigieuse du Pays de Galles.
Certains parleront de hasard. D’autres diront que c’était écrit. La seule certitude, c’est que le destin de Janet Vokes a basculé un soir où elle travaillait au pub dans son petit village gallois de Cefn Fforest. Alors qu’elle fait le service, elle entend des habitués parler de chevaux de course. Un déclic pour la jeune quadra qui trouve là le moyen de mettre un peu de piment dans son quotidien tranquille.
"Cette conversation a changé ma vie", se souvient celle dont la vie est devenue un film. Dream Horse, en salles ce mercredi 4 août, raconte comment cette femme de poigne qui jonglait entre deux boulots est parvenue à convaincre 22 de ses voisins de financer l’achat de leur propre animal.
Sous l’impulsion de Janet, dite Jan, chacun d’entre eux met de côté 10 pounds par semaine pour s’offrir un poulain pas encore né. Dream Alliance – l’alliance de rêve – voit le jour en 2001 et remporte sa première course cinq ans plus tard avant de s’imposer parmi les meilleurs champions de la discipline. De quoi bousculer un milieu très snob et très fermé. "On ne parlait que de ça aux infos à l’époque. C’est une légende en puissance, le genre d’histoire qu’on raconte aux enfants le soir au coucher", souligne le réalisateur Euros Lyn, originaire de la même région du Pays de Galles. Une légende qui s’est aussi construite grâce à un retour en grâce que même Hollywood n’aurait pu inventer.
Mon père était mineur, je suis née et j’ai été élevée dans un tout petit village donc imaginer que ma vie allait être rejouée par une star de Hollywood, c’est juste incroyable
Jan Vokes
Alors qu’il se prépare pour la prestigieuse course Welsh Grand National en 2008, Dream Alliance se blesse très sérieusement. Les médecins envisagent de l’euthanasier mais le cheval résiste et remporte le trophée tant convoité après 15 mois d’une longue rééducation. "Il était issu de la classe ouvrière, comme nous… Il venait de nulle part", raconte à la BBC Jan Vokes qui parle de leur histoire comme "d’une sorte de conte de fées". Courage, détermination et sens du collectif… La recette de ce succès gallois est décryptée dans un documentaire qui donne la parole à ses artisans. Dark Horse, signé Louise Osmond et Judith Dawson, remporte le prix du public au festival de Sundance en 2011. Et tape dans l’œil de la productrice Katherine Butler qui décide d’en faire une œuvre de fiction.
"Il était primordial d’avoir, au-delà de leur accord de principe, la certitude que Jan Vokes et son mari Brian avaient envie de partager cette aventure avec nous. Nous avions la chance de passer derrière l’équipe de Dark Horse qui avait déjà tissé des liens avec la communauté de Cefn Fforest", commente la productrice. Loin d’être de simples spectateurs, les véritables protagonistes de l’histoire ont suivi de près l’adaptation de leur vie sur grand écran. "Ils sont venus sur le tournage, ont passé du temps avec les acteurs. Ils nous ont fourni des photos, qu’on a recréées avec les comédiens. Idem pour les certificats et prix gagnés par Jan dans des concours de lévriers et courses de pigeons. Ils ont servi de modèle à ceux que vous voyez à l’écran. Ils nous ont accompagnés tout au long du projet", relate le réalisateur Euros Lyn.
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Jan Vokes dit avoir été "étonnée" en apprenant que l’actrice australienne Toni Collette (Hérédité, À couteaux tirés) avait été choisie pour l’incarner. "Mon père était mineur, je suis née et j’ai été élevée dans un tout petit village donc imaginer que ma vie allait être rejouée par une star de Hollywood, c’est juste incroyable", glisse-t-elle à la BBC. 20 ans après la naissance de Dream Alliance - aujourd'hui à la retraite, cette battante est toujours mariée à Brian. Elle travaille toujours sept jours sur sept, dans le même supermarché. Aujourd’hui âgée de 67 ans, elle a elle-même raconté son histoire dans un livre publié il y a deux ans. "Qu’importe où la vie nous a menés, il est toujours possible de poursuivre son rêve. Il faut persévérer, il n’y a pas d’échec, seulement des leçons", martèle-t-elle. Une leçon de vie désormais immortalisée au cinéma.