"Ça a été des mois vraiment difficiles" : accusé de harcèlement sexuel, Placido Domingo remonte sur scène

R.H. avec AFP
Publié le 21 juin 2021 à 9h33

Source : JT 20h Semaine

COME-BACK - Le célèbre ténor qui donne un récital unique ce lundi soir à la Salle Gaveau à Paris revient sur les accusations de harcèlement sexuel dont il a fait l'objet.

Il fait son grand retour sur scène. Près de deux ans après des accusations de harcèlement sexuel qu'il a toujours niées, Placido Domingo est à Paris ce lundi pour un récital unique à la Salle Gaveau. Après avoir chanté ces derniers mois à Moscou, Madrid ou Munich, c'est la première fois depuis janvier 2019 que l'artiste encore considéré par beaucoup comme le roi de l'opéra se produit en France. Dans un entretien à l'AFP, le chanteur âgé de 80 ans estime qu'"on ne peut pas réécrire son passé", même si on doit pouvoir "le critiquer, y compris avec sévérité". 

Dans une enquête d'Associated Press en 2019, Placido Domingo avait été accusé par une vingtaine de femmes de harcèlement sexuel (attouchements, baisers forcés, remarques déplacées, frein à la carrière) à partir de la fin des années 1980 aux Etats-Unis. Il démissionne alors de son poste de directeur de l'Opéra de Los Angeles et sa carrière en Amérique du Nord prend de facto fin. Une enquête de l'AGMA (principal syndicat des chanteurs lyriques aux Etats-Unis) avait conclu à un "comportement inapproprié". Le ténor devenu baryton, qui n'a fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire, a présenté ses excuses, tout en démentant tout abus.

Nous devons aujourd'hui regarder le passé avec les yeux du présent, car il est juste de se poser des questions afin d'ouvrir la voie à une nouvelle sensibilité et conscience
Placido Domingo

"Ça a été des mois vraiment difficiles, mais ils sont passés et je suis content d'avoir repris contact avec la presse de manière très sincère. Je me suis trompé en ne l'ayant pas fait avant, parce que tout ça a été un procès médiatique", a-t-il affirmé. Si l'entretien a eu lieu en tête à tête, les réponses liées aux affaires de harcèlement ont été transmis à l'AFP par écrit, à la demande de l'équipe de communication du chanteur. 

S'il répète qu'une "étiquette injuste" lui a été collé, "sans fondement et en dépit de (ses) déclarations", le chanteur estime toutefois que "nous devons aujourd'hui regarder le passé avec les yeux du présent, car il est juste de se poser des questions afin d'ouvrir la voie à une nouvelle sensibilité et conscience". Mais, nuance-t-il, "nous ne pouvons pas réécrire notre passé". "Nous devons le comprendre dans son contexte et le critiquer, y compris avec sévérité si nécessaire, mais ça n'a aucun sens de le détruire", poursuit le chanteur qui assure continuer à recevoir des offres pour chanter dans "les théâtres du monde entier, y compris aux Etats-Unis". 

Un an après avoir combattu le Covid, il renoue avec "un travail encore plus intense" et rêve de revenir chanter au Palais Garnier.

Chanteur lyrique de tous les records - 151 rôles, plus de 4 000 représentations sur scène, plus de 100 albums et 103 rappels en 1986 après un Otello de Verdi, son opéra préféré qu'il a chanté 225 fois –, il dit ignorer quand il s'arrêtera. "On peut vivre quatre vies et il y aura encore tellement d'opéras à chanter !" plaisante-t-il. Il dit qu'il s'arrêtera si "la voix ne m'obéit plus ou parce que physiquement, c'est devenu difficile".


R.H. avec AFP

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