Cannes 2014 – Un couple pris dans l'avalanche folle de "Force majeure"

par Jennifer LESIEUR
Publié le 18 mai 2014 à 17h44
Cannes 2014 – Un couple pris dans l'avalanche folle de "Force majeure"

UN CERTAIN REGARD – Pour sa troisième venue à Cannes, le Suédois Ruben Östlund signe un film plus cadré que ses précédents, le mordant "Force majeure", tourné dans une station de ski des Alpes.

Tomas, Ebba et leurs enfants s'offrent une semaine de ski dans une jolie station française, pour oublier les tracas du vélo-boulot-dodo. L'endroit est superbe, l'hôtel luxueux, le soleil brille. Pendant leur déjeuner sur une terrasse panoramique, une avalanche se déclenche. Tomas, qui pense qu'elle a été volontairement déclenchée par les pisteurs, rassure sa famille qui s'inquiète de plus en plus à mesure que la tornade blanche se rapproche... L'avalanche n'a rien d'une manœuvre de sécurité, et au moment où elle engloutit le restaurant, Ebba plaque ses enfants au sol tandis que Tomas s'enfuit en courant. Avant de revenir, l'air de rien, une fois le danger passé. Alors que le pire est à venir.

La mauvaise foi, un gag à rebondissements

Ruben Östlund était déjà venu sur la Croisette avec deux films tournés comme des épisodes de Strip Tease, De Ofrivilliga (sorti en France sous le titre Happy Sweden) en 2008 et Play en 2011. Pour Force majeure, il a laissé tomber ses marques de fabrique, le choix du pire cadrage possible, une image laide et des plans-séquences interminables qui rendaient ses films pénibles à regarder. Le traitement plus conventionnel de celui-ci permet de déployer tout l'humour féroce d'une querelle de couple. Pris en flagrant délit de lâcheté, Tomas (Johannes Bah Kuhnke, qu'on a vu dans Real Humans) nie avec un bel aplomb qui ne va pas tarder à s'effriter. Ebba est si perturbée qu'elle a besoin de l'humilier devant des amis, dans des scènes que Bergman n'aurait pas reniées pour ses Scènes de la vie conjugale.

Östlund s'amuse comme un fou avec la mauvaise foi de ses personnages, dans un contrepoint habile avec la menace sourde des éléments qui les entourent. Les montagnes, belles puis oppressantes, la dynamite qui résonne la nuit, jusqu'aux couloirs de l'hôtel – un clin d'oeil à Shining ? - donnent une tonalité très intéressante à l'ensemble. Drôle et étrange, son film méritait mieux que cette fin en demi-teinte, alors qu'on s'attendait à un grandiose pétage de plombs.


Jennifer LESIEUR

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