ON ADORE - Il est magnétique dans "Roubaix, une lumière", vrai-faux polar d’Arnaud Desplechin en lice pour la Palme d’or. Dans son rôle du commissaire Daoud confronté au meurtre sordide d’une octogénaire, Roschdy Zem se pose en sérieux candidat pour le prix d’interprétation du 72e Festival de Cannes.
C’est un moment fort de l’histoire du Festival de Cannes. En 2006, Roschdy Zem repartait de la Croisette avec un prix d’interprétation collectif partagé avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila et Bernard Blancan, ses camarades tirailleurs d’"Indigènes", le très beau film historique de Rachid Bouchareb. Treize ans plus tard, c’est tout seul, comme un grand , que cet admirable comédien pourrait être consacré par le jury du 72e Festival de Cannes.
Dans "Roubaix, une lumière", Roschdy Zem, 53 ans, incarne le commissaire Daoud, un homme solitaire qui a fait toute sa carrière dans la ville où il a grandi. Toute sa famille est rentrée en Algérie. Sauf lui et un jeune cousin enfermé dans la prison du coin. De l’une des communes les plus pauvres de France, il connaît chaque habitant, chaque recoin, chaque petite affaire qui l’aide à résoudre les grandes.
Au début du film, il écoute, impassible, un ivrogne (l'ex-Deschien Philippe Duquesne) raconter son agression imaginaire par un mystérieux maghrébin qui aurait mis le feu à sa voiture. Daoud comprend tout de suite qu’il s’agit d’une arnaque à l’assurance. Mais il laisse tranquillement son interlocuteur s’enfoncer, pointant ses incohérences sans jamais hausser le ton, jusqu’à lui faire reconnaître la vérité. Une "zen attitude" qui contraste avec l’enthousiasme débordant de la jeune recrue Louis Coterelle (Antoine Reinartz) qui enchaîne les fausses pistes dans une affaire d’incendie criminel.
99% des polars orchestreraient la confrontation explosive entre ces deux tempéraments opposés, avec une foule de scènes d'action à la clé. Mais le nouveau Desplechin n’est pas un film de genre à proprement dit. Plutôt une patiente étude psychologique, inspirée de faits réels -le meurtre d'une dame âgée dans la région en 2002-, dont Daoud sert de point d’ancrage. Autour de lui gravite toute une galerie de personnages dont émergent peu à peu Claude et Marie, deux paumées interprétées avec une grande justesse par Léa Seydoux et Sara Forestier.
Mais c’est bel et bien l'impérial Roschdy Zem qui captive tout du long le spectateur, déjouant les clichés du rôle de flic taciturne, usé jusqu’à la corde au cinéma comme dans les séries télé, en lui injectant une dimension quasi mystique, du moins rassurante. Comme s'il émanait de lui une douce mélancolie qui glisse sur toutes les horreurs auxquelles il est confronté depuis toujours. Et si la lumière du titre, c’était lui ?
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info