Cannes 2022 : Accusé de plagiat par une étudiante, le réalisateur iranien Asghar Farhadi se défend

Jérôme Vermelin, à Cannes
Publié le 17 mai 2022 à 18h27

Source : JT 13h Semaine

Membre du jury au 75e Festival de Cannes, le réalisateur Asghar Farhadi est accusé de plagiat dans son pays.
Une étudiante l’accuse de s’être inspiré de son travail pour son film "Un héros", primé sur la Croisette l’an dernier.
Interrogé en conférence de presse, il a plaidé son bonne foi dans cette affaire en cours d’instruction.

C’est la première fois qu’il s’exprime sur le sujet. Interrogé ce mardi par un journaliste, le réalisateur iranien Asghar Farhadi a profité de la conférence de presse du jury du 75e Festival de Cannes pour livrer sa version des faits sur l’affaire de plagiat dont il est au cœur dans son pays. Azadeh Masihzadeh, l’une de ses étudiantes en cinéma, l’accuse de s’être inspiré de son documentaire All Winners, All Losers pour son film Un héros, Grand prix du jury sur Croisette l’an dernier.

Alors que la presse américaine avait annoncé sa condamnation début avril, Asghar Farhadi, 50 ans, a rappelé que l’affaire était toujours en cours d’instruction par une autorité religieuse. Il a également plaidé sa bonne foi, estimant que l’un et l’autre s’étaient inspirés d’un même fait divers. Soit l’histoire d'un détenu devenu célèbre après avoir trouvé une bourse de pièces d'or et l'avoir rendu à son propriétaire au lieu de la garder pour lui.

Elle voulait que je dise au début du film que c'était d'après son documentaire
Asghar Farhadi

"Quand un évènement a eu lieu, et qu'il en est rendu compte dans la presse, il appartient au domaine public", s'est défendu le cinéaste, qui a représenté l'Iran dans la course aux Oscars l'an dernier. "Un héros est une interprétation libre de cette histoire, comme le documentaire de cette personne, il n'est pas question de droits d'auteur", a-t-il ajouté.

"En raison des efforts qu'avait fait cette stagiaire dans son documentaire, et des recherches qu'elle avait faites, j'ai proposé que son nom soit au générique pour dissiper toutes ces polémiques", a précisé Asghar Farhadi. Mais selon lui Azadeh Masihzadeh  aurait refusé. "Elle voulait que je dise au début du film que c'était d'après son documentaire, et elle avait des prétentions financières de partager tous les revenus du films. Le producteur français, évidemment, n'a pas du tout accepté cette demande".

Dans un entretien publié dans The Hollywood Reporter avant les Oscars, la jeune femme livrait une version différente. Elle expliquait avoir été conviée par le cinéaste de son bureau, afin de de signer des papiers assurant que l’idée du court-métrage venait de lui. Ce qu’elle a accepté. "Je n’aurais pas dû signer, mais j’étais mise sous pression", reconnaissait-elle. "Monsieur Farhadi est le grand maître du cinéma iranien. Il a usé de son pouvoir pour m’obliger à le faire."

Après la plainte pour plagiat déposée par Azadeh Masihzadeh, le cinéaste i a intenté une action en diffamation contre elle, affirmant qu’il n’y avait "pas suffisamment de preuves" pour étayer les allégations. Mais la justice iranienne a donné raison à la jeune femme, ouvrant la porte à un procès qui pourrait avoir lieu dans les prochains. Mardi à Cannes, un journaliste a rappelé au cinéaste que si il l'avait emporté, la jeune aurait été condamnée à une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans de prison ainsi que 75 coups de fouet. Un "détail" sur lequel il ne s'est pas exprimée.


Jérôme Vermelin, à Cannes

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