Cannes 2022 : avec "Close", bouleversante chronique de l’adolescence, Lukas Dhont nous a mis le cœur en miettes

Jérôme Vermelin, à Cannes
Publié le 27 mai 2022 à 16h18

Source : TF1 Info

Dans la dernière ligne droite, le jeune réalisateur belge Lukas Dhont bouleverse la Croisette avec "Close".
Ce portrait subtil d’un adolescent confronté à un drame terrible révèle le talent du jeune Eden Lambrine.
Ce deuxième film d’une incroyable maturité devrait figurer très haut au palmarès samedi soir.

Ils s’appellent Léo et Rémi, ils ont 13 ans et ils sont inséparables. Un jour, une remarque anodine dans la cour de récré va tout changer. Du drame qui va se nouer sous nos yeux, on ne vous dira pas plus. Mais il est, hélas, d’une banalité épouvantable. Avec Close, le jeune réalisateur belge Lukas Dhont confirme non seulement le talent entrevu avec Girl, récompensé par la Caméra d’or du meilleur premier film en 2018. Mais quatre ans plus tard, il se pose en sérieux candidat à la Palme d’or dans la dernière ligne droite de ce 75e Festival de Cannes.

Si Close est un grand film, c’est d’abord grâce à la précision de sa mise en scène. Privilégiant les silences aux grands discours, Lukas Dhont saisit les émotions de ses personnages avec une acuité qui va au-delà du simple réalisme. Un geste, un regard, un détail. Une tête posée sur l’épaule dans une salle de classe ou une course effrénée dans un champ de fleurs… Le benjamin de la compétition met de la beauté dans tout.

Un film pour toutes les générations

Ne croyez surtout pas que Close est un simple "film pour ados". Car ce mélodrame d’une infinie délicatesse permet à chaque spectateur, quel que soit son âge, d’entrer dans le coeur et la peau de ses jeunes personnages. Habile, mais jamais manipulateur, il convoque le souvenir de l’enfant que nous avons tous été, la difficulté à comprendre ses émotions, souvent extrêmes, et à trouver sa place dans le monde des adultes.

Lukas Dhont est aussi, il faut bien le dire, un miraculeux découvreur de talents. Après l'incroyable Victor Polster dans Girl, il a obtenu du jeune Eden Lambrine, découvert au hasard d’un voyage en train, une performance étourdissante de justesse dans le rôle de Léo. Si Close ne décroche pas la plus prestigieuse des récompenses cannoises, de la part de Vincent Lindon et son jury, le prix d’interprétation masculin lui revient d’office.

N’oublions pas enfin la dimension sociétale de ce drame qui fait écho à certains débats nauséabonds qui agitent la classe politique et les réseaux sociaux ces jours-ci. Girl dressait le portrait d’une danseuse née dans le corps d’un garçon. Close aborde la fragile la question du désir et de l’identité sexuelle sans manichéisme, ni prosélytisme. Lukas Dhont nous rappelle qu’aimer ses enfants, c’est les regarder, les accepter, les aimer comme ils sont. Et les serrer très fort quand ils en ont besoin.

>> Close de Lukas Dhont. Avec Eden Lambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa Drucker.


Jérôme Vermelin, à Cannes

Tout
TF1 Info