Cannes en coulisses : avec Tom Cruise, il suffit d’un bonsoir pour qu’on oublie tout

Jérôme Vermelin, à Cannes
Publié le 19 mai 2022 à 12h16

Source : Sujet TF1 Info

Le 75e Festival de Cannes se déroule du 17 au 28 mai prochain.
Tous les jours, notre envoyé spécial vous livre son regard, de l’intérieur, sur le rendez-vous préféré des cinéphiles.
Ce jeudi, retour sur la visite supersonique de Tom Cruise, l'homme mystère du cinéma américain.

Si je devais choisir un mot pour résumer Tom Cruise, ce serait insaisissable. En quarante ans de carrière, on pourrait croire que tout a été dit et écrit sur l’un des personnages les plus populaires du cinéma américain. Sa visite, mercredi à Cannes, prouve qu’en réalité son mystère reste entier. Vous connaissez son surnom à Hollywood ? "Cruise Control". Difficile de trouver plus juste après son passage sur la Croisette. De son arrivée en hélicoptère à la montée des marches, ponctuée par le passage de la patrouille de France, en passant par la masterclass très "boulot, boulot, boulot" à laquelle j’ai assisté, le quasi-sexagénaire a tout maîtrisé de sa visite supersonique.

Les confidences ? Pas son truc...

En l’écoutant parler hier après-midi, je me suis dit à un moment que ce type était fou. Maniaque. Obsessionnel. "Je me souviens de tout", a-t-il lâché, un poil inquiétant, au confrère qui l’interrogeait sur le tournage d’une séquence de Magnolia. Il se souvient de tout. Mais il ne raconte pas. Aucune véritable anecdote de tournage, aucun souvenir gênant, aucune petite confidence personnelle qui pourrait lever un coin du voile sur ce qu’il a conduit à faire ce métier qui le passionne tant. Des blessures ? Des frustrations ? Des comptes à régler ? Rien, on ne saura rien de ce qui se cache derrière ce sourire irrésistible. Mais faut-il lui en vouloir ?

Avant l’accueil enthousiaste du public du Palais des Festivals, un montage d’extraits de son impressionnante filmographie a été diffusé sur l’écran géant. Et là, j’avoue, j’ai eu des frissons. Top Gun bien sûr, mais aussi Risky Business, Né un 4 juillet, Collateral, Entretien avec un vampire... pour n'en citer que quelques-uns. Vous rappelez-vous de cette scène, à la fin de Jerry Maguire, où son personnage d’agent sportif vient dire à Dorothy - son amoureuse jouée par Renée Zellweger - en pleine réunion tupperware, qu’il ne peut pas vivre sans elle ? "Tu me complètes", lui lâche-t-il, des trémolos dans la voix, à l’issue d’une interminable déclaration d’amour. "Tais-toi", répond Dorothy. "Tu m’as eu sur ton Bonsoir !". Personnellement, je peux revoir ce moment 100 fois… et j’ai toujours envie de pleurer.

En fait, je me dis que ça doit être ça, Tom Cruise. Un type qui ne sait jamais s’arrêter. Qui cause toute la journée d’angles de caméra, de travellings avant, de travelling arrière, de la meilleure manière de filmer une poursuite en voiture, en moto, en avion, en jet-ski ou en parachute ascensionnel. Il doit saouler tout le monde, Tom Cruise. Je suis sûr qu’à 3 heures du matin, il réveille le réalisateur de son prochain blockbuster parce qu’il a eu une idée géniale pour l’incroyable cascade qu’ils doivent tourner le lendemain matin. Je suis sûr que le réalisateur le maudit. Mais il le laisse parler, encore et encore, jusqu’au bout de la nuit. Et avant de raccrocher, il dit : "C’est bon, tu m’as eu sur ton Bonsoir !".


Jérôme Vermelin, à Cannes

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