SEPT À HUIT - Catherine Wilkening a décidé de raconter le mal qui l’a rongé pendant 15 ans. Malade de boulimie, elle a souffert seule et en silence sans que personne ne s’aperçoive de rien. Peu à peu disparue des plateaux de cinéma, elle évacue aujourd’hui ses démons grâce à la sculpture.
15 ans. 15 années durant lesquelles Catherine Wilkening a vécu avec ses démons. Jeune comédienne avec le vent en poupe, elle se trouve "trop joufflue", mais souffre en fait de dysmorphophobie (ou dysmorphobie), un trouble de l’image qu’on a de soi-même. "Celles que j’idolâtrais c’était les anorexiques, parce qu’elles ne mangent pas, alors que boulimique (…) on se prend pour un porc", explique-t-elle.
La comédienne raconte à quel point cette maladie pouvait être épuisante : "Je pouvais manger dix choux à la crème, les vomir, et refaire une autre boulangerie, en remanger dix, les revomir, ensuite aller au Mac Do… jusqu’à ce que je n’aie plus d’énergie".
Au moment où on vomit, on se trouve aussi abject que ce qu’on vomit
Catherine Wilkening
Catherine Wilkening libère la parole des femmes boulimiques en allant à l’encontre des clichés. "On croit toujours qu’une boulimique c’est quelqu’un qui est ronde, mais il y a aussi des femmes qui sont très minces", dit-elle.
La boulimie a lieu à l’abri des regards indiscrets. "Devant les autres on ne doit pas montrer qu’on est un être orgiaque, monstrueux", explique-t-elle. Et d’ajouter :
La sculpture m’a permis d’évacuer tous mes monstres
Catherine Wilkening
Pendant 15 ans cette maladie a été pour Catherine Wilkening une drogue et une obsession. Quand elle partait en tournage jeune comédienne, il y avait toujours une balance dans sa valise. "On est boulimique si le poids est une obsession constante (…) Pendant 13 ans j’ai vécu avec un homme héroïnomane. Moi je me défonçais à la nourriture".
Petit à petit sa vie se refait loin du milieu du cinéma. Aujourd’hui l’actrice s’est muée en artiste, après avoir suivi une psychothérapie : "la sculpture m’a permis d’évacuer tous mes monstres qui m’habitaient". Maintenant, Catherine Wilkening estime que "(s)on rapport à la nourriture est normal".