EVENEMENT – Diffusée sur Canal+, la 46e cérémonie des Césars se dérouleravendredi en présence d’une poignée d’invités,dans un contexte tendu puisque les professionnels du Septième artréclament au gouvernementla réouverture des salles,portes closes depuis le 30 octobre.
"Garder ses distances entre gens de cinéma qui ont l’habitude de tous coucher ensemble, c’est compliqué !", ironise Marina Foïs dans un entretien accordé à Madame Figaro. De l’humour, la maîtresse de cérémonie de la 46e cérémonie des César va en avoir besoin pour égayer une édition pas tout à fait comme les autres. La bonne nouvelle, c’est que l’ensemble des nommés et des remettants ont été conviés à l’Olympia par les organisateurs, dans le respect des normes sanitaires, préservant les téléspectateurs d’une édition virtuelle à la manière des récents Golden Globes, bien peu chaleureuse, et plombée par les bugs techniques.
L’an dernier la réunion de famille annuelle avait été secouée par la polémique entourant les nominations de J’accuse de Roman Polanski, avec en point d’orgue le coup de sang d'Adèle Haenel. La comédienne avait quitté la salle Pleyel à l’annonce du trophée de la meilleure réalisation attribué au cinéaste franco-polonais, qui avait lui-même boycotté la soirée pour ne pas se livrer à ce qu'il qualifiait de "tribunal populaire". Un an plus tard, c’est une grogne d’une toute autre nature qui devrait s’exprimer tout au long de la soirée.
Un bon cru malgré tout
Dans une tribune virulente publiée le 3 mars à l'initiative de la Société des réalisateurs de films (SRF), 800 professionnels du Septième art demandaient à Emmanuel Macron de rouvrir les salles, portes closes depuis le 30 octobre après une première fermeture de mars à juin. "Vous êtes en train de tuer le cinéma français", écrivaient ces acteurs, réalisateurs, distributeurs et producteurs dont une partie devrait être présente vendredi à l’Olympia. Si comme le veut la tradition, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot fait le déplacement, elle sait déjà à quoi s’attendre…
Cette situation tendue ferait presque oublier la qualité des films en lice vendredi soir. Sortis pour la plupart entre les deux confinements, ils ont tiré leur épingle du jeu en l’absence de blockbusters américains à l’image de l’outsider Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal dont la vedette, la pétillante, Laure Calamy semble promise au César de la meilleure actrice.
Avec Adieu les cons, Albert Dupontel a lui confirmé qu’il était une valeur sûre du cinéma français, devant et derrière la caméra même si allergique, aux cérémonies, il ne se rendra pas à l'Olympia. Souvent nommé, mais jamais primé, François Ozon a lui signé l’une de ses œuvres les plus personnelles avec Eté 85, interprété par deux jeunes acteurs en état de grâce, Benjamin Voisin et Félix Lefebvre.
En tête des nominations avec Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, le cinéaste Emmanuel Mouret pourrait lui connaître la consécration, avec cette comédie sentimentale à l’écriture ciselée dont plusieurs des jeunes interprètes – Camélia Jordana, Niels Schneider, Julia Piaton, Vincent Macaigne, Emilie Dequenne - en course vendredi, incarnent le renouvellement du cinéma français appelé de ses vœux par la nouvelle direction de l’Académie des César.
Un vent de fraicheur également porté par Tout simplement noir, la comédie engagée de Jean-Pascal Zadi. Ou encore Mignonnes, le film de Maïmouna Doucouré dénonçant l'hyper sexualisation des adolescentes. La preuve que même confiné, le cinéma français avait des choses à dire et à défendre en 2020.