"Charlie m'a mordu !" : comment une simple vidéo de famille a battu des records aux enchères

Publié le 26 mai 2021 à 14h59, mis à jour le 26 mai 2021 à 16h18

Source : Sujet TF1 Info

PHÉNOMÈNE - Postée en 2007 sur YouTube, la vidéo d’un petit garçon mordant le doigt de son grand-frère a été adjugée plus de 600.000 euros ce dimanche. C’est le dernier avatar du boom des NFT, ces certificats de propriété virtuelle qui affolent l’économie numérique.

Voilà une séquence d’une incroyable banalité, à l’heure où des millions d’Internautes filment ou photographient leurs bambins, pour certains en échange de juteux contrats de sponsoring. En 2007, la famille britannique Davies-Carr, des précurseurs sans le savoir, postaient sur YouTube une vidéo de 55 secondes où le petit Charlie s'en prenait au doigt de son grand-frère Harry. "Charlie m'a mordu !", pleurnichait ce dernier.

Quatorze ans plus tard, cette séquence aussi mignonne qu’anodine cumule plus de 883 millions de vues. Et ses auteurs ont eu la bonne idée de la mettre aux enchères sous forme de NFT (Non Fongible Tokens), qu’on traduit en français par "jetons non-fongibles", ces certificats de propriété virtuelle qui connaissent un incroyable essor depuis quelques mois.

"Une adorable partie de l’histoire d’Internet"

Comme dans une salle des ventes traditionnelle, 11 internautes se sont disputés en ligne la vidéo d’origine et, ce dimanche, l’un d’entre eux l’a acquise pour la bagatelle de 760.999 dollars (environ 624.000 euros). Si elle sera prochainement retirée de YouTube, la vidéo baptisée "Charlie bit my finger" ("Charlie m'a mordu le doigt") a déjà été copiée des millions de fois. Mais qu’importe : en l’acquérant, l’acheteur a mis la main sur "une adorable partie de l’histoire d’Internet", dixit les Davies-Carr. Il aura évidemment tout loisir de la revendre dans les prochains mois...

Sans doute absurde pour beaucoup, cette vente inédite met en exergue le boom des NFT, une véritable alternative à la collection d'objets physiques dont le marché pèserait déjà plusieurs milliards de dollars. En mars dernier, "Everydays : the First 5000 days", un œuvre réunissant sous forme numérique les 5000 premiers dessins et animation de l’artiste américain Beeple, a été vendue 69,3 millions de dollars chez Christie’s.

Début mai, ce sont neuf têtes de CrypotPunks, des créatures conçues en 2017 par la société Larva Labs, pionnière en matière de NFT, qui ont été acquise de la même manière pour 7,3 millions chacune.

Plus symbolique encore, le patron de Twitter Jack Dorsey s’est lui vu proposer 2,5 millions de dollars pour son tout premier message sur la plateforme, le 21 mars 2006. "Je viens de configurer mon Twitter", écrivait-il, sans imaginer lui non plus que ce simple message de service vaudrait de l'or quinze ans plus tard.

Un marché en pleine expansion

Si vous estimez que l'un de vos biens numériques en vaut la peine, rien ne vous empêche de vous lancer à votre tour sur ce marché en plein développement. Pour cela, il faut passer par l'une des plateformes spécialisées, comme Rarible ou OpenSea sur laquelle télécharger le fichier qui deviendra un NFT. 

Moyennant une commission d'entrée autour des 30 euros, le créateur du NFT peut ensuite le vendre en fixant, à l'avance, le pourcentage qu'il touchera sur toutes les reventes éventuelles de ce fichier par d'autres internautes.

"Ma prédiction, c'est qu'avec les années, le consensus sur les objets numériques va passer de 'ces trucs ne sont même pas réels et ne valent rien' à 'c'est le meilleur moyen de vérifier la propriété, la rareté et l'authenticité'", a écrit, début janvier, l'investisseur Jonathan Bales sur son blog Lucky Maverick, un texte de référence sur le sujet. "Je suis persuadé que les NFT sont le futur des collectionneurs. Et le côté le plus excitant, c'est que la fête ne fait que commencer."


Jérôme VERMELIN

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