Christophe Maé revient avec "Attrape-rêves" : "Je suis un capteur d'émotions"

par Sabine BOUCHOUL
Publié le 15 mai 2016 à 11h49
Christophe Maé revient avec "Attrape-rêves" : "Je suis un capteur d'émotions"

INTERVIEW - Après trois ans d'absence, Christophe Maé revient sur le devant de la scène avec un nouvel album "Attrape-rêve". Un album beaucoup plus personnel et introspective, écrit, composé et réalisé par le chanteur.

Vous avez pris votre temps avant de sortir ce nouvel album, pourquoi ?
Trois ans. En fait, je prends toujours trois ans entre chaque album. Mais c'est normal parce que je tourne pendant un an et demi, il me reste un an et demi pour écrire l'album qui suit. Pour celui-là, j'ai changé la manière de travailler, je me suis pas mal posé de questions et je suis parti des thèmes, des textes. J'avais envie d'être dans quelque chose de plus introspectif, de parler plus de moi, de mon ressenti sur les choses, sur la vie. La musique est venue bien après, pour habiller les textes et pour laisser le pouvoir aux mots. C'est la première fois que je faisais ça, ça m'a donné envie de déchanter, de moins chanter dans les aiguës...  

Il y a un flow un peu plus urbain par moment aussi...
Oui c'est vrai, une façon plus hip hop de chanter. Il y a un truc qui me cause chez eux, cette façon d'être cash. J'avais envie d'une écriture plus simple, être proche de ce que je suis réellement et je pense que cet album me ressemble, c'est le plus personnel de tous. Je voulais surtout balancer, dans ces chansons, tout ce que j'avais sur le cœur et dans la tête.  

Pourquoi aujourd'hui ?
Il y a toujours eu du moi dans les autres albums. Par contre sur l'album précédent j'avais un fil rouge qui était la Nouvelle-Orléans, un concept où la musique prenait beaucoup plus de place que les textes. Là j'avais ce besoin de me raconter parce que je l'ai écrit à l'aube de la quarantaine. Je m'apaise, je m'améliore, je progresse, je voulais raconter ce que je suis, ce qui me touche, m'émeut, être dans l'intime, raconter des émotions. Moi, je suis un capteur d'émotions et je crois que cet album est un patchwork de différents sentiments.

Et ce n'est pas plus compliqué de parler de soi de manière aussi personnelle ?
Ce n'est pas évident mais c'est certain que c'est plus satisfaisant quand j'y arrive. Ecrire m'a pris beaucoup de temps, un an et demi, et il m'est venu un jour cette phrase "putain, mais il est où le bonheur ?", je venais de sortir d'une grosse tournée, j'ai mes enfants, la santé, j'ai tout et va savoir pourquoi, ça ne va pas. J'étais dans le speed, je voulais vite recommencer, reprendre la route, mais au final je courrais après quoi ? C'est pour ça que j'ai eu envie de me poser, d'être plus introspectif, raconter mon ressenti. Je suis dans mon bain quand je me demande c'est quoi le bonheur et je me suis fait en quelque sorte ma propre thérapie.

On dit souvent que la musique et les chansons ont des vertus thérapeutiques...
Oui c'est vrai et pour moi c'est le cas depuis le début. C'est quelque chose dans laquelle je me réfugie et j'y suis bien. Les heures pendant lesquelles je compose, je ne gamberge pas, je ne suis as angoissé, ça me canalise. La musique, c'est vraiment quelque chose qui me fait du bien. Et, j'avais besoin de faire un bilan aussi, c'est ce qui fait avancer... s'accepter comme on est et de dire je suis comme je suis, avec mes défauts, mes qualités.  

Justement, c'est quoi le bonheur ?
C'est là, c'est ce moment, c'est l'instant présent en fait. C'est vraiment basé là-dessus. Quand je parle de bonheur, c'est parce que j'ai aussi envie d'en prendre soin. C'est savoir où tu as tes pieds, ta base, ton socle. Moi je sais que c'est ma famille, chez moi. Mais pour moi, la véritable définition du bonheur, c'est être en paix et en phase avec soi-même. Etre tranquille. Tu peux être aussi entouré de pleins de monde et pourtant être malheureux comme une pierre. Etre en paix, c'est le plus important, que tu sois tout seul ou entouré de tes potes. Quand j'écris "il est où le bonheur", c'est une prise de conscience, une remise en question par rapport à ce que j'avais. Le bonheur c'est aussi parler de ces polarités. Pour moi, c'est vivre des moments intenses sur scène devant 10 0000 personnes et la minute d'après être tout seul dans ma loge à repenser à ce qu'il vient de se passer. 

Il y a un côté très désabusé qui ressort dans cet album, notamment sur les titres "les amis" ou "la Parisienne"... d'où est-ce que ça vient ?
Oui mais ce sont deux chansons cyniques mais remplies de tendresse. C'est un cynisme qui, jusqu'à présent, je n'avais jamais réussi à atteindre dans mes chansons et c'est une partie de moi. Je pense que c'est aussi une partie de tout le monde. Tes amis, tu les choisis pour leurs qualités en acceptant leurs défauts aussi. Tu sais qu'il y a en a qui lâche jamais un café, à l'heure de l'addition, il part aux toilettes... (rires). C'est très récent, le fait que les gens commencent à écouter mes chansons et me disent "ah mais oui c'est vrai". Peut-être parce que c'est en parlant d'un ressenti personnel qu'on touche plus les autres.

Il y a une chanson qui marque sur cet album c'est "Lampedusa"... est-ce que c'est en rapport avec l'actualité, la crise des migrants ?
Pas tant que ça, c'est vraiment l'histoire de la chanson, le texte est magnifique. Il est de Paul Ecole. Il me prend, quelque chose qui ne me laisse pas indifférent : c'est un mec qui quitte ses terres et qui rêve de l'El dorado et qui rencontre la mort. Quand j'ai lu le texte, j'étais devant la télé en train de regarder le JT de 20 heures et je vois les images... on ne peut pas rester insensible. Ce texte, il m'a cassé la tête, il fallait que je le mette en musique et que la chanson soit sur l'album. Quand je dis que cet album c'est un patchwork émotionnel c'est parce qu'il parle de sentiment intime ancré en moi mais aussi chez tout le monde. C'est parler de l'humanité, de l'empathie pour son prochain, de la paternité...  

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Sabine BOUCHOUL

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