Thor amoureux et survolté dans "Love and Thunder" : "Il est comme une rock star vieillissante"

Publié le 12 juillet 2022 à 8h00

Source : Sujet TF1 Info

Cinq ans après le déjanté "Ragnarok", le dieu du tonnerre revient pour un quatrième - et loufoque - film au cinéma ce mercredi 13 juillet.
"Je voulais amener quelque chose d’inattendu et le plus inattendu que vous puissiez faire avec Thor, c’est de le mettre dans une romance", nous explique son réalisateur, Taika Waititi.

Son grain de folie divise plus que jamais. Cinq ans après avoir insufflé couleurs et humour à Thor dans Ragnarok, Taika Waititi poursuit son exploration du dieu du tonnerre dans un film bien trop farfelu pour qu'on le prenne au sérieux. Mais ça ne semble pas être la mission du réalisateur néo-zélandais qui fait de son Love and Thunder ("l'amour et le tonnerre", en français), au cinéma le 13 juillet, un immense défouloir où il lâche les chevaux - ou plutôt deux chèvres géantes très, très bruyantes - jusqu'à parfois en perdre les rênes. 

Une BO du tonnerre !

C'est souvent too much mais le plaisir est total devant cette fresque pop aussi absurde qu'émouvante. Le héros campé par Chris Hemsworth s'allie à son ex-petite amie Jane Foster (Natalie Portman, le retour), désormais dotée des mêmes pouvoirs que lui, et au roi Valkyrie (Tessa Thompson) pour tenter d'arrêter Gorr, le Boucher des dieux interprété par un Christian Bale effrayant qu'on aurait aimé voir plus à l'écran. Un feu d'artifice délirant qui ne manque pas de cœur, rythmé par les plus grands tubes des Guns N'Roses, dont on a parlé avec son auteur.

Thor est connu comme le Viking de l’espace mais dans ce film, je l’ai immédiatement identifié à une rock star. Il est aussi cool que torturé mais se laisse enfin aller à exprimer ses sentiments, comme une rock star le ferait sur scène avec ses chansons. Thor serait-il donc une rock star ?

Il l’est désormais, maintenant que vous le présentez comme ça ! Je n’y avais vraiment jamais pensé et vous avez tout à fait raison. Les quelques rock stars que j’ai rencontrées semblaient très tristes. Elles s’ouvrent à tous et ne gardent jamais rien pour elles. Thor est comme ça. Il est comme une rock star vieillissante qui est en tournée depuis des milliers d'années. Il s'offre au public et quand il rentre chez lui le soir, il est juste triste. Il n'a personne pour l'aimer et personne à aimer. C'est génial, c’est mieux que la façon dont je le décrivais. Donc je ne vais pas vous créditer mais je vais le présenter comme ça à partir de maintenant (il rit).

Devant Love and Thunder, on a l’impression de voir Ragnarok sous acide. C’est plus fou, plus idiot encore, assurément unique. Diriez-vous que ce film vous a permis de combler votre "appétit pour la destruction", à la manière des Guns N’Roses ?

Oh c’est bien ça (il nous pointe du doigt) ! J’espère. Ragnarok était mon premier film Marvel mais c'était le troisième film de Thor. Nous ne savions pas vraiment si nous en ferions un autre un jour. Nous avons donc mis tout ce qu’on pouvait dans ce film sans penser à la suite. Puis les studios ont dit : "Faites-en un autre". Et nous nous sommes dit (il fait la grimace) : "Nous devons trouver de nouvelles idées. Qu’allons-nous faire ?" Pour moi, un deuxième film, c’est comme un deuxième album. C’est toujours très difficile, il y a beaucoup d'attentes. Je voulais juste que Love and Thunder soit au moins aussi bon que Ragnarok et évidemment qu'il soit meilleur. Heureusement, je pense que nous avons réussi à le faire. Mais ça a été un gros stress pour moi pendant tout ce temps. Je voulais amener quelque chose d’inattendu et le plus inattendu que vous puissiez faire avec Thor, c’est de le mettre dans une romance.

Le film puise vraiment dans la façon dont nous créons ou nous pensons aux choses quand nous sommes enfants
Taika Waititi, réalisateur

Vous dites vouloir que le public "rit et se sente à nouveau comme des enfants". Avez-vous écrit ce film en pensant à celui que vous étiez ?

Oui, c'est ce que je fais tout le temps. Je n'arrêtais pas d’y penser au moment de la conception des grands décors, pour les scènes d’action ou au moment de faire venir les chèvres. Quand vous regardez les différents personnages du film, certains sont étranges et bizarres. Pour la séquence au milieu des dieux, le gamin en moi s’est demandé : "Quels dieux aimerais-tu voir là-bas ?" Le film puise vraiment dans la façon dont nous créons ou nous pensons aux choses quand nous sommes enfants. Tous les monstres ont d'ailleurs été conçus par des enfants.  

Vos enfants ?

Oui, oui. Mes enfants, ceux de Natalie Portman, ceux de Chris Hemsworth et ceux de Christian Bale ont tous dessiné des monstres que nous avons inclus dans le film. Si vous regardez ces monstres, ils fichent vraiment la trouille. Parce que je pense que ce qui est effrayant dans l’esprit d’un enfant est bien plus effrayant que ce qu’un adulte pourrait inventer. Ma fille me parle du Demogorgon de Stranger Things, qui selon moi n’est pas aussi flippant que certaines des créatures que les enfants ont inventées dans ce film.

Vous signez le scénario avec Jennifer Kaytin Robinson, créatrice de la série décapante Sweet/Vicious. Dans la salle d’écriture, qui était l’amour et qui était le tonnerre ?

Je crois que nous avons tous les deux partagé ces rôles, nous avons simplement basculé entre les deux. Je dormais la plupart du temps (il sourit).

Marvel Studios

Love and Thunder est une romance mais le cœur du film, pour moi, réside dans le personnage de Gorr, le Boucher des dieux. C’est un méchant auquel on s’identifie, que l’on comprend. Pourquoi Christian Bale était-il le meilleur choix possible pour incarner cette monstrueuse humanité ?

Nous voulions le meilleur acteur en activité aujourd'hui. Et pour moi, c’est Christian Bale. Évidemment, nous voulions un méchant compatissant avec qui vous n'êtes pas d'accord mais que vous comprenez. Vous comprenez d’où vient sa colère. Christian a cette capacité quand il joue des gens qui sont assez monstrueux. C’est le cas de Dick Cheney dans Vice. C’est un personnage horrible, mais il est beaucoup question de sa fille. Avec Christian, vous avez toujours un aperçu de l’humain qui se cache derrière ses personnages. Je crois que donner aux méchants, même s’ils sont extraterrestres, et aux héros comme Thor, des problèmes humains est le seul moyen qui nous permet de nous identifier à eux.

>> Thor : Love and Thunder - de et avec Taika Waititi, Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tessa Thompson, Christian Bale et Russell Crowe - au cinéma le 13 juillet.


Delphine DE FREITAS

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