Coup de coeur du 76ᵉ Festival de Cannes, "Anatomie d'une chute" de Justine Triet a décroché la Palme d'or.Ce drame intime et judiciaire complexe met en scène une romancière allemande accusée du meurtre de son mari français.Un personnage troublant campé par la comédienne Sandra Hüller.
Les scènes de procès d’Anatomie d’une chute sonnent tellement juste qu’on se demande si le nouveau film de Justine Triet n’est pas inspiré d’une histoire vraie. Et pourtant non. Deuxième entrée française dans la compétition cannoise, ce drame judiciaire avait fait forte impression lors de sa présentation, aussi bien auprès de la presse hexagonale que de la presse internationale, souvent divisées sur la Croisette.
Déjà au générique de l’impressionnant The Zone Interest, la comédienne allemande Sandra Hüller se taille ici la part du lion – ou plutôt de la lionne - après avoir tenu un petit rôle dans Sibyl, le précédent long-métrage de la réalisatrice. Elle incarne Sandra, une romancière germanique à succès qui vit dans un chalet avec son mari français, Samuel (Samuel Theis) et leur fils Daniel (Milo Machado Graner), malvoyant depuis un accident qui a bouleversé la cellule familiale.
Chronique d'une coupable idéale
Lors de la scène d’ouverture, Sandra répond aux questions d’une étudiante venue l’interviewer. Très vite, l’échange est perturbé par Samuel, qui lance une musique assourdissante à l’étage. Quelques heures plus tard, alors qu’il revient d’une balade en forêt avec son chien, Samuel retrouve le corps de son père mort au pied du chalet, une plainte béante sur le haut du crâne.
Rapidement, Sandra devient la principale suspecte et engage Samuel (Swann Arlaud), un ami d'enfance, pour la défendre lors de son procès. Anatomie d’une chute se transforme alors en redoutable thriller judiciaire, l’un des plus brillants que le cinéma français nous ait donné à voir depuis longtemps.
Le titre du film, qui lorgne clairement sur le classique Anatomy of a crime d’Otto Preminger, doit se lire à plusieurs niveaux. Il y a cette chute qui laisse pantois les experts appelés à la barre, tout comme le spectateur, qui la rejoue sans cesse dans son imagination. Et puis il y a celle du couple formé par Sandra et Samuel, qui va nous être racontée à rebours à travers des témoignages et des pièces à conviction, à l’image d’un enregistrement audio réalisé par la victime la veille du drame.
Cette violente dispute, qu’on entend d’abord sur les hauts parleurs du Palais de la Justice, va se matérialiser sous nos yeux et donner de naissance à une séquence à fleur de peau qui donne la chair de poule. Grâce aux brillants dialogues écrits par Justine Triet et son compagnon, le cinéaste Arthur Harari, c’est l’intimité brute de deux êtres qui nous explose à la figure.
Enfin, après Victoria et Sibyl, Justine Triet dresse de nouveau le portrait d’une femme tiraillée entre les visages que lui a attribué la société – celui d’épouse, de mère, d’artiste, de coupable idéale – et sa vérité la plus profonde. Comment ne pas s’arracher les cheveux, si on en a sur le crâne, devant la performance étourdissante de Sandra Hüller.
Pendant près de 2 heures, le spectateur scrute ses gestes, ses regards, le moindre détail en quête d’une réponse, sans doute moins évidente qu'il n'y paraît. Pour vous faire votre propre avis, il faudra patienter jusqu’au 23 août, date de sortie en salles de ce très grand film dont on devrait pas mal reparler jusqu’aux César 2024.
>> Anatomie d'une chute de Justine Triet. Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner. 2h30. En salles le 23 août
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info