Après son immersion au cœur des tranchées de la Première Guerre mondiale dans "1917", le cinéaste anglais plonge dans ses souvenirs d’adolescence.En salles le 1er mars, "Empire of Light" met en lumière le quotidien d’employés d’un cinéma de la côte anglaise, avec leurs bonheurs et surtout leurs fêlures.Un film d’une grande beauté, porté par la prestation remarquable de la star de "The Crown".
Son nom s’affiche à deux reprises sur la devanture vieillie du bâtiment en briques donnant sur la mer. Six lettres en néon jaune qui illuminent la jetée le soir venu. Le cinéma Empire, le seul de cette station balnéaire anglaise, reste ouvert même pour le réveillon de Noël, ce 24 décembre 1981. Empire of Light, le nouveau film de Sam Mendes (American Beauty, Skyfall), accueille le public en même temps que Hilary, la gérante de l’établissement, s’apprête à recevoir le sien. Elle passe en salles après chaque séance sans jamais oser y entrer en cours de projection.
"Cet endroit est pour les gens qui veulent s’évader. Ceux qui n’ont nulle part où aller", martèle Norman, le projectionniste incarné par Toby Jones. Plus qu’un lieu où se mêle fiction et réalité, Empire of Light fait du cinéma le point de rencontres de personnes dont les chemins ne se seraient sans doute jamais croisés. À commencer par Hilary et Stephen, duo qui irradie tout au long du film par sa touchante complicité. Elle a la quarantaine, vit seule et lutte contre une santé mentale fragile. Il a la vingtaine, vient d’être embauché au cinéma mais ne rêve que d’aller étudier loin de cette ville.
Une parenthèse désenchantée pleine de poésie
Oscarisée pour La Favorite, Olivia Colman tient l’un de ses plus beaux rôles face à un Micheal Ward extrêmement convaincant. L’actrice anglaise brille d’autant plus que la caméra la place toujours au centre de l’image, comme si c’était elle "le faisceau lumineux permettant de s’échapper" dont les personnages parlent sans cesse. Celui qui permet à l’écran de prendre vie. À la manière de Damien Chazelle dans Babylon et de Steven Spielberg dans The Fabelmans, Sam Mendes revient de la pandémie avec une œuvre louant son art et l’expérience en salles.
Mais comme pour ces deux films, qu’il rejoint au cinéma le 1er mars, il serait réducteur de cantonner Empire of Light à une simple déclaration d’amour. Après avoir porté à l’écran les souvenirs de la Première Guerre mondiale de son grand-père dans 1917, Sam Mendes s’inspire aussi librement des siens, dont ceux de sa propre mère pour le personnage de Hilary, et dresse un portrait de l’Angleterre du début des années 1980. De la pop déstructurée au contexte social brûlant. Une période charnière pour le pays, marqué par les émeutes de Brixton quelques mois plus tôt, qui a opposé la jeunesse noire du sud de Londres à la police pendant trois jours et trois nuits.
Parenthèse désenchantée pleine de poésie et pas dénuée de tendresse, Empire of Light invite le spectateur dans le quotidien d’outsiders que le cinéma – l’objet autant que la salle – va rapprocher. Comme si Sam Mendes figeait le temps pour parler aussi bien d’eux que de nous. Avec en prime, une apparition du toujours très classe Colin Firth dans un rôle absolument détestable.
>> Empire of Light de Sam Mendes, avec Olivia Colman, Micheal Ward, Colin Firth et Toby Jones - au cinéma le 1er mars
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