RENCONTRE – Après avoir marqué l’histoire de la télé avec "Les Deschiens", Olivier Saladin et Lorella Cravotta jouent un couple de retraités surendettés dans "Oranges Sanguines", la comédie de Jean-Christophe Meurisse en salle le 17 novembre. Des retrouvailles sous le signe de l’humour et de l’improvisation.
"Ça fait 30 ans qu’on fait le couple. Il faut croire qu’on a des physiques qui vont bien ensemble", constate Olivier Saladin. "T’en as peut-être marre ?", s’inquiète Lorella Cravotta. "Non, ça va", répond son complice en faisant la moue. Ensemble, ils font des merveilles dans Oranges Sanguines, la comédie déjantée de Jean-Christophe Meurisse, en salles le 17 novembre. Ils y incarnent deux retraités surendettés qui participent à un concours de danse rock n’roll pour rembourser leur banque. C’est drôle, c’est cruel, c’est tendre aussi. Et au fond pas si éloigné du phénomène qui les a fait connaître.
De 1993 à 2002, ces deux comédiens de théâtre se sont invités dans les foyers avec "Les Deschiens", la cultissime série courte de Jérôme Deschamps et Macha Makaïeff, diffusée sur Canal +. Aux côtés de François Morel, Yolande Moreau et autre Bruno Lochet, ils ont campé ces personnages délicieusement kitsch, s’exprimant face caméra dans des situations frisant l’absurde lorsqu'ils vantent les mérites du Gibolin, un mystérieux produit miracle entré comme eux dans la culture populaire…
"On s’était rencontrés avant, en 1987 je crois, déjà dans un spectacle de Deschamps et Makaïeff", se rappelle Lorella Cravotta. "On n’était pas mariés mais on m’appelait déjà Madame Saladin !". De la scène au petit écran, le transfert va propulser ces deux comédiens dans une autre dimension. "Disons que ça nous a donné une visibilité", tempère Olivier Saladin. "Au théâtre, on peut jouer des années et des années et les gens vous demandent : 'Qu’est-ce que vous faites en ce moment ?'. Alors qu’on est tout le temps sur les routes", soupire-t-il.
Sa partenaire livre, elle, cette anecdote savoureuse : "Je me rappelle, j’étais à la Tate Gallery à Londres, j’admirais un magnifique Turner, et là j’ai vu un groupe scolaire arriver. En m'apercevant les gamins ont arrêté de regarder les tableaux et se sont mis à hurler : 'C’est une Deschiens, c’est une Deschiens !'. Et j’étais extrêmement gênée." Amusé, Olivier Saladin se tourne vers nous et balance : "Moi j’ai dû arrêter le camping. Mais comme je n’étais pas assez riche pour aller à l’hôtel, je me suis retrouvé à la rue !".
L'improvisation, c'est quelque chose qui réclame un état de concentration très particulier. Un lâcher-prise. Ça peut faire peur. Il faut trouver le juste équilibre
Lorella Cravotta
À la ville comme à l’écran, les deux amis affichent une complicité naturelle, terminant les phrases de l’un ou de l’autre. Presque une seconde nature pour ces deux experts de l’improvisation. C’était déjà la règle dans les Deschiens, où ils étaient laissés en liberté pendant 3 minutes face à la caméra. Et c’est encore le cas avec Jean-Christophe Meurisse dont ils ont rejoint en 2019 la troupe Les Chiens de Navarre, devenant les têtes d’affiche du spectacle Tout le monde ne peut pas être orphelin.
"Il y a des acteurs qui n’aiment pas l’impro", explique Olivier. "Ils aiment qu’on leur donne un texte et qui vous disent que si c’est bien écrit, il n’y a pas besoin d’en sortir". Pour Lorella, "c’est quelque chose qui réclame un état de concentration très particulier. Un lâcher-prise. Ça peut faire peur. Il faut trouver le juste équilibre, ne pas se laisser déborder et rester dans un cadre. Sur Oranges Sanguines, on pouvait toujours compter sur Jean-Christophe parce qu’à l’oreille, il sait que c’est juste."
Les deux comédiens ne cachent pas leur admiration pour leur metteur en scène qui après Apnée, en 2016, signe sans doute le film le plus méchamment drôle de 2021. Mais s’agit-il vraiment d’une comédie ? "Avec Jean-Christophe, tout n’est jamais de la même couleur", observe Olivier. "On est toujours sur une crête et on ne sait jamais de quel côté on va tomber. On se dit : 'Tiens, on est dans une comédie'. Et puis soudain : "Non, c’est plus grave que ça !'. On est chahuté. Et j’aime bien ça."
Pour Oranges Sanguines, le duo a encore élargi sa palette de jeu en prenant des cours de rock n’roll. "On a beaucoup répété. Même si j’avais beaucoup plus de facilité qu’Olivier !", ironise Lorella. "Mais bon, il s’est bien défendu". Jean-Christophe Meurisse ne les ayant pas recrutés pour son prochain spectacle, à leur grand regret, peut-être tenteront-ils leur chance sur la prochaine saison de "Danse avec les stars" ? "On attend la proposition !", répondent-ils en chœur. Avis aux producteurs…
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