Celle qui nous a habitués aux rôles dramatiques change de registre dans un film alliant humour trash et touchants récits initiatiques, en salles le 21 juin."J’ai toujours été ouverte à l’idée de faire une comédie. Je n’en avais juste pas encore lu une de suffisamment drôle", nous explique l'actrice oscarisée, de passage à Paris avec son partenaire de jeu Andrew Barth Feldman et leur réalisateur, Gene Stupnitsky.
Son plus grand défi tient en une phrase. "Faire en sorte que Jennifer Lawrence fasse le film !". Ancien scénariste de la série The Office, Gene Stupnitsky a bâti son second long-métrage autour de l’actrice hollywoodienne, qui se trouve aussi être une de ses amies dans la vie. Son titre ? Le Challenge, une comédie folle inspirée d’une véritable petite annonce qui l’est tout autant. Ou comment des parents surprotecteurs sont partis en quête d’une jeune femme désireuse, contre rémunération, de déniaiser leur fils timide et sans expérience avant son entrée à l’université.
Je ne suis même pas sûre que le film aurait vu le jour sans elle
Le réalisateur Gene Stupnitsky à propos de Jennifer Lawrence
Dans Le Challenge, au cinéma le 21 juin, Maddie répond à une requête similaire pour le jeune Percy dans l’espoir d’obtenir, en échange, la voiture dont elle a tant besoin. La sienne a fini à la fourrière, l’empêchant d’effectuer les courses Uber qui lui permettent de payer le prêt de sa maison d’enfance. Un rôle "écrit pour Jennifer Lawrence" par Gene Stupnitsky, qui a craint jusqu’au bout que l’actrice oscarisée, plus habituée aux drames qu’aux comédies graveleuses, dise non. "Elle ne fait pas beaucoup de films alors quand elle en fait un, c’est spécial. Je ne suis même pas sûre que celui-ci aurait vu le jour sans elle", nous raconte-t-il lors de son passage à Paris.
"Avec l’âge, on se fout de ce que les gens pensent", assène Maddie dans Le Challenge. Quand on demande à Jennifer Lawrence si c’est pour ça qu’elle a attendu de signer pour une comédie, elle nous répond en riant. "C’est certainement ce qu’il y a de mieux quand on vieillit. Mais non, je n’ai pas attendu intentionnellement ! J’ai toujours été ouverte à l’idée de faire une comédie. Je n’en avais juste pas encore lu une de suffisamment drôle", nous dit-elle, cachant sa bouche de la main comme pour nous confier un secret. Elle parle du scénario de son ami comme du "plus drôle qu’elle n’ait jamais lu".
De quoi précipiter son retour au cinéma, elle qui à 32 ans avait choisi de mettre sa carrière sur pause. Elle a tourné le percutant Don’t look up pour Netflix, l’émouvant Causeway pour AppleTV+. Mais rien pour le grand écran, qu’elle n’avait pas l’intention de retrouver de sitôt. Devenue mère d’un petit garçon l’an dernier, l’actrice américaine se consacrait à sa nouvelle vie de famille. "Quand j’ai fini le script, je l’ai jeté et j’ai dit : ‘Quand est-ce qu’on peut être sur le plateau ?’", sourit-elle. Gene Stupnitsky loue le pouvoir comique de sa star, qui a déjà prouvé maintes fois qu’elle avait un sacré sens de l’humour au quotidien. YouTube est là pour le rappeler, compilant ses séquences les plus hilarantes en interview ou lors des remises de prix. Qui a déjà oublié sa chute en allant récupérer son Oscar il y a tout juste 10 ans pour Happiness Therapy ?
"Il y a quelque chose de très charmant et de victorieux chez elle. On l’a vu par bribes dans certains de ses rôles mais là, c’est une performance purement comique et dramatique aussi. Elle traverse ce film comme un ouragan. Mon co-scénariste John Phillips dit qu’elle est comme une machine à insulter. Et il a raison ! Elle est très drôle dans la vie, je voulais le montrer dans le film", nous assure le cinéaste. Si "elle le surprenait toujours" pendant les 40 jours du tournage, elle devrait aussi étonner le public. Car Jennifer Lawrence lâche tout – y compris ses sous-vêtements - dans un film beaucoup plus tendre qu’il n’y paraît, où l’humour trash de la bande-annonce s’allie parfaitement aux récits de vie cabossés de ses héros.
Jouer Katniss dans "Hunger Games" a été un tel honneur dans ma vie
Jennifer Lawrence
"Il y a quelque chose de fondamentalement dramatique dans les histoires sur le passage à l'âge adulte. À ce moment-là, toutes vos émotions, tous vos sentiments sont forts. Ils deviennent plus petits au fur et à mesure que vous vieillissez. La comédie, c’est génial. Les blagues, c’est génial. Mais si ce n'est que ça, c’est comme tromper un peu le public. Les gens veulent rire, mais ils ont aussi envie de ressentir. C’est le mélange des deux qui fait le meilleur film", souligne Gene Stupnitsky.
"C’est comme ça que vous savez que vous avez un bon film. La comédie est alimentée par la réalité et ces personnages ont les pieds sur terre", acquiesce Jennifer Lawrence, dont l’alchimie évidente avec son partenaire de jeu déborde de l’écran. Associés en interview, "JLaw" et Andrew Barth Feldman finiraient presque les phrases l’un de l’autre. L’habitude de la promo sans doute, mais surtout la preuve d’une solide amitié. Comme si, à l’image de Maddie et Percy, ces deux-là s’étaient trouvés malgré les 12 ans qui les séparent. "Je me suis senti tellement encouragé à être moi-même grâce à elle, parce qu’elle est tellement elle-même", nous dit le comédien repéré à Broadway, qui tient là son premier rôle au cinéma.
"J’imagine que quand vous avez de plus en plus de succès, il est de plus en plus difficile d’être gentil, généreux, inclusif et de laisser la place aux autres pour qu’ils soient eux-mêmes. Dès le départ, elle s’est montrée très accueillante et je me sens encouragé à faire de même à l’avenir", ajoute-t-il. Il nous vole l’expression "marraine de cinéma" pour qualifier la star de Hunger Games avant que celle-ci ne le corrige. "Je dirais plutôt que je suis ta sœur de cinéma !", réplique-t-elle.
Jennifer Lawrence redevient sérieuse quand on l'interroge sur son envie de retrouver le personnage de Katniss Everdeen, dont elle a parlé à Variety. "Je comprends que ces propos aient été beaucoup repris. Je pense que le prochain film Hunger Games : la ballade du serpent et de l'oiseau chanteur sera fantastique et qu’ils n’auront certainement pas besoin de moi. On m’a demandé si je voulais la jouer à nouveau, la réponse a été 'oui, bien sûr'. Ça a été un tel honneur dans ma vie", nous glisse-t-elle. En attendant un éventuel retour de la fille du feu, puisse le sort du box-office être favorable au Challenge dès sa sortie en salles.