Déjà milliardaire au box-office, le film de Greta Gerwig a des conséquences inattendues outre-Atlantique.La presse américaine rapporte que la recherche des prénoms Barbie et Ken a explosé ces dernières semaines.Certaines jeunes femmes, inspirées par la prise de conscience de la poupée incarnée par Barbie, ont elles décidé de redevenir célibataires.
Les experts le voient déjà frôler les 1,5 milliard de dollars au box-office. De quoi faire de lui le plus gros succès de l’année et l’approcher du top 10 des films les plus rentables de l’histoire. Phénomène incontestable et incontesté de l’été au cinéma, l’impact de Barbie s’étend bien au-delà des salles. En particulier aux États-Unis où la poupée incarnée par Margot Robbie est créditée d’un rôle inédit. Celui de chef de file de l’économie. Le succès de la comédie satirique de Greta Gerwig combiné à celui de la tournée de Taylor Swift contribue à "éviter une récession", note le média spécialisé Axios.
Un discours féministe qui divise
En plus de payer leurs places de cinéma, les Américains dépensent quelques dollars supplémentaires pour acquérir le moindre objet siglé Barbie. Et ils sont nombreux, quand on sait que Mattel s'est allié à plus d’une centaine de marques pour créer des produits dérivés autour du film. La très sérieuse radio NPR parle de "secousse Barbie", provoquée essentiellement par le girl power que prônaient les Spice Girls en leur temps. "Les femmes aspirent à une joie et une catharsis communes", insiste le New York Times dans une tribune mettant en lumière l’association gagnante de Barbie et Taylor Swift.
Car derrière sa façade rose bonbon de rêve, Barbie ouvre surtout une large discussion sur l’estime de soi et l’injonction à la perfection dans une société patriarcale qui en prend pour son grade. Toujours avec humour. "Je pense que le moment le plus impressionnant pour les femmes dans ce film, c'est le discours d’America Ferrera. C'est là que beaucoup de femmes se lèvent et applaudissent ou fondent en sanglots. L'un ou l'autre", nous disait Margot Robbie mi-juillet. Au cœur de l’action, Gloria, le personnage incarné par la star d’Ugly Betty, énumère tout ce qui fait qu’il est "littéralement impossible d’être une femme".
"Nous devons toujours être extraordinaires, mais d’une certaine façon nous avons toujours tout faux. Tu dois être mince mais pas trop mince. Et tu ne peux jamais dire que tu veux être mince. Tu dois dire que tu veux être en bonne santé, mais tu dois aussi être mince (…). Tu dois répondre du mauvais comportement des hommes, ce qui est fou, mais si tu fais remarquer ça, tu es accusée de te plaindre", lance-t-elle notamment dans ce monologue passionné qui a trouvé un écho chez bon nombre de spectatrices. Tout en énervant plus d’un, certains conservateurs qualifiant Barbie de "manifeste anti-hommes woke". Ben Shapiro, commentateur conservateur, s’en agace dans une vidéo de 43 minutes à l’issue de laquelle il commence par… mettre le feu à une Barbie.
Des recherches en hausse de 600% pour le prénom Barbie
Des désaccords aux répercussions surprenantes, jusque dans l'intimité du public. "Le film Barbie met fin aux relations à tout-va", analyse ainsi le HuffPost américain dans un savoureux article. Sur Reddit et sur TikTok, des utilisatrices ont rapidement érigé l’œuvre de Greta Gerwig en "épreuve de vérité" pour leurs couples hétéro. Pour faire simple, si votre compagnon ressort en étant du côté de Barbie, ça passe. S’il quitte la séance en affirmant que "Ken n’a rien de fait de mal" et que "le patriarcat, c’est bien", alors ça casse.
Barbie a aussi agi comme un électrochoc chez des hommes qui ont quitté leur petite amie en réalisant que, comme Ken qui "ne passe une bonne journée que si Barbie le regarde", ils n’avaient pas à vivre uniquement à travers leur couple. La fiction offre de quoi ouvrir des discussions sur les conséquences de la masculinité toxique sur l’ensemble de la société. Mais également sur d’autres points inattendus.
TMZ et People rapportent que les recherches des prénoms Barbie et Ken étaient plus importantes que jamais sur les sites spécialisés, destinés à aider les futurs parents et leur progéniture. En juillet, les requêtes autour de Barbie étaient en hausse de 300% sur BabyNames.com, celles de Ken de 200%. Les chiffres sont encore plus impressionnants chez le concurrent Nameberry, avec 603% d’augmentation des recherches pour Barbie depuis la publication de la première bande-annonce en avril, 293% pour Ken.
Tous deux populaires dans les années 1960, aucun ne se trouve actuellement dans le top 100 des prénoms aux États-Unis. Il y a quelques années, la série Game of Thrones avait accouché de milliers de petites Kahleesi d'après le personnage d'Emilia Clarke. Et si le nombre de personnes à qui l'on pourra dire "Hi Barbie !" était plus nombreux dans les prochains mois ? "Barbie et Ken piquent l’intérêt des parents mais ça ne veut pas dire que ça se traduira dans les faits", prévient la rédactrice en chef du site Nameberry auprès de People, rappelant que seules 27 petites Barbie sont nées aux États-Unis en 2022.