"Le Règne Animal" : ce grand film fantastique français qu'on n'attendait pas

Publié le 3 octobre 2023 à 21h26, mis à jour le 3 octobre 2023 à 21h43

Source : TF1 Info

En salles ce mercredi, le deuxième long-métrage de Thomas Cailley offre une alternative séduisante au fantastique à l’anglo-saxonne.
Ou comment un père et son fils s'apprivoisent dans un monde où les humains se changent en bêtes féroces.
Une vraie réussite, portée par la performance attachante de la révélation Paul Kircher.

Attention, pépite rugissante ! Avec Le Règne Animal, le réalisateur Thomas Cailley s’essaie avec brio au fantastique, un genre qui peine souvent à convaincre les décideurs du cinéma français. Dans un futur proche, un mystérieux virus change une partie des humains en animaux. C’est le cas de l’épouse de François (Romain Duris), transférée vers un centre spécialisé dans le sud de la France au dernier stade de sa mutation. Alors que son mari aimant a décidé de déménager auprès d’elle avec leur fils Émile (Paul Kircher), elle s’évade en chemin avec d’autres patients… 

Révélé avec Les Combattants, vrai-faux western écolo avec Adèle Haenel et Kevin Azaïs qui lui a valu le César du meilleur premier film en 2014, Thomas Cailley a fait une incursion par la télévision avec la série de SF Ad Vitam, diffusée sur Arte en 2018. Cinq ans plus tard, ses retrouvailles avec le grand écran ont fait sensation au dernier Festival de Cannes où Le Règne Animal était présenté en section Un certain regard, même si le film n’aurait pas eu à rougir d’un ticket en compétition.

Des échos troublants avec l'actualité

Ce qui séduit d’emblée, c’est le réalisme tranquille de l’univers qui est dépeint. Pas besoin de grands discours ou de trucages numériques spectaculaires. Dès les premières minutes, il suffit d’un échange de regards entre l’époux désemparé, le fils révolté et la mère métamorphosée pour saisir le malaise ordinaire que suscite cette pandémie d’un troisième type. Pas question toutefois de verser dans un premier degré plombant, Thomas Cailley et sa co-scénariste Pauline Munier ponctuant les dialogues de leurs personnages d’un humour décalé plutôt savoureux.

Si Le Règne Animal fait écho à l’actualité récente, et à toutes les formes de discriminations en général, c’est aussi et surtout un très beau film sur la filiation. Ou comment, à la faveur d’un phénomène hautement improbable, un mari rongé par le chagrin parvient à se métamorphoser en père pour un adolescent en mal d’amour. Une thématique qui n’a pas sans rappeler le récent Acide de Just Philippot, injustement boudé depuis sa sortie le mois dernier. Le film de Thomas Cailley connaîtra-t-il un sort différent ? On l'espère pour cet auteur doué et son casting de choc.

À l’approche de la cinquantaine, Romain Duris a conservé un charme juvénile qui colle à merveille au personnage de François, papa paumé en quête du mode d'emploi. Mais celui que le public va découvrir et plébisciter, croisons les doigts, c’est l’épatant Paul Kircher. Nommé au César du meilleur espoir masculin au printemps pour Le Lycéen de Christophe Honoré, il est irrésistible dans la peau de l’attachant Émile. Un brin maladroit mais d’un charme fou, en guerre avec son corps de jeune adulte – ou de grand bébé, c’est à voir - il dévore la pellicule à chacune de ses apparitions. La métaphore n’est pas usurpée, vous verrez…

>> Le Règne Animal de Thomas Cailley. Avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos. 2h08. En salles mercredi.


Jérôme VERMELIN

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