"Le Traducteur", au cinéma ce mercredi : un thriller intense qui mêle l’intime au politique

Publié le 13 octobre 2021 à 11h45

Source : Sujet TF1 Info

ON AIME – En salles ce mercredi, "Le Traducteur" de Rana Kazak et Anas Khalaf raconte les premières heures du Printemps arabe en Syrie à travers la descente aux enfers d’un exilé revenu au pays pour porter secours à son frère.

Le Traducteur est d’abord un film sur le pouvoir des mots. Au service des athlètes de l’équipe olympique syrienne aux Jeux de Sydney en 2000, Sami n’est en effet plus le bienvenu dans son pays après un lapsus lourd de sens. Après avoir obtenu l’asile politique, il a refait sa vie en Australie, laissant derrière famille et proches. Jusqu’au jour son frère est arrêté aux premières heures du printemps arabe, en mars 2011. 

Rongé par le remords, cet homme doux et discret décide d’aller lui porter au secours, avec l’aide d’un ami activiste qui pense comme lui assister aux dernières heures du régime de Bachar al-Assad, dans la roue de ceux de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte. Sur place, les deux hommes vont malheureusement vite découvrir que l’espoir nourri par le peuple syrien est en train de se transformer en cauchemar…

L'acteur Ziad Bakri, remarquable

Premier film de fiction de Rana Kazkaz et Anas Khalaf, Le Traducteur mêle avec habileté l’intime au politique. À travers le destin de Sami, un homme qui s’efface depuis toujours derrière la parole des autres, le couple de cinéastes interroge la capacité de chaque individu à défendre ses convictions. Grâce à la mise en scène nerveuse, et l’interprétation en nuances du comédien palestinien Ziad Bakri, vu dans Le Bureau des légendes, le spectateur est embarqué dans une spirale infernale où chaque protagoniste est contraint de faire des choix douloureux.

Dix ans et des poussières après le vent de révolte qui a soufflé sur le monde arabe, Le Traducteur est aussi, hélas, le portrait d’une nation qui a sombré depuis dans une crise humanitaire tragique, sous le nez de la communauté internationale. Rana Kazkaz et Anas Khalaf, qui vivent aujourd’hui loin de Syrie, ont conçu ce film comme un exutoire à leur propre culpabilité. Et un hommage à ceux qui n’ont pas pu, ou pas voulu quitter leur pays, au péril de leur vie.

>> Le Traducteur de Rana Kazkaz et Anas Khalaf. Avec  Ziad Bakri, Yumna Marwan, David Field. 1h45. En salles


Jérôme VERMELIN

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