William Nadylam, le Frenchy des "Animaux fantastiques", ne savait pas "pour quoi il passait le casting"

Il en parle comme d’un "petit miracle". Quand on lui demande par quelle magie il a intégré l’univers magique de J. K. Rowling, William Nadylam confesse "se poser la question tous les jours". "On vient de passer deux ans un peu hardcore. Ça ne s’arrange pas géopolitiquement. Je pense qu’on a besoin du rêve pour appréhender la réalité. C’est pour ce genre de leçon-là que je suis rentré dans ce métier", nous explique l’acteur. Il manie les mots avec la même précision qu’un sorcier utilise sa baguette magique. Une touche de poésie en plus. Depuis Les Crimes de Grindelwald, deuxième volet des Animaux fantastiques sorti en 2018, il incarne le puissant mage français Yusuf Kama.

Homme de théâtre vu également dans la série Parlement et le film L'Affaire SK1, William Nadylam raconte avoir "grandi avec des modèles d’acteurs qui n’avaient pas de limites". D’Yves Montand à Romy Schneider. "Faire ces films Animaux fantastiques est une grande chance. Ça me rend très humble. Je ne pense jamais que j’ai les choses parce que je les mérite. Je pense que c’est juste tombé sur moi. Donc je cours comme un voleur de peur qu’on me le reprenne", glisse-t-il dans un grand éclat de rire. La métaphore ne pouvait pas être plus appropriée. "Je peux vous raconter une anecdote ?", nous demande-t-il avant de se lancer dans un palpitant récit. "J’ai passé un casting mais autant vous dire que je ne savais pas pour quoi. J’ai fait une scène avec Jack qui parlait à Joe de Jill", se souvient-il.

Le jour de son audition londonienne, William Nadylam se fait dérober toutes ses affaires dans un café. Il repère le voleur à l’extérieur, le confronte et finit par se battre avec lui avant que la police n’intervienne. "Je monte au casting décoiffé et débraillé. Je me suis dit : 'C’est foutu. Ils ne vont jamais me prendre au sérieux'", poursuit-il. Sauf que l’équipe des Animaux fantastiques se décide à faire de lui son Yusuf Kama. "Pour moi, c’est un moment hyper particulier. Tout était contre moi. Avoir cette audition et rencontrer le réalisateur David Yates, c’était vraiment un miracle pour moi", sourit-il en s’amusant de "son histoire qui n’a peut-être ni queue ni tête".

William Nadylam reprend son rôle de sorcier dans Les Secrets de Dumbledore, troisième volet dans lequel son personnage s’impose davantage. Il est l’un des cinq membres de la toute première armée de Dumbledore, mise sur pied par le directeur de Poudlard pour faire tomber le sombre Grindelwald. Yusuf va d’ailleurs se frotter de près à ce "méchant hyper charismatique" désormais interprété par Mads Mikkelsen. Appelé en renfort après l’éviction de Johnny Depp, le Danois livre une partition très angoissante. "C’est surtout un acteur très généreux", insiste le Français qui a bien cru que ce film ne se ferait jamais.

"On était sur le point de commencer à tourner. On avait fait la première lecture. J’étais reparti à la maison pour chercher mes affaires et boum ! Cette pandémie est arrivée", se remémore-t-il. William Nadylam a finalement renfilé son costume de sorcier quelques mois plus tard. "Je dois tirer mon chapeau à tous ceux qui ont rendu ça possible parce que c’étaient vraiment eux, les héros", souligne-t-il, affirmant s’être senti "super protégé" sur le plateau. "J’ai bossé avec des personnes pendant sept mois sans voir leur visage parce qu’elles étaient tout le temps masquées. Et ça, c’est pour moi une grande leçon de civilité, de patience et d’amour du cinéma. Ce film, c’était notre lumière au bout du tunnel. On s’est dit que si on pouvait l’apporter au public, ça vaudrait le coup d’avoir demandé à tout le monde de faire des efforts", note-t-il.

La magie l’emporte aussi à l’écran, où l’univers créé par J. K. Rowling donne toujours autant de frissons aux fans de la première heure. Pas un hasard si Les Secrets de Dumbledore se clôt au Bhoutan, le pays du bonheur. Né d’un père africain et d’une mère indienne, William Nadylam confie avoir été bercé par la magie depuis l’enfance. "C’est bien simple, il n’y a pas de mort naturelle au Cameroun. Quand on meurt, c’est qu’il y a forcément de la magie derrière", nous détaille-t-il, assurant qu’il y "a de la magie dans tout ce que l’on fait". "Dans le fait de rire, d’aimer, de survivre à la douleur, au deuil, d’avoir une blessure et qu’elle se referme". Il voit la baguette magique comme "une métaphore de la vie qu'on vit tous les jours". "On a besoin de magie pour passer au lendemain et on peut la transmettre à l'autre. Pour moi, ces films sont le rappel que cette magie est à notre portée tous les jours", conclut-il. On vous a dit qu'il était plein de poésie, non ?  

>> Les Animaux fantastiques : les Secrets de Dumbledore, avec Eddie Redmayne, Jude Law, Mads Mikkelsen et William Nadylam - au cinéma le 13 avril