Le géant du streaming débarque en force à la Mostra de Venise, qui ouvre ses portes ce mercredi soir.Elle présentera quatre films dont "Blonde", le biopic Marilyn Monroe et "Athena" du Français Romain Gavras.Une manière de redorer son image auprès des cinéphiles, après une série de blockbusters de mauvaise qualité.
Persona non grata sur la Croisette, Netflix fait sa rentrée en grandes pompes ce mercredi à la Mostra de Venise avec pas moins de quatre films en compétition. Si le Festival de Cannes ferme toujours la porte au géant du streaming, qui refuse de les sortir en salles avant leur mise en ligne, son concurrent italien se montre plus conciliant. Et le géant en streaming en a déjà bien profité. En 2018, magnifique Roma d’Alfonso Cuaron avait remporté le Lion d’or tandis que l’an dernier, Paolo Sorrentino et Jane Campion étaient repartis avec le Grand prix du jury et le Lion d’argent de la mise en scène pour respectivement La Main de Dieu et The Power of The Dog.
Pour la plateforme américaine, ces trophées ne sont pas anodins. Présentée à ses débuts comme un robinet à séries, elle est encore souvent accusée de faire de gros chèques aux stars hollywoodiennes pour s’attirer leurs services, au détriment de la qualité comme on a pu le voir par le passé avec Will Smith dans Bright ou Red Notice avec Ryan Reynolds et The Rock. Et plus récemment cet été avec The Gray Man, le film d’action boursouflé des frères Russo, avec Ryan Gosling et Chris Evans. Ou encore la comédie vampirique Day Shit avec Jamie Foxx et Snoop Dogg.
La voie royale avant les Oscars ?
Mais Netflix a également su donner carte blanche à ces cinéastes de renom comme Martin Scorsese, David Fincher ou encore les frères Coen, manière d’assoir sa crédibilité auprès des cinéphiles. L’hiver dernier, la comédie écolo Don’t look up avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence a suscité un buzz mondial, et plusieurs nominations à la clé. Mais c’est l’une de ses concurrentes, AppleTV+, qui est repartie avec la statuette du meilleur film pour CODA, le remake de La Famille Bélier. Le cru de rentrée lui offrira-t-il enfin cette consécration tant attendue ?
Début de réponse dès ce mercredi ce soir puisque la plateforme fera l’ouverture avec White Noise, le nouveau film de Noah Baumbach, d’après le roman culte de Don de Lillo (Bruit de fond en VF), paru en 1985 et primé par le National Book Award. L’incontournable Adam Driver et Greta Gerwig sont les têtes d’affiche de cette chronique acide de l’American Way of Life. Le "bruit de fond" du titre, c’est celui de la saturation médiatique du monde contemporain, alors qu’une fuite toxique menace une ville tout entière.
Netflix mise également très gros sur Blonde, une autre adaptation d’une légende de la littérature américaine puisqu’il s’agit de la très libre biographie de Marilyn Monroe signée Joyce Carol Oates. Pour incarner, l’icône hollywoodienne ultime, le Néo-zélandais Andrew Dominik a fait appel à l’actrice qui monte, la Cubano-espagnole Ana de Armas. D’une durée monstre de 166 minutes, le film comporterait plusieurs scènes de sexe que le réalisateur aurait refusé de couper au montage. Mise en ligne le 28 septembre prochain.
Comme son compatriote Alfonso Cuaron avec Roma, Alejandro González Iñárritu s’est tourné vers Netflix pour tourner un projet plus personnel, après le triomphe américain de Birdman et The Revenant. Dans Bardo, son premier film tourné au Mexique depuis Babel, en 2005, il raconte l’histoire d’un journaliste qui rentre au pays après plusieurs années et va se voir confronter à une réalité qu’il n’imaginait pas. Un double à peine imaginaire ?
Le quatrième film Netflix présenté à Venise est tricolore puisqu’il s’agit d’Athena, le troisième film du prodige Romain Gavras qui raconte l’histoire d’une fratrie réunie dans le feu et le sang suite à la mort du plus jeune, victime d’une bavure policière. Co-écrite par Ladj Ly, l’auteur des Misérables, cette "tragédie urbaine" a été tournée dans le quartier du Parc aux lièvres à Évry-Courcouronnes, avec plusieurs centaines de figurants engagés parmi les habitants. Par ses thèmes, et ses partis pris esthétiques assumés, c’est clairement l’un des films français les plus attendus de la rentrée.
En s’associant à la plateforme, le fils de Costa-Gavras va sans doute relancer le débat sur la place qu’elle occupe aujourd’hui dans notre cinéma. En échange d’une contribution financière à la création hexagonale, elle a obtenu que ses films puissent être mis en ligne 15 mois après une sortie en salle, contre 36 jusque-là. Un délai qu’elle aimerait encore raccourcir puisque dans la plupart des pays, dont les Etats-Unis, elle peut proposer des sorties simultanées sur grand-écran et en streaming. Ce ne sera pas encore le cas pour Athena qui sera uniquement visible en ligne, à partir du 23 septembre. Dommage.