Le réalisateur de "Get out" et "Us" revient donner des sueurs froides au public dès ce mercredi 10 août au cinéma.Son nouveau film suit une sœur et un frère désireux de filmer coûte que coûte un étrange phénomène.Une œuvre aussi puissante qu’impressionnante qui ne vous laissera pas indemnes.
Trouver les mots adéquats pour parler d’un film de Jordan Peele peut s’avérer difficile. Presque aussi délicat que de tenter de deviner ce qu’il va nous raconter en se basant sur la simple bande-annonce. Après le politique Get out et le social Us, le réalisateur américain accouche avec Nope – "Non" en VF - d’un cauchemar fusionnant l’horreur, le thriller et la science-fiction à qui on dit un grand oui. Un fin mélange qui écarquillera vos yeux encore et encore, à l’image de ses héros qui s’affichent la tête levée et le regard grand sur les posters promotionnels. Car cette fois, le danger vient d’ailleurs.
Nope, c’est d’abord l’histoire d’une sœur et d’un frère qui tentent de maintenir à flot l’entreprise familiale après la mort plus qu’étrange de leur père, seul dresseur de chevaux afro-américain à Hollywood. Emerald et OJ Haywood ont hérité du ranch familial, mais aussi de ses mystères. Persuadés qu’un ovni se cache dans les nuages, le duo va tout faire pour le filmer. Peu importe le prix.
L’expérience de cinéma qui résulte de leur quête est visuellement ébouriffante et joue avec nos sens, à tel point que même les acteurs ont été "déconcertés" en découvrant le film. "Sur le tournage, tout m’a semblé très clair parce que j’étais concentrée uniquement sur mon personnage. Jordan nous avait bien sûr donné l’idée générale et les thèmes, j’avais bien sûr lu le scénario mais je n’avais pas réalisé toutes les couches qui s'entremêlent jusqu’à ce que je le voie pour la première fois. Ça m’a vraiment frappée", nous raconte la pétillante Keke Palmer.
Et si le monstre, c'était nous ?
La séquence d’ouverture est d’autant plus terrifiante qu’elle ne fait pas immédiatement sens avec ce que nous promettait la bande-annonce, jouant avec le spectateur qui se retrouve lui aussi perdu face à l’inconnu. De quoi prouver qu’au pays des fausses pistes, Jordan Peele est plus que jamais le roi. Avec Get out, Jordan Peele avait séduit les plus réfractaires au cinéma d’horreur en jouant déjà d’un savant mélange des genres. "Son fondement, c’est l’horreur mais il n’est pas limité par ça", insiste Daniel Kaluuya, qui retrouve le cinéaste cinq ans après le film phénomène. "Ce n'est pas un slasher direct (un film mettant en scène les meurtre d'un tueur psychopathe : ndlr). Il y a du cœur, du drame et de la comédie aussi. C’est comme s’il créait un monde auquel pouvaient s’accrocher les fans des autres genres", poursuit l'acteur britannique oscarisé.
La recette est la même pour Nope qui réussit à nous divertir tout en nous hantant longtemps après la séance. On rit devant OJ qui lâche ses "nope" aux moments les plus inattendus, on frissonne devant presque tout le reste. La faute à la plume acérée de Jordan Peele qui distille plusieurs pistes de réflexion, en particulier sur notre soif permanente d’images et la spectacularisation de nos sociétés. "Nous sommes obsédés par ce qui est rare et ce qui est étrange, ce qui est violent et ce qui est brutal", analyse Daniel Kaluuya en prenant en exemple les vidéos de décapitation qui inondent Internet. "Certains se disent : ‘Oh ils ont filmé ça, je veux aussi regarder !' mais sans se demander si c’est bon pour nous", insiste-t-il.
Et si le monstre dans ce film n’était pas l’ovni mais bien nous en tant qu’humains ? "C’est une interprétation valable", reconnaît Keke Palmer qui y voit plutôt une "réflexion sur l’industrie dégénérée du divertissement qui vous mâche et vous recrache". "Mais je le vois sans doute comme ça spécifiquement parce que je fais partie de cette industrie", note-t-elle. Un clin d’œil au personnage de Steven Yeun (The Walking Dead) dont on ne vous dira rien de plus pour préserver l’effet de surprise. Si ce n’est qu’il est lié à l’un des moments les plus horrifiques du long-métrage selon nous. "Je crois que dans tout le travail de Jordan, et en particulier dans Nope, l’horreur et ce qu’elle représente pour vous est une question de perspective personnelle", ajoute encore la comédienne. Tout comme la réception de cette œuvre qui vous fera sans doute regarder les nuages différemment.
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