Interview

Dans les coulisses du tournage "fou" de "Top Gun : Maverick" avec Monica Barbaro

Propos recueillis par Delphine DE FREITAS
Publié le 1 novembre 2022 à 10h00

Source : Sujet TF1 Info

Elle est la seule pilote d’élite formée par Tom Cruise dans la suite de "Top Gun", plus grand succès de l’année au cinéma en France.
À l’occasion de la sortie du film en DVD le 2 novembre, Monica Barbaro a replongé pour nous dans ses souvenirs d’une expérience pas comme les autres.
Ou comment elle et les autres comédiens ont dû jouer les réalisateurs dans les airs.

Elle a appris son casting il y a plus de quatre ans. Elle a commencé les interviews il y a deux ans, avant que la pandémie ne vienne tout bousculer. "C’est sans doute la promotion la plus longue que je ferai de ma vie mais ça permet de parler du film très facilement car nous n’oublions jamais aucune histoire", s’amuse-t-elle. Six mois après sa sortie en salles, Monica Barbaro avait encore beaucoup à nous dire au sujet de Top Gun : Maverick

L’actrice américaine de 32 ans y incarne le lieutenant Natasha "Phoenix" Trace, pilote d’élite de la Marine qui participe à une mission quasi suicide menée par le seul et unique Tom Cruise. Jointe sur Zoom depuis son domicile de Los Angeles, elle revit pour nous les heures passées à l’arrière d’un F-18 sur le tournage du film de Joseph Kosinski.

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Commençons par quelques chiffres impressionnants. En France, Top Gun : Maverick a attiré près de 7 millions de personnes au cinéma. C’est le plus gros succès de l’année mais aussi le plus gros succès de Tom Cruise dans l’Hexagone. Comment expliquez-vous un tel phénomène ?

C’est génial, je n’avais pas entendu ces chiffres ! C’est sympa de les apprendre (elle sourit). Ce qui est beau avec ce film qui se porte si bien à l'international, malgré le fait qu'il soit très américain avec notre drapeau partout, c'est qu'en fin de compte il s'agit vraiment d'un film de compétition. Il parle de camaraderie, de vos collègues, d’une mission vraiment intense. Il n’est vraiment pas question de politique mais davantage de la condition humaine, de la façon dont nous travaillons ensemble et dont vous vous battez pour vos semblables. 

Avez-vous un groupe de discussion sur lequel vous parlez de ces chiffres fous avec les autres acteurs du film ?

Oui, nous en avons plusieurs. Nous en avons un depuis longtemps entre pilotes du film. Et puis nous en avons un avec, je crois, le producteur Christopher McQuarrie et Jon Hamm. C'est là que nous échangeons davantage là-dessus. C'est assez nouveau pour moi aussi d'examiner ces chiffres et d'évaluer ce que tout ça signifie. C'est une façon assez monumentale d'en apprendre davantage à ce sujet avec ce film. 

Nous devions lancer les caméras et remplacer le traditionnel clap par un geste du doigt sur notre masque
Monica Barbaro

Sur Instagram, vous avez posté des vidéos et des photos prises à l’intérieur du cockpit. Ça commence à dater mais vous souvenez-vous de ce que vous avez ressenti la première fois que vous avez tourné une scène à bord du F-19 ?

C’était incroyable. Heureusement, nous avions volé avant de tourner quoi que ce soit. Nous avons suivi de nombreuses formations au pilotage, que Tom Cruise a lui-même conçues pour que nous ne nous laissions pas submerger par la situation. C’est marrant parce que vous dites que ça commence à dater mais récemment, j'ai volé avec les Blue Angels, la patrouille acrobatique de la Marine américaine. Le simple fait de regarder le poste de pilotage, de sentir son odeur de kérosène… Quand je suis montée dans l’avion, tout m’est revenu comme si j’avais tourné Top Gun la veille. Le souvenir a laissé une telle empreinte sur mon cerveau que j'ai eu l'impression qu'aucun temps ne s'était écoulé, ce qui est assez incroyable. 

Vous étiez réalisatrice de Top Gun : Maverick lors de chacun de vos vols. Pouvez-vous nous décrire ce que vous deviez faire ?

Grâce à notre formation de pilotage, tout ce qui était ne pas s’évanouir sous la pression des G, ne pas vomir, se remettre et continuer le vol, était déjà derrière nous. Avec nos pilotes, nous devions déterminer exactement où se trouvait le soleil, car c'était notre éclairage. Nous étions responsables des accessoires, nous devions faire nos raccords maquillage en cas de problème. Nous devions lancer les caméras, remplacer le traditionnel clap par un geste du doigt sur notre masque. Nous faisions au moins sept métiers différents. C'était donc assez fou !

Tom Cruise est un professeur, un leader et un mentor incroyable
Monica Barbaro

Joseph Kosinski, le réalisateur, vous parlait-il dans une oreillette ?

Non car il n’y avait aucun moyen de communiquer avec le sol. Nous préparions tout ce que nous allions faire en amont, minute par minute. Nous avions des briefs et des débriefs très complets. Nous avions même un cockpit d’entraînement où nous pouvions nous asseoir et passer en revue toutes les communications avec notre pilote. Les vrais pilotes utilisent leur planche de vol pour y noter leur mission, leur tactique ou autre. Ils ont beaucoup d’acronymes que je ne comprends pas (elle rit) ! J’utilisais la mienne pour diviser mon vol en différentes étapes avec mes répliques et les timecodes pour aider au montage ensuite. Il y a eu beaucoup d’essais et d’erreurs. J’ai fait certains des premiers vols et les autres ont pu tirer des leçons de mes erreurs. C’était un apprentissage permanent. 

Quel genre de professeur a été Tom Cruise ?

C'est un professeur, un leader et un mentor incroyable. Le programme de vol qu'il a conçu était entièrement basé sur sa propre expérience et sur ce que font les pilotes de la Marine. Tout le monde le considère comme un casse-cou mais il s'avère qu'il survit parce qu'il fait très attention à la sécurité. Notre apprentissage s'est fait d'une manière si minutieuse et progressive que nous n'avons jamais complètement perdu confiance en notre capacité à réaliser ce dont nous avions besoin pour ce film. Ça témoigne d'un véritable leadership et c’est ce qui fait de lui un professeur si spécial.

Paramount Pictures

Vous avez une formation de danseuse classique, dont le quotidien n’est pas si éloigné de celui d’un pilote de chasse. Ils mettent leur corps à rude épreuve et sont autant en compétition avec les autres qu’avec eux-mêmes…

J'adore la façon dont vous avez formulé ça. Vous devez vraiment avoir une tolérance élevée à la douleur pour faire les deux. C’est mon cas grâce à mes années de danse. À bien des égards, voler est une forme d'art. Il y a beaucoup de grâce. Les pilotes semblent être en quelque sorte connectés à l'avion comme s'il s'agissait d'une extension de leur corps et de leur esprit.

Des voix s’élèvent déjà en faveur d’un troisième film. On lance la campagne pour le nommer Top Gun : Phoenix ?

(Elle rit) Ce serait beaucoup de pression ! Si nous en faisions un autre, ce serait un vrai régal. Je pense que tout le monde serait plus que ravi de revenir. Mais Tom a attendu 30 ans avant d'envisager d'en faire un autre. Ça ne serait pas arrivé si Claudio Miranda, le directeur photo, et Joe n'avaient pas travaillé sur ces incroyables avancées en matière de caméras, conçu des avions capables de se déplacer aussi vite. Je pense qu'on attend et qu’on se demande ce qu’ils pourraient bien développer pour rendre le prochain film encore plus exceptionnel que celui-ci. Nous verrons !

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Propos recueillis par Delphine DE FREITAS

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