"Clara Luciani : ça commence comme ça" : un documentaire inspirant sur une icône très terre à terre

Les documentaires sur les artistes ont le vent en poupe. Après Orelsan, Bigflo & Oli, Gims ou encore Angèle, c'est au tour de Clara Luciani de se prêter à l'exercice avec une simplicité et une sincérité désarmantes. Comment une jeune fille complexée et pas sûre d'elle est devenue l'icône d'une génération ? 

Durant plus de 24 mois, le réalisateur Philippe Lézin a suivi la chanteuse de l’enregistrement de son deuxième album Cœur jusqu'à son concert à l’Accor Arena de Paris devant plus de 15.000 fans. "Ce qui me plairait, c'est que ce documentaire donne de l’espoir, qu’on se dise ce n’était pas gagné pour elle, mais elle l’a fait, du coup, nous aussi, on peut le faire", explique la chanteuse. Pari réussi. 

Si la jeune femme de 30 ans connait un succès fulgurant depuis la sortie de son premier album Sainte-Victoire en 2018, elle reste submergée par le doute. "Dans un premier temps, je créais comme j'écrivais un journal intime, pour moi, parce que j'en avais besoin. Personne n'écoutait, alors ce n'était pas stressant", explique Clara Luciani, que l'on retrouve chez elle à Paris, où trône un portrait de Françoise Hardy aux côtés d'un recueil de poésie d'Arthur Rimbaud et d'un vinyle des Beattles. 

"Je n'avais pas d'objectif, pas cette peur de décevoir. Mais aujourd'hui c'est différent parce que c'est un deuxième album", admet l'artiste que l'on découvre par la suite en studio aux côtés de ses collaborateurs, dont le producteur Ambroise Willaume, alias Sage, son grand complice qui a réalisé l’album. Des moments précieux qui lèvent le voile sur la créativité de la chanteuse que l'on voit en pleine action. 

On apprend notamment que La Grenade, le tube de son premier album, a donné du fil à retordre à toute l'équipe artistique qui a mis des semaines avant de trouver la mélodie qui se marie parfaitement avec la puissance du texte. La suite, on la connaît : la chanson sortie le 8 décembre 2017 est devenue un hymne féministe. "J'ai de la chance parce que mon tube est une chanson qui veut dire quelque chose d'important et avec lequel je serai toujours d'accord", estime la chanteuse.

À travers des images d'archives inédites et les témoignages de ses proches, le documentaire dresse également portrait intime de la star. Le film revient sur son enfance, bercée par la musique, mais surtout marquée par des complexes. "J'étais le vilain petit canard parce que j'étais très grande, à 8 ans, je faisais 1,73 mètres. Il y avait des élèves qui mettaient des punaises sur ma chaise et me jetaient des cailloux dans la cour", se souvient Clara Luciani. 

Des démons qu'elle est parvenue à exorciser grâce à la musique. "Clara est une personne très sensible, son registre vocal reflète son registre émotionnel. (…) Elle peut sortir des notes de joie pure, mais elle reste très sensible au côté obscur de la vie", analyse Alex Kapranos, le leader du groupe de rock Franz Ferdinand, et compagnon très discret de Clara Luciani. 

Sacrée artiste féminine de l’année aux dernières Victoires de la musique (où elle a également remporté le prix du meilleur album pour Cœur), Clara Luciani continue à entrainer le public avec elle. "Elle traverse les générations et les classes sociales avec une facilité déconcertante, parce qu'elle est sensible, drôle et profonde. C'est une écorchée vive qui parle à tous", analyse avec justesse la journaliste Sophie Rosemont. 

"Clara réussit à rassembler la bourgeoisie et les rebelles comme le chantait Madonna dans Music". Un beau compliment.