CRISE – Le monde de la culture s'inquiète après les annulations massives et les reports de spectacles dus à la décision gouvernementale d'interdire tout rassemblement supérieur à 1 000 personnes afin de freiner la propagation du coronavirus.
L'inquiétude grandit dans le monde du spectacle et de la culture. Après une première série de reports la semaine dernière (Gims, M, PNL, Simple Minds, M. Pokora), ce sont les concerts de Madonna, prévus ces mardi et mercredi au Grand Rex, qui ont été annulés, mettant un point final à la tournée "Madame X". Avec des ventes de billets qui ont déjà chuté de 50% sur un an, le syndicat professionnel Prodiss déplore une perte "supérieure à celle des attentats de 2015". "On n'a plus rien de prévu d'ici début juin", détaille auprès de l'AFP Thierry Teodori, directeur général de la Halle Tony Garnier à Lyon, une des plus grandes salles de France (jusqu'à 17.000 places). "Tout ce qui était plus de 5.000 spectateurs a déjà été reporté, pour la plupart à l'automne. Il nous restait quelques concerts en petite jauge qu'on est en train de déplacer (...) jusqu'à un an faute de place".
Face à la menace exceptionnelle liée au coronavirus, le gouvernement avait d'abord interdit les rassemblements en milieu clos de plus de 5.000 personnes jusqu'à fin mai, avant de ramener l'interdiction à mi-avril. La mesure avait entraîné des annulations de concerts et salons comme le Mondial du tatouage mi-mars et le salon Livre Paris fin mars. En annonçant l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes, en plein air comme en milieu clos, il a encore durci sa réponse, semant l'émoi.
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"Ce qu'on attend, c'est le décret qui doit être publié" ce mardi, explique à l'AFP Frédéric Maigne, le directeur de CMR. Evoquant une situation "catastrophique financièrement", il s'inquiète de la durée des décisions et des mesures de soutien qui seront mises en place. La Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (Fesac) a donc tiré la sonnette d'alarme, appelant les autorités à mettre en place "un fonds d'urgence" pour aider un secteur déjà fragilisé, par les attentats et les grèves dans les transports liées à la mobilisation contre la réforme des retraites.
Dans les musées et lieux d'exposition, l'adaptation semble être le maître mot. Pour le Louvre, le plus fréquenté au monde, l'accès est désormais réservé uniquement aux visiteurs munis d'un billet électronique et à ceux bénéficiant d'une entrée gratuite. Le Centre Pompidou a établi un comptage en temps réel avec des jauges maximales de 1 000 personnes dans les espaces d'expos et dans la bibliothèque (où seulement un siège sur deux doit être occupé).
Quant au château de Versailles, il va mettre en place dès mardi une régulation de ses visiteurs, en les incitant à réserver un billet en ligne avec créneau horaire. La Philharmonie de Paris a annulé dès lundi soir et au moins jusqu'au 22 mars les concerts qui ont lieu dans la grande salle Pierre Boulez (2 400 places), tout en maintenant ses autres concerts, ateliers et activités.
L'Opéra de Paris, déjà échaudé par une grève historique de son personnel qui lui a coûté 16,4 millions d'euros, a annulé trois représentations. Quant au Théâtre de Chaillot a annoncé qu'il limitera sa jauge à 1 000 places.