Charles III, le couronnement d'un roi

Couronnement de Charles III : entre les Windsor et l’Écosse, c’est "Je t'aime, moi non plus"

Publié le 26 avril 2023 à 12h25
JT Perso
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Source : JT 13h Semaine

Le roi et sa reine ont été aperçus près de leur château de Balmoral à plusieurs reprises, ces derniers jours.
Une escapade bienvenue à quinze jours de leur couronnement historique au cœur de Londres, devant les caméras du monde entier.
S’ils auront droit à une deuxième cérémonie en Écosse "plus tard dans l'année", bon nombre d'Écossais ne rêvent que de prendre leur indépendance de la famille royale.

La photo a de quoi surprendre. Le roi Charles III et la reine Camilla - en jean ! - sortant d’un restaurant simplement appelé Fish shop – "le magasin de poisson". Partagé sur les réseaux sociaux de l’établissement qui ouvre officiellement ses portes cette semaine, le cliché a été pris samedi 22 avril à Ballater, une ville située à 15 minutes en voiture du château de Balmoral. 

Une demeure phare de la famille royale britannique située dans l’Aberdeenshire, dans le nord de l’Écosse. Elizabeth II avait pris l’habitude d’y passer tous ses étés. C’est là qu’elle est décédée le 8 septembre à l’âge de 96 ans. C’est là que ses petits-fils William et Harry ont appris la mort de leur mère Diana, le 31 août 1997.

Avant son couronnement le 2 juin 1953, Elizabeth II s’y était reposée une semaine entière. "Elle a voyagé en Écosse avec ses corgis, sa chère Susan et la fille de celle-ci, Sugar", raconte à People l’autrice Caroline Perry. Son mari, le prince Philip, ainsi que leurs enfants, le prince Charles et la princesse Anne, ont évidemment fait le déplacement avec elle. Le nouveau roi d’Angleterre a visiblement gardé un souvenir mémorable de cette escapade au point de la reproduire avec son épouse. Quelques jours avant de surprendre le propriétaire du Fish shop, le couple a été aperçu arrivant en voiture à l’église de Crathie Kirk, où les Windsor ont leurs habitudes, pour la traditionnelle messe du dimanche. En 2005, les jeunes mariés qu’ils étaient avaient passé leur lune de miel dans la région.

58% des Écossais ne veulent pas financer le couronnement

Si la famille royale aime l’Écosse, le sentiment n’est pas nécessairement réciproque. Sur la page principale de leurs sites, les journaux écossais majeurs évoquaient ce mardi 25 avril la visite prochaine de Donald Trump, qui golfait régulièrement à Aberdeen avant d’être élu président des États-Unis, et l’enquête ouverte sur le financement du SNP, le parti indépendantiste à la tête du pays. Mais presque rien sur la présence du roi Charles III dans le pays, à deux semaines de son couronnement. The Scotsman préfère revenir sur "les sept liens qui unissent" le monarque au pays, quand The Herald met en avant une tribune appelant les Windsor à "payer eux-mêmes" la cérémonie du 6 mai.

Selon un sondage YouGov publié la semaine dernière, un Britannique sur deux (51%) estime que le couronnement, qui devrait coûter l'équivalent de plusieurs dizaines de millions d'euros, ne devrait pas être financé par leurs impôts. Un chiffre qui grimpe à 58% chez les sondés écossais, dont la moitié annonce déjà qu’ils bouderont la cérémonie. Plusieurs régions, dont celles de Glasgow, Falkirk et Fife, n’ont reçu aucune demande de particuliers pour organiser des street parties, ces fêtes de rue entre voisins où les Britanniques sont notamment invités à cuisiner la quiche aux épinards du couronnement.

Jane Barlow / POOL / AFP

Si plusieurs évènements sont prévus dans la capitale, Édimbourg, et dans d'autres parties du pays, ce désintérêt palpable est "fascinant", selon le professeur d’histoire à l’université de la ville Tom Devine. Il se souvient notamment de "la fête joyeuse dans sa propre rue" en 1953 pour célébrer le couronnement de la reine. "Tout le monde s’était réuni pour se réjouir", raconte-t-il au Glasgow Times.

"La monarchie est bien sûr moins populaire aujourd’hui, en particulier en Écosse et parmi les moins de 50 ans, qu’elle ne l’était en 1953", poursuit-il, parlant d’une "époque différente" "l’économie était florissante et le chômage inférieur à 2%". Le site officiel du gouvernement écossais a fait les comptes : en décembre 2022, l’inflation a atteint 11,3%. Du jamais-vu depuis septembre 1991. Le taux atteignait presque 27% en début d’année pour le logement, l’eau, l’électricité et le gaz. Le chômage, lui, est au vert, avec seulement 3,3%. Soit deux fois moins qu’en France.

Ça peut être difficile de voir cet étalage d’or et d’argent quand (...) n’avez plus les moyens de mettre le chauffage en route

Julie, une Française installée en Écosse

"L’année a été difficile pour beaucoup, financièrement et politiquement. Ça peut être difficile de voir cet étalage d’or et d’argent quand vous avez eu froid tout l’hiver parce que vous n’aviez plus les moyens de mettre le chauffage en route", commente pour TF1info Julie, une Française de 34 ans installée en Écosse depuis 12 ans. Dans la région de Fife, où elle vit, aucune décoration spéciale n’est affichée dans les rues. Près de chez elle, il n’y a bien que les chaînes de supermarché qui tentent de faire vivre le couronnement avec des produits dérivés. Sans que cela prenne vraiment.

L’Écosse a bien essayé de prendre son envol avec un référendum en septembre 2014. Sauf qu’à la question "L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant ?", les Écossais ont répondu "non" à 55,3%. Lors du vote sur le Brexit, 62% ont voté pour rester dans l’Union européenne quand le reste du Royaume-Uni choisissait de partir. De quoi ranimer la flamme des indépendantistes au pouvoir. Une enquête d’opinion YouGov/Times d’octobre 2022 rapportait que la population était divisée sur le maintien d’une monarchie en cas d’indépendance (41% pour, 40% contre). Si les 16-24 y sont opposés à 63%, 62% des plus de 65 ans ne souhaiteraient pas se passer d’un roi. Parmi eux, Tom, 67 ans.

Je pense qu'il faudra un peu de temps à Charles pour gagner le même respect que la population avait pour sa mère

Tom, Écossais royaliste de 65 ans

Le 6 mai, il sera devant la télévision pour suivre le couronnement car "c'est un moment d'histoire qu'il veut voir". Mais il le regardera "par intermittence". "C'est encore un peu tôt après la mort de la reine, donc encore un peu triste pour moi", nous dit-il. Quand on lui demande si ses compatriotes n'auraient pas plutôt un problème avec la figure de Charles III qu'avec la monarchie dans son ensemble, il avance qu'il "faudra un peu de temps à Charles pour gagner le même respect que la population avait pour sa mère". "J'espère qu'il deviendra aussi aimé et respecté qu'elle", insiste-t-il. Dans cette danse du "Je t'aime moi non plus" qui lie l'Écosse à la famille royale depuis des années, tous les participants ne respectent pas le même tempo. À commencer par les politiques, obligés de composer avec ces avis divergents au sein de leur électorat.

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Alors qu’il avait promis, lors de sa campagne, de faire de l’Écosse une République avec un chef de l’État élu "dans les cinq ans" après l’indépendance, le nouveau Premier ministre, Humza Yousaf, a confirmé qu’il assisterait au couronnement le 6 mai. 

Cité par The Herald, il annonce même la tenue d’une seconde cérémonie "plus tard dans l’année" au sein de la cathédrale Saint-Gilles d'Édimbourg lors de laquelle seront utilisés Les Honneurs de l’Écosse, les plus vieux joyaux de la Couronne britannique. Elizabeth II avait eu droit à la même réception somptueuse il y a 70 ans. L’Écosse ne pouvant désormais légalement organiser un référendum d’indépendance sans l’accord du pouvoir central à Londres, mieux vaut sans doute apaiser les relations.


Delphine DE FREITAS

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