CULTURE – Face au nombre encore trop élevé des cas de contamination au coronavirus, le gouvernement a décidé de maintenir fermées les salles de spectacles jusqu’à la date du 7 janvier prochain au moins. Un nouveau coup dur pour un secteur déjà très éprouvé depuis le printemps dernier.
Les salles de spectacles ne rouvriront pas leurs portes le 15 décembre. Lors de son point presse hebdomadaire, Jean Castex a annoncé que les cinémas, les théâtres mais aussi les musées resteront fermés trois semaines de plus afin de réduire le risque de propagation de l’épidémie de Covid-19. "Même si tous ces établissements disposent de protocoles sanitaires, la logique que nous devons suivre est d’éviter d'accroître les flux, les concentrations, les brassages de public", a déclaré le Premier ministre qui a fixé aux professionnels une "clause de revoyure" le jeudi 7 janvier.
C'est un nouveau coup dur pour l'ensemble du secteur, et le monde du cinéma en particulier, qui s’était mis en ordre de bataille pour renouer avec les spectateurs dès mardi prochain, car cette décision ouvre une nouvelle période d’incertitude. Entre les films sortis avant le reconfinement qui souhaitaient revenir en salles et les nouveautés attendues, c’est même un véritable casse-tête de programmation qui s’ouvre pour les distributeurs et les exploitants. Car du 16 décembre au 6 janvier, ce sont pas moins de 67 films – inédits et reprises – qui devaient débarquer sur les écrans.
"Mécaniquement, les salles ne pourront pas accueillir tous ces films. Et forcément, il va y avoir de la casse", nous confiait mardi Alexandre-Mallet Guy, le patron de Memento Films qui devait sortir la semaine prochaine Mandibules, le nouveau film de Quentin Dupieux avec Grégoire Ludig et David Marsais. Deux comédiens qui, comme bien d’autres, ont fait le tour des médias ces derniers jours pour la promotion d’un long-métrage qu’il faudra encore patienter pour découvrir. Oui mais jusqu’à quand ? En coulisses, de nombreux professionnels du secteur craignent d’ores-et-déjà que la fermeture s’étendent au-delà des trois semaines annoncées.
Des réactions entre colère et résignation
Sur les réseaux sociaux, c'est évidemment la déception, à l'image de ce tweet du réseau des cinémas Pathé Gaumont...
pic.twitter.com/duZcFmQWGb — Les Cinémas Pathé Gaumont (@PatheGaumont) December 10, 2020
Ou de celui de CGR, le principal réseau de multiplexes indépendants de France...
Quand la réouverture de vos cinémas CGR est encore décalée : pic.twitter.com/V7H2zcQNLH — CGR Cinémas (@cgr_cinemas) December 10, 2020
L'acteur Pierre Niney a écrit sa déception, pointant l'inégalité de traitement entre les salles de spectacles toujours fermées et les grandes surfaces restées ouvertes. La star de Saint-Laurent, qui avait mis en copie Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot, a reçu une réponse argumentée de la ministre de la Culture...
Cher Pierre Niney oui ce que nous vivons est très dur. Il faut tenir bon. La pandémie flambe partout en Europe. Rien n’est stabilisé. Le plus terrible serait de rouvrir et d’être contraint de refermer après les fêtes. Je serai à vos côtés pour surmonter cette crise épouvantable. — Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) December 10, 2020
Une réponse qui n'a que très moyennement convaincu l'acteur, jugez plutôt..
Merci de votre réponse @R_Bachelot Mais l’incompréhension porte sur le fait que rien ne prouve que ces salles soient plus propagatrices du virus que tous les autres commerces de 🇫🇷. Selon toute logique(public silencieux+ masques+distances) elles comptent même parmi les plus sûres https://t.co/8Nt58ZGT5Y — Pierre Niney (@pierreniney) December 10, 2020
L'acteur Nicolas Maury, qui avait sorti son premier film, Garçon Chiffon, juste avant le reconfinement, a publié ce texte sur Instagram pour exprimer son désarroi...
Avant même les annonces de Jean Castex, de nombreux cinéphiles repartageaient ce montage vidéo publié par Jean Labadie, le patron de la société de distribution Le Pacte, qui devait notamment sortir la comédie Le Discours le 23 décembre.
pic.twitter.com/T9JgVTkM6h — JeanLabadie (@LabadieLePacte) December 10, 2020
Les professionnels de culture ne devraient pas manquer de monter au créneau dans les prochains jours. "Le gouvernement laisse ouvert des lieux de contamination comme les magasins et les transports en commun sans y ajouter de règles sanitaires supplémentaires. Et il refuse la réouverture des lieux culturels où pourtant il n'y a jamais eu de contamination et où les règles sanitaires sont établies et éprouvées", lance Marc-Olivier Sebagg, délégué général de la FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français) à nos confrères du Figaro. "C'est incompréhensible et tout le milieu culturel va se mobiliser."
Reste que dans sa prise de décision, le gouvernement sait qu'il compte sur une partie non-négligeable de l'opinion. Selon une étude Harris interactive pour LCI publiée ce mercredi, 69% des Français se prononçaient pour la poursuite du confinement après le 15 décembre. Et 60% se disaient favorables à ce que les salles de spectacles restent fermées à cette date.