David Foenkinos : “Je suis assez obsessionnel”

par Judith KORBER
Publié le 13 janvier 2014 à 16h45

INTERVIEW – L'auteur de “La Délicatesse” et “Je vais mieux” sort “La tête de l'emploi”. Dans ce roman ancré dans une société en crise, il raconte avec beaucoup d'humour l'histoire de Bernard, un banquier d'une cinquantaine d'années qui perd complètement pied.

Quel est l'origine de cette histoire ?
Je me suis inspiré d'un reportage télévisé sur un homme qui perdait tout. La tête de l'emploi parle des difficultés sociales, de la crise mais je traite ces thématiques de manière réjouissante, burlesque. Ce roman est dans la lignée de Je vais mieux : les personnages sont confrontés à une succession de problèmes et doivent réagir. Pour se sortir de la galère, il faut réinventer des choses, se reconnecter avec la réalité.

Dans La Tête de l'emploi, tout part du prénom Bernard.
Oui, c'est une vraie histoire de Bernard. Avec un Bernard on peut devenir pote, mais il y a aussi un risque pour que ça tourne mal pour lui. J'aime cette idée que notre destin est lié à ce que notre prénom véhicule. J'adore m'amuser avec les clichés. Par exemple, dans La Délicatesse, Markus en tant que Suédois est forcément dépressif.

Pourquoi retrouve-t-on souvent les mêmes prénoms dans vos livres ?
Je suis assez obsessionnel. J'ai des périodes, comme avec Nathalie, qui a un côté nostalgique et que j'ai choisi pour l'héroïne de La Délicatesse et la femme de Bernard dans La tête de l'emploi. Mais dans Je vais mieux ou Les souvenirs, je n'ai pas donné de prénom aux héros pour ne pas leur donner une identité trop forte, pour ne pas mettre de barrières entre eux et moi.

“On me dit souvent que je ressemble à mes romans et je ne sais pas si je dois m'en inquiéter.”

Et à quoi vous fait penser le prénom David ?
Je n'aime pas du tout mon prénom mais heureusement il est contrecarré par Foenkinos qui est plus complexe, un peu fou.

Vous êtes comme vos personnages, à vous poser plein de questions existentielles ?
On me dit souvent que je ressemble à mes romans et je ne sais pas si je dois m'en inquiéter. Je me sens loin de ces personnages et pourtant il y a beaucoup de moi en eux. En lisant mes romans, on a un aspect de mon humour et de ma personnalité mais en même temps ce n'est pas moi.

Vous abordez le thème du mal-être au travail. Vous avez été marqué par les affaires à La Poste ou à France Télécom ?
Complètement. Mais cela ne se passe pas qu'à La Poste ou à France Télécom. La situation est assez terrible, dans la presse, dans les maisons de disques ou les librairies. Je suis hyper sensible au monde du travail. C'est un de mes thèmes récurrents. Dans La Tête de l'emploi, Bernard est confronté à une restructuration, à la gestion méprisante, voir pervers, des employés.

Pourquoi cette sortie directement en format semi-poche ?
La tête de l'emploi est en fait la suite d'une nouvelle publiée il y a 5 ans sous le titre Bernard. J'ai Lu, mon éditeur de poche, me demandait depuis longtemps de développer ce texte pour le publier. Et puis, mes lecteurs me disent souvent attendre la sortie en poche pour lire mes romans, j'ai donc trouvé cette idée super.

Votre prochain livre sera différent ?
Oui. J'ai écrit 13 livres et tous les 4 ou 5 ouvrages, j'aime faire complètement autre chose, pour prendre des vacances. En septembre, Je vais sortir un roman un peu particulier que j'écris depuis huit ans. C'est un livre plus grave, plus profond, sur Charlotte Salomon, une artiste allemande qui a fini en camp de concentration. Elle a laissé une œuvre éblouissante, magique. Je suis obsédé par elle.

La tête de l'emploi, de David Foenkinos, édition J'ai Lu, 286 pages, 13,50 €.


Judith KORBER

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