De "Gravity" à "Desierto" : la traversée fantastique de Jonas Cuarón

Mehdi Omaïs
Publié le 12 avril 2016 à 14h00
De "Gravity" à "Desierto" : la traversée fantastique de Jonas Cuarón

PORTRAIT – Après avoir écrit le scénario de "Gravity" avec son père Alfonso, Jonas Cuarón passe une seconde fois derrière la caméra avec "Desierto", en salles ce mercredi. En s’appuyant sur une indiscutable maestria formelle, il relate la croisade menée par un américain bas du plafond contre une poignée de clandestins mexicains, parmi lesquels le comédien Gael García Bernal.

1981. C’est dans l’immense ville de Mexico que Jonas Cuarón, fils du cinéaste Alfonso, pousse son premier cri. Son enfance, il l’estime tranquille, sans accrocs, bercée par les voix de Bob Dylan et Leonard Cohen. "J’ai toujours été très timide", reconnait-il. "Mon truc, c’était la randonnée… Me retrouver seul dans la nature. » A l’école, il s’amourache des maths, s’imagine médecin, tout en étant intimement convaincu qu’il emprunterait in fine le chemin des lettres. "J’adorais lire et, jusqu’à un temps pas si lointain, je pensais devenir écrivain."

Au Vassar College de Poughkeepsie, dans l’état de New York, il étudie la littérature anglaise et la photographie : combinaison idéale pour le faire bifurquer vers le cinéma. "C’est vrai que j’ai grandi avec un père réalisateur qui m’a transmis toute sa cinéphilie, Robert Bresson en tête", admet-il. "Pour autant, je ne pensais pas empoigner la caméra." Le véritable déclic intervient grâce à sa petite amie de l’époque, qui est devenue son épouse et la mère de son enfant. "Elle m’a montré Le goût de la cerise d’Abbas Kiarostami et La jetée de Chris Marker." A partir de là, les choses sont claires comme de l’eau de roche.

De l’espace au désert 

Dès lors, Jonas ne quitte plus son appareil photo. Il mitraille ses proches pendant un an et imagine un scénario pour entremêler les clichés. C’est ainsi que nait en 2007, de travaux purement universitaires, son premier long métrage Año uña, inédit en France. Inspiré, il entreprend la rédaction d’un scénario dont l’action se situe dans le désert et présente le résultat à son père. "Il m’a dit qu’il était plus judicieux de prendre l’espace pour toile de fond. C’est ainsi que nous avons entamé l’écriture à quatre mains de Gravity", se souvient-il. "Nous n’imaginions pas rencontrer un tel succès !"

L’aventure spatiale révolue, Jonas renoue séance tenante avec son idée de désert. Et repense à un voyage en Arizona, effectué quelque temps plus tôt avec son frère, au cours duquel le sort des migrants lui a été évoqué au Consulat du Mexique. Après avoir arpenté des kilomètres pour repérer les lieux de tournage idéaux, il imagine l’excellent Desierto, projet qu’encouragent son papa et ses mentors Guillermo del Toro et Alejandro Gonzalez Iñárritu. Soit l’histoire éprouvante de clandestins pris pour cible par un redneck "dopé à la mauvaise idéologie" et par son chien enragé. "Mon but est de proposer une œuvre qui, comme Duel et celles des années 70, aborde des sujets très politiques par le prisme du genre." Cible 100% atteinte !

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