DEAUVILLE 2016 - Kheiron : "Je veux voir Idris Elba en James Bond"

Romain LE VERN, à Deauville
Publié le 8 septembre 2016 à 17h35, mis à jour le 8 septembre 2016 à 18h29
DEAUVILLE 2016 - Kheiron : "Je veux voir Idris Elba en James Bond"

INTERVIEW - Membre du jury de la révélation Kiehl's du 42e Festival du Cinéma Américain de Deauville, l'acteur réalisateur Kheiron nous raconte sa découverte du cinéma américain.

Est-ce que le cinéma américain vous a fait découvrir le stand-up?

Kheiron : Oui, d’une certaine façon. En fait, la plupart des comiques qui squattent les films américains viennent du stand-up. En général, les patrons de chaîne viennent les voir et leur demandent un pilote. Par exemple, Bill Cosby a eu le Cosby show ; Jerry Seinfield, Seinfield etc. Chacun avec sa personnalité propose une émission comique. Et via l’émission comique, il s’avère facile de les faire bifurquer vers le cinéma. On le sait peu mais des artistes comme Woody Allen et Robin Williams viennent du stand-up. Kevin Hart, qui cartonne en ce moment vient aussi du stand-up. Le cinéma américain nous a révélé le meilleur de ces gens-là. Personnellement, j’ai commencé à m’intéresser au stand-up aux alentours de 2004. Robin Williams, je l’avais découvert très jeune dans Hook, le temps d’une sortie scolaire.

Dans quelle mesure le cinéma américain vous fascine ?

Kheiron : Le pouvoir du cinéma américain, c’était celui de convaincre les gens, en bien ou en mal d’ailleurs. S’il y a une prise de position dans un film, le spectateur est incité à penser la même chose que le scénariste ou le cinéaste. Le cinéma, c’est tellement plus fort que la politique pour manipuler comme réveiller l’opinion publique. C’est avant tout une manière de toucher le cœur des gens de manière accessible.

Quel film américain a marqué un avant et un après dans votre parcours de cinéphile ?

Kheiron : American History X reste une grosse claque. Je l’ai vu jeune et avant, je ne mesurais pas le poids de la violence, le poids de la haine. Ça m’a fait du bien de suivre le personnage joué par Edward Norton, de voir son évolution. Et de réfléchir à travers cette évolution sur la violence, sur la manière dont cette haine se transmet de génération en génération. 

Quand t’as 17 ans et que tu sors au cinéma avec une meuf, tu vas voir Coup de foudre à Notting Hill mais tu t’en fous, en fait, du film.
KHEIRON

Le fait de passer derrière une caméra pour réaliser votre coup d'essai Nous trois ou rien a contribué à vous rendre plus cinéphile ?

Kheiron : Effectivement. Avant de réaliser mon premier long métrage, j’ai dû voir 30 films. Maximum. Pas plus. C’est en me mettant à faire du cinéma que j’ai découvert des films. J’ai bien tenté par le passé de faire une fac de cinéma pour faire plaisir à mes parents mais j’ai abandonné très vite, j’ai tenu trois heures. Je viens de la musique, de l’écriture, du rap. Le jour du bac d’anglais, j’ai préféré donner un concert. Mon père qui a bac +9 et ma mère qui a bac +7 voulaient absolument que j’aille à la fac. Du coup, j’ai repassé mon bac en candidat libre deux ans après avoir abandonné l’épreuve. Je suis retourné quelques années plus tard dans une fac lors d’un concours d’éloquence. En y repensant, je trouve la pirouette assez mignonne. Du coup, de plus de plus, je rattrape plein de films, je me rends souvent aux Halles, j’apprends beaucoup en observant les films des autres et je cherche à comprendre pourquoi par exemple j’aime ou je n’aime pas. J’ai appris à développer un sens critique. Enfant, j’allais rarement au cinéma et si j’y allais, c’était pour voir les blockbusters, les comédies comme Chérie j’ai rétréci les gosses. Pas trop branché Almodovar, quoi. Quand t’as 17 ans et que tu sors au cinéma avec une meuf, tu vas voir Coup de foudre à Notting Hill mais tu t’en fous, en fait, du film. 

Quel film américain vous a fait comprendre l’Amérique ?

Kheiron : Forrest Gump, sans la moindre hésitation. Un enfant de 16-17 ans apprendra plus sur l’Amérique en regardant Forrest Gump que lors d’un cours d’histoire. Il apprendra le Ku Klux Klan, la guerre du Vietnam, les différents présidents, Elvis, John Lennon. Il comprendra aussi l’atmosphère du Texas, le principe d’universalité. 

Un acteur américain qui justifie à lui seul le déplacement au cinéma?

Kheiron : J'ai envie de citer un acteur britannique... Idris Elba, sans hésitation. Il est grand, beau gosse. Il a un charisme dingue, il peut jouer dans un film d’action, dans une comédie romantique… J’ai tellement envie que ce soit le nouveau James Bond. 

Et une actrice ?

Kheiron : Felicity Huffman. On la connait avant tout pour son rôle dans Desperate Housewives mais je m’en tape, elle donne tellement comme actrice, c’est hallucinant.


Romain LE VERN, à Deauville

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