Décès à 86 ans d'Hervé Bourges, ancien patron de TF1 et président du CSA

Publié le 24 février 2020 à 2h44, mis à jour le 24 février 2020 à 7h33
Hervé Bourges
Hervé Bourges

DISPARITION - Hervé Bourges est mort ce dimanche à l'âge de 86 ans. Ancien patron de TF1 et militant engagé lors de la guerre d'Algérie, il était un fervent défenseur de la francophonie.

Le monde de l'audiovisuel français perd l'une de ses grandes figures. Hervé Bourges est décédé ce dimanche à l'âge de 86 ans. Personnage inclassable aux multiples facettes, journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3, et de radio (RFI), Hervé Bourges avait été à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) de 1995 à 2001. Il avait signé en 2012 un dernier documentaire "l'Algérie à l'épreuve du pouvoir", avec le réalisateur Jérôme Sesquin.

Né le 2 mai 1933 à Rennes, en Ille-et-Vilaine, il sort diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955 et commence sa carrière au journal Témoignage Chrétien qui milite contre la guerre d'Algérie. Deux ans plus tard, il est appelé sous les drapeaux pour son service militaire en Algérie où on lui confie l'organisation du théâtre aux armées. A son retour en France en 1960, il entre au cabinet d'Edmond Michelet, garde des Sceaux du général de Gaulle et, à ce titre, rend régulièrement visite  aux chefs du Front de libération nationale (FLN) algérien emprisonnés au  château de Turquant, parmi lesquels Ahmed Ben Bella. Lorsque celui-ci, après l'indépendance, devient en 1963 le premier président de l'Algérie, il demande à Hervé Bourges de devenir son conseiller.

Une vie mouvementée en Algérie

Après sa chute, en 1965, Hervé Bourges choisit de rester en Algérie comme conseiller du ministre de l'Information Bachir Boumaza. Un temps arrêté et même emprisonné dans les geôles algériennes, il ne devra sa libération qu'à l'intervention conjuguée du cardinal Duval à Alger et, à Paris, du jeune Jacques Chirac, alors conseiller du Premier ministre Georges Pompidou.

Accusé tour à tour de traîtrise par les nostalgiques de l'Algérie française ou, au contraire, d'être une barbouze infiltrée par les Français, Hervé Bourges répondra bien plus tard: "Je n'étais ni l'un ni l'autre. J'étais simplement quelqu'un qui essayait de rendre service à l'Algérie et de donner une image de la France qui soit convenable". Après son départ mouvementé d'Algérie, il rebondit en créant l'Ecole de journalisme de Yaoundé, au Cameroun.

En 1976, il devient directeur puis président de l'ESJ de Lille et prend successivement la direction de trois grands médias français: RFI (Radio France Internationale), TF1 (jusqu'à sa privatisation en avril 1987) puis Antenne 2 et FR3 jusqu'en septembre 1992 où les deux chaînes publiques deviennent le groupe France Télévisions. Il ne se présentera pas à sa propre succession, faute d'un appui de la nouvelle majorité de droite en 1993.

Un engagé pour la francophonie

Après deux années passées comme ambassadeur de France auprès de l'Unesco, il est désigné en janvier 1995 président du Conseil supérieur de l'audiovisuel par le président François Mitterrand. Hervé Bourges, certes marqué "à gauche", entretient cependant d'excellentes relations "à droite" notamment avec Edouard Balladur qui lui propose un poste d'ambassadeur à Dakar ou Jacques Chirac qui veut faire de lui son ministre de la Coopération. Il décline et s'occupe de la francophonie : il devient président de l'Union internationale de la presse francophone en 2001.

Ce fin observateur du monde politico-médiatique est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés au Tiers-Monde ("Les 50 Afriques", en collaboration avec le journaliste Claude Wauthier, 1979) ou à son expérience audiovisuelle ("Une chaîne sur les bras" 1987, "La Télévision du public" 1993).

L'ancien PDG de Radio France, Matthieu Gallet, lui a rendu hommage sur Twitter, saluant sa carrière et son empreinte : "Hervé Bourges c’était l’Algérie, c’était l’Afrique, c’était la francophonie, c’était le journalisme, c’était l’audiovisuel public, c’était tout l’audiovisuel. C’était une conscience. J’aimais son regard sur le monde et sur les hommes. Exigeant et juste."


La rédaction de TF1info

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