INTERVIEW - Jacqueline Benoit a été la cuisinière de Johnny Hallyday durant six ans, de 1990 à 1996. De ces années "bonheur", comme elle les appelle, elle a tiré un livre de recettes, celles que le chanteur affectionnait tant. Elle nous dit tout sur ses goûts culinaires parfois iconoclastes.
Brunch du dimanche, apéros avec les potes, habitudes d'avant-concerts, pêchés mignons, grignotages nocturnes... Jacqueline Benoit, l'ex-cuisinière de Johnny Hallyday, a décidé de faire la lumière sur la face gourmande de l'idole des jeunes. Dans Les recettes préférées de Johnny, qui vient tout juste de paraître chez Hachette, elle dévoile tous les souvenirs qu'elle a partagés avec le rockeur durant les six années qu'elle a passées derrière ses fourneaux.
De Saint-Tropez à Paris, l'ancienne fleuriste revient, aussi et surtout, sur les goûts culinaires parfois iconoclastes de la rock star avec 60 recettes emblématiques, de la salade Caesar, dont Johnny était fan, à la moussaka aux pommes de terre, un plat que préparait la maman de Sylvie Vartan. Interview...
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LCI - Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire ce livre, un an après la mort de Johnny ?
Jacqueline Benoit - J’ai été invitée aux obsèques de Johnny par Laura et sa maman (Nathalie Baye, ndlr). J’ai croisé ce jour-là des gens que je n’avais jamais revus depuis mon départ et que j’avais côtoyés régulièrement quand j’étais chez Johnny. Du coup, ça m’a replongé dans mes années "bonheur" où j’ai été heureuse de faire la cuisine pour lui et ses amis. J’ai voulu partager avec ses fans et tous les gens qui l’aiment tout ce que j’ai vécu à ses côtés.
Comment avez-vous atterri dans la cuisine de Johnny ?
J’ai eu une vie normale jusqu’à 50 ans ; j’étais fleuriste et j’élevais mes enfants. Mais j’ai eu aussi des galères, comme tout le monde. On m'a ainsi diagnostiqué un cancer dont j’ai fini par guérir, et ça m’a donné une énergie pas possible. J’ai eu peur de mourir, je voulais donc me dépêcher de vivre. Alors, après ma maladie, j’ai eu envie de tout changer. Résultat, quand on m’a dit que Johnny cherchait une cuisinière, j’ai sauté sur l’occasion. Je n’étais pas une professionnelle mais ma réputation de cordon bleu n’était plus à faire dans ma famille. Je n’ai rien caché à Johnny, mais je lui ai dit que je ferais tout pour le satisfaire et que si tel n’était pas le cas, je repartirais. J’ai été engagée pour les deux mois d’été à Saint-Tropez et j’ai fait l’ouverture de La Lorada, la maison qu’il avait fait construire. Au bout des deux mois, il a été conquis et m’a demandé de laisser tomber mon magasin de fleurs pour venir lui faire la cuisine à Paris.
Quels étaient les goûts culinaires de Johnny ? Avait-il des péchés mignons ?
Il n’avait pas de recettes préférées. Il aimait un peu de tout. Il avait tout de même des goûts un peu particuliers parce qu’il adorait les plats pimentés. A tel point que certains de ses amis s’amusaient à rivaliser avec lui pour supporter le feu des piments. Ils organisaient même des concours quand ils étaient en vacances à Saint-Tropez, jusqu’à devenir tout rouge et être à la limite de tomber dans les pommes ! Il appréciait également les sauces, les moutardes, les vinaigres, les épices… Du coup, j’avais rempli les placards de toutes sortes d’épices et de 23 sortes de vinaigre.
Faisait-il preuve d'autres fantaisies ?
Il aimait aussi beaucoup manger la nuit car il avait une tendance à l'insomnie. Alors je prévoyais toujours un reste de pâtes ou autre dans le frigidaire. Parfois, il m’appelait s’il avait besoin et comme j’étais sur place, il n’y avait pas de souci. Je me souviens d'une nuit où il m'avait réveillé à deux heures du matin parce qu'il avait envie de manger une truffade (des pommes de terre nappées de tomme d'Auvergne et cuites à la poêle, ndlr), une spécialité de ma région, le Cantal, que je lui avait fait découvrir. Quand elle a été prête, il m'a invité à la manger avec lui, en tête-à-tête dans son salon; je ne suis pas prête d'oublier ce souvenir !
Johnny aimait manger souvent, quatre ou cinq fois par jour, des petits en-cas, des choses à grignoter, surtout les cornichons qu'il adorait.
Jacqueline Benoit
Etait-il un gros mangeur ?
Non, il n'aimait pas les repas gargantuesque. Au déjeuner, un plat lui suffisait. En revanche, Johnny aimait manger souvent, quatre ou cinq fois par jour, des petits en-cas, des choses à grignoter, surtout les cornichons qu'il adorait. Par contre, pas question de lui servir du lapin, il me l'avait interdit. Il m'avait raconté un jour qu'il en avait élevé un quand il était petit et qu'il l'avait retrouvé dans un plat à table. Son chagrin avait été immense...
Venait-il parfois vous aider en cuisine ?
Quand il y avait beaucoup de sandwichs à faire, il n'hésitait pas à mettre la main à la pâte. Il m'a même appris quelques "trucs", comme cette sauce qu'il tenait de son ancien cuisinier italien. Je l'avais baptisée "la sauce tomate du chef". Le secret de cette recette réside dans son temps de cuisson, 2 heures à feu doux. Johnny aimait bien partager, il était généreux et gentil avec tout le monde, c'est pour ça qu'on l'appréciait.
Qu'est ce qui vous a marqué durant ces six années passées à ses côtés ?
Il aimait par dessus tout être entouré de ses copains, voilà l'image que je garde de lui. Johnny avait horreur d'être seul.
C'est Laura Smet, la fille de Johnny, qui préface votre livre. Quels souvenirs avez-vous d'elle ?
C'est moi qui lui ai demandé d'écrire la préface. Elle a immédiatement accepté. Laura a été heureuse que je m'occupe bien de son papa. Sa maman est une personne merveilleuse et charmante avec qui je me suis très bien entendue. J'allais chercher Laura tous les quinze jours pour qu'elle passe du temps avec son père. Je lui préparais ses plats préférés, en particulier les escargots ! Je l'accompagnais aussi occasionnellement à l'école. A l'époque, je faisais un peu partie de la famille.
Comment s'est terminée votre collaboration avec Johnny ?
Je ne vous en parlerai pas. Je me suis exprimée l'année dernière, tout le monde sait comment ça s'est passé (selon ses dires de l'époque, la belle histoire a pris fin quand Laeticia est entrée dans la vie de Johnny, ndlr). Aujourd'hui, ce qui est important, c'est que ce livre de recettes plaise à tous les fans. Je suis passée à autre chose, je ne travaille plus. Et je me suis replongée dans tous ces souvenirs avec un grand plaisir.