C'était Jean-Pierre Pernaut

Publié le 2 mars 2022 à 18h49, mis à jour le 2 mars 2022 à 23h10
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Source : TF1 Info

Le présentateur emblématique du 13H de TF1 est décédé ce mercredi à l'âge de 71 ans.
Toute sa carrière, il avait mis l’accent sur la France des régions dans un JT unique en son genre.
Jusqu’au bout, il était resté à l’antenne, fort d’une relation unique avec les téléspectateurs.

Sa règle d’or ? La proximité. Aux commandes du 13H de TF1 pendant 33 ans, Jean-Pierre Pernaut avait cassé les codes de l’information audiovisuelle et inventé un ton, toujours assumé, parfois moqué, mais surtout plébiscité par des millions de téléspectateurs. Sa disparition, à l’âge de 71 ans, intervient un peu plus d’un an après son départ du rendez-vous d’information de la mi-journée de la première chaîne d’Europe, et alors que ce bourreau de travail présentait il y a encore quelques semaines "Jean-Pierre et vous", son émission hebdomadaire sur LCI. 

Son regard sur l'information, Jean-Pierre Pernaut l’avait sûrement forgé dans son parcours personnel. Né en 1950 d’un père ingénieur et d’une mère pharmacienne, il passe son enfance à Quevauvillers, un petit village de 650 habitants dans la Somme où avec son frère aîné, ils sont les seuls, avec le fils du notaire, à pouvoir regarder la télévision. À la maison, la famille Pernaut est abonnée à Paris Match et durant l’année 1963, le cadet se passionne pour les grands reportages sur la mort du Pape Jean XXIII et l’assassinat de JFK. Mais c’est une toute une autre carrière qu’il aurait pu embrasser...

Je suis fier d’avoir donné la parole aux gens, aux vrais gens, plutôt qu’à des représentants d’institutions, pour montrer la France telle qu’elle est

Jean-Pierre Pernaut

Passionné de hockey sur gazon, il rejoint l’équipe d’Amiens à l’âge de 15 ans et décroche trois titres de champion de France. Ce n’est qu’en classe de troisième, après un stage au Courrier Picard, qu’il découvre sa vocation de journaliste. Diplômé de l’ESJ Lille, il débute sa carrière en 1972 au bureau régional de l’ORTF dans sa ville natale. Deux ans plus tard, la chaîne publique éclate et en janvier 1975, il rejoint la rédaction d’une nouvelle chaîne baptisée TF1. Il ne la quittera plus et sera reporter, présentateur, chef de service… Après avoir été le joker d’Yves Mourousi, il lui succède en 1988 à la demande de Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte, en quête d’un nouveau souffle. 

Parmi ses décisions les plus emblématiques, il y a bien sûr celle d’ouvrir le JT avec la météo, du jamais-vu. Mais surtout la volonté de donner la parole aux Français à travers un réseau de correspondants en région inédit. "Au 13h, nous avons essayé de rendre compte des difficultés, des attentes, des colères, des réussites aussi, des personnes qu’une petite élite parisienne ignore superbement", écrivait-il dans sa biographie, 33 ans et vous (Michel Lafon), parue l’an dernier. "Je suis fier d’avoir donné la parole aux gens, aux vrais gens, plutôt qu’à des représentants d’institutions, pour montrer la France telle qu’elle est et non telle que quelques-uns voudraient qu’elle soit."

Durant le confinement, il invente "Le 13H à la maison"

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Jean-Pierre Pernaut à l’antenne de TF1, c’est 8.500 journaux, avec 115.000 reportages, tournés jusque dans les plus petits villages de France, 15.000 magazines sur les traditions, "Combien ça coûte", l’opération SOS Villages et bien sûr la réception des candidates à l’élection de Miss France dont l’une d’elles, Nathalie Marquay,  deviendra son épouse. Mais aussi des événements marquants de l’actualité français et étrangère comme la catastrophe de Tchernobyl, l’explosion de l’usine AZF, les guerres en Irak ou encore la Coupe du monde 1998. Avec, toujours, un formidable enthousiasme, des coups de gueule aussi et le même professionnalisme chevillé au corps. Et ce besoin de garder le fil avec les téléspectateurs pour les informer. 

On essaie de faire un journal qui plaît aux gens, et apparemment on ne s’est pas trop gourrés"

Jean-Pierre Pernaut lors de sa dernière conférence de rédaction

Lorsque pendant le premier confinement, son médecin lui recommande de rester à la maison, il invente "Le 13H à la maison", une rubrique qui lui permet de conserver une présence quotidienne et bienveillante à l’antenne. C’est aussi durant cette période qu’il murit la décision de passer le relais, après avoir triomphé d’un cancer en 2019, forçant l’admiration de tous ses collaborateurs. Le jour de son dernier JT, le 18 décembre 2020, c’est par une standing ovation qu’il est accueilli en conférence de rédaction. "Je savais bien qu’il ne fallait pas que je vienne aujourd’hui", lance-t-il avec un brin d’émotion dans la voix. 

Puis dans une forme de mea culpa touchant, il confie : "Je suis désolé pour mes colères, mais ce sont souvent des colères de stress. Quand j’ai la trouille qu’on rate quelque chose, je pars en vrille. Mais ce n’est jamais allé bien loin. Sauf avec quelques-uns ! Ces colères, c’est parce qu’on essaie de faire un journal qui plaît aux gens. Et apparemment on ne s’est pas trop gourrés".  


Jérôme VERMELIN

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