Dans une interview TV, la fille adoptive de Woody Allen l'accuse à nouveau d'abus sexuels

Publié le 18 janvier 2018 à 11h04, mis à jour le 18 janvier 2018 à 15h40
Dans une interview TV, la fille adoptive de Woody Allen l'accuse à nouveau d'abus sexuels

POLÉMIQUE - Dans un entretien accordé à CBS, qui sera diffusé ce jeudi matin aux Etats-Unis, Dylan Farrow réitère ses accusations à l'encontre de son père adoptif, Woody Allen. Des accusations qui date de 1992. Dans le même temps, de nombreuses stars se désolidarisent du réalisateur.

Woody Allen avait été, jusque-là, épargné par les accusations entourant l'affaire Weinstein, bien que ce soit son fils, Ronan Farrow qui l'eut révélée dans les colonnes du New York Times. Pourtant depuis plusieurs années, la famille Allen-Farrow est dans la tourmente : Dylan Farrow, soeur de Ronan et fille adoptive de Mia Farrow et Woody Allen, accuse son père d'abus sexuels depuis 1992. 

Dans une interview accordée à CBS, Dylan Farrow, 32 ans, explique : "Je dis la vérité et je pense que c'est important que les gens se rendent compte qu'une victime, une accusatrice, compte. Que cela suffit à changer les choses". "Pourquoi ne serais-je pas en colère? Pourquoi ne serais-je pas blessée? Pourquoi ne serais-je pas scandalisée après toutes ces années où j'ai été ignorée, où on ne m'a pas crue?", ajoute celle qui accuse son père adoptif d'abus sexuels alors qu'elle n'avait que 7 ans. 

Cela fait 25 ans que Dylan Farrow accuse son père adoptif d'abus sexuels, mais ce dernier a toujours fermement nié ces accusations. C'est en 1992 que les accusations sont apparues, après le divorce de Woody Allen et Mia Farrow et la révélation de la relation amoureuse qu'entretient le réalisateur avec une autre de ses filles adoptives, Soon-Yi Previn. 

Ces allégations avaient été médiatisées pour la première fois en 1992, quand l'actrice et le réalisateur étaient engagés dans une bataille judiciaire sans merci pour la garde de leurs trois enfants. Un article de la journaliste Maureen Orth avait d'ailleurs été publié dans Vanity Fair à l'époque sur le sujet.

Mais l'affaire a pris un tournant plus médiatique en 2014. Au cours de la cérémonie des Golden Globes, c'est Ronan Farrow, son frère, qui se fend d'un tweet accusateur. "J'ai raté l'hommage à Woody Allen. Ont-il évoqué la fois où une femme a publiquement confirmé qu'il l'avait agressée à 7 ans, avant ou après avoir cité Annie Hall ?", écrit-il alors sur Twitter. 

Quelques jours plus tard, Dylan Farrow publie une lettre ouverte sur un blog du New York Times. Elle explique, une fois encore, les gestes dont elle accuse Woody Allen et, en substance qu'elle n'avait pas supporté le Golden Globe récemment décerné à son père adoptif pour l'ensemble de son oeuvre, ni ses dernières nominations aux Oscars. "Cette fois j'ai décidé de ne pas m'effondrer", a-t-elle écrit. "Quand j'avais 7 ans, Woody Allen m'a prise par la main, et m'a conduite dans un petit grenier mal éclairé au 2e étage de notre maison. Il m'a dit de m'allonger sur le ventre et de jouer avec le train électrique de mon frère. Et il m'a agressée sexuellement", affirme la jeune femme dans cette lettre ouverte.

"Il me parlait en le faisant, me murmurant que j'étais une gentille petite fille, que c'était notre secret, me promettant que nous irions à Paris et que je serais une star de cinéma", a ajouté la jeune femme, aujourd'hui mariée, qui vit sous un autre nom en Floride. "Aussi loin que je me souvienne, mon père m'a fait des choses que je n'aimais pas", ajoute-t-elle. "Woody Allen est l'exemple vivant de la façon dont notre société néglige les survivants d'agression et d'abus sexuels", écrit-elle encore. Au journaliste qui a publié sa lettre ouverte sur son blog, elle a expliqué qu'elle avait décidé de briser son silence pour rétablir les faits et donner du courage aux victimes. "Si je ne parle pas, je le regretterai sur mon lit de mort", dit-elle. 

Les poursuites avaient été abandonnées en 1993

Dans la foulée de la publication, Woody Allen avait déclaré dans un communiqué que ces accusations étaient "fausses et honteuses". "M. Allen a lu l'article et le considère comme faux et honteux", avait alors déclaré sa porte-parole Leslee Dart dans un communiqué envoyé à l'AFP. Elle avait rappelé qu'à l'époque "une enquête minutieuse avait été menée par des experts indépendants mandatés par la cour", et qu'ils "avaient conclu qu'il n'y avait pas de preuve crédible de l'agression". En effet, en 1994, un tribunal new-yorkais lui avait refusé un droit de visite pour Dylan, qui apparemment refusait de le voir. 

La police de l'Etat du Connecticut avait ouvert une enquête sur le cinéaste, accusé par le pédiatre de Dylan de mauvais traitements sur deux de ses enfants, Satchel et Dylan. Un procureur avait estimé qu'il y avait des "raisons suffisantes" pour poursuivre Woody Allen, mais avait renoncé à le faire, jugeant la petite fille trop "fragile". Les poursuites avaient été abandonnées au mois septembre 1993.

Si Woody Allen a toujours nié ces allégations, force est de constater que les temps ont changé. Restées silencieuses sur ces accusations, de nombreuses stars se désolidarisent désormais du réalisateur ces derniers jours. Peu après la cérémonie des Golden Globes début janvier, et suite à la publication d'une tribune de Dylan Farrow dans le Los Angeles Times, la réalisatrice de "Lady Bird", Greta Gerwig, qui a remporté le Golden Globe de la meilleure comédie, exprimait elle aussi ses regrets d'avoir joué dans son film de 2012, "To Rome with Love". "Si j'avais su alors ce que je sais aujourd'hui, "je n'aurais pas joué dans ce film", a-t-elle confié au New York Times, en ajoutant qu'elle ne retravaillerait plus avec lui.

Avant même la diffusion de cet entretien sur CBS, l'acteur franco-américain Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche d'Hollywood, déclarait sur son compte Instagram regretter d'avoir travaillé avec Woody Allen sur son nouveau film à sortir cette année, "A Rainy Day in New York". "Je ne veux pas tirer profit de mon travail sur ce film", a souligné la nouvelle star de 22 ans, en annonçant faire don de son salaire pour ce film à trois associations d'aide aux victimes de harcèlement sexuel, dont "Time's Up", créée début janvier par un collectif de plus de 300 femmes de Hollywood. Us Weekly annonce également que Selena Gomez, actrice du dernier film du réalisateur, a, elle aussi, fait un don à Time's Up


La rédaction de TF1info

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