Avec "Elvis", l’Australien Baz Luhrmann signe un biopic aussi spectaculaire que spirituel.Le King y est incarné par le jeune acteur Austin Butler, magnétique de bout en bout.TF1info a recueilli les confidences du cinéaste en mai dernier sur la Croisette.
De Roméo + Juliette à Gatsby le magnifique en passant par Moulin Rouge, Baz Luhrmann s'est imposé comme l’un des réalisateurs les plus extravagants de la planète. Avec Elvis, il s’attaque à un monument de l’histoire de la musique. De l’histoire des États-Unis tout court puisque ce biopic flamboyant brosse plus de trois décennies marquées par la libération des mœurs et le combat pour les droits civiques, la cupidité du show-business aussi. Il met également en lumière le talent du jeune acteur Austin Butler, bluffant face à un Tom Hanks métamorphosé pour incarner le Colonel Parker, le sulfureux manager du King. TF1info a rencontré le cinéaste australien au lendemain de la présentation triomphale du film à Cannes, fin mai.
Ce film, c’est la véritable histoire d’Elvis Presley ? Ou bien votre vision à vous ?
Oui, c’est ma vision d'Elvis. Mais c’est aussi ma vision de l’Amérique. J’explore ce pays dans les années 1950, 1960 et 1970, le show, le business, la question raciale, par le prisme d’Elvis. Maintenant, tout ce qu’il y a dans ce film est basé sur de sérieuses recherches. Je peux prendre n’importe quelle scène et vous expliquer d’où ça vient. Parce que j’ai vécu cette histoire, presque littéralement. Je suis allé m’installer à Memphis, j’avais un bureau à Graceland. Après la question de savoir si cette incarnation d'Elvis est réaliste ou pas… Vous savez, Priscilla Presley était inquiète, et même un peu cynique à l’idée qu’Austin Butler soit capable de rendre justice à Elvis. Elle en a vu, des gens essayer de l’imiter. Autant dire que sa critique allait être la plus importante de toute. Or après la projection, elle m’a dit que personne n’y était jamais arrivé à ce point.
Après un concert, il continuait à chanter du gospel jusqu’au bout de la nuit
Baz Luhrmann
Vous avez fait patienter Austin Butler quelque temps avant de lui dire qu’il serait votre Elvis. Avez-vous hésité avec d’autres acteurs ?
En réalité, pas vraiment. J’ai travaillé avec d’autres acteurs qui étaient formidables. Mais Austin est arrivé en étant déjà Elvis. Il m’a envoyé une vidéo où il était en larmes et plus tard j’ai appris que c’est parce qu’il avait perdu sa mère au même âge qu’Elvis avait perdu la sienne (à 23 ans – ndlr). Je crois que jouer ce rôle, c’était comme un appel spirituel pour lui.
C’est intéressant que vous parliez de spiritualité, car votre Elvis a une dimension christique. En continuant à se produire malgré son état de santé, il se sacrifie pour l’amour de ses fans, en quelque sorte…
Vous savez quoi ? Pas une personne avant vous ne m’avait dit ça ! Mais c’est ce que je crois et c’est ce que j’ai découvert à propos d’Elvis. C’est comme s’il était est né avec le don d’unir les gens. Vous pouvez penser ce que vous voulez, mais c’était quelqu’un qui était poli, qui était gentil. Il a beaucoup influencé mon cher ami Prince. Et par-dessus tout, c’était un être spirituel. D’ailleurs un truc que j’ai appris, c’est qu’après un concert, il continuait à chanter du gospel jusqu’au bout de la nuit. Parce qu’il débordait de spiritualité.
Peut-être encore plus que tous vos autres films, Elvis a tout pour être adapté en comédie musicale sur scène. C’est en projet ?
Tous mes films deviennent des comédies musicales parce qu’ils sont théâtraux ! Mais moi, mon job, c’est de ramener les gens au cinéma avec ce film. C’est pour ça que je les conçois de cette manière. Durant la projection à Cannes, les gens applaudissaient durant les numéros musicaux, sans parler de la standing ovation à la fin. Je fais du cinéma pour des moments comme ça. Maintenant, diriger moi-même la version théâtrale, je ne crois pas. Parce qu’une fois que j’ai fait un film, je passe à autre chose. Même si je garde un œil dessus !