États-Unis : manifestation devant Netflix contre le spectacle de Dave Chappelle dénoncé comme transphobe

R.H. avec AFP
Publié le 21 octobre 2021 à 12h11, mis à jour le 21 octobre 2021 à 12h35
Les manifestants se sont réunis devant le siège de Netflix.
Les manifestants se sont réunis devant le siège de Netflix. - Source : AFP

COLÈRE – Des manifestants se sont rassemblés mercredi près du siège de Netflix à Los Angeles à l'appel de militants LGBTQ. Ils reprochent à la plateforme son soutien à l'humoriste Dave Chappelle et à son one-man-show "The Closer" dans lequel il tient des propos dénoncés comme transphobes.

La colère est montée d'un cran. Un groupe de manifestants s'est rassemblé mercredi 20 octobre près du siège de Netflix à Los Angeles à l'appel de militants LGBTQ. Ces derniers reprochent à la plateforme de streaming son soutien à l'humoriste Dave Chappelle et ses propos jugés transphobes par certains dans son one-man-show The Closer

Quelques dizaines d'employés de Netflix ont ainsi débrayé pour l'occasion et rejoint dans une rue de Hollywood un nombre identique de militants réclamant une meilleure représentation des personnes transgenres : "Je pense que les salariés trans et non-binaires ne sont pas en sécurité tant que leur employeur diffuse du contenu qui pourrait leur nuire", a déclaré un employé de Netflix Animation, Devan McGrath. 

Netflix tente d'apaiser la colère

La polémique a été déclenchée il y a deux semaines par le spectacle The Closer diffusé par Netflix, dans lequel la star du stand-up répond aux critiques l'ayant déjà accusé par le passé de s'être moqué des personnes transgenres. Il rétorque notamment que "le genre est un fait" et que ses détracteurs sont "trop sensibles".

Netflix, qui a défendu ce spectacle, a tenté d'apaiser les tensions avant la tenue du rassemblement. "Nous respectons la décision de tout employé qui choisira de débrayer et reconnaissons que nous avons encore du travail à accomplir tant au sein de Netflix que pour notre contenu", a écrit le géant du streaming mercredi dans un communiqué à l'AFP. La plateforme "comprend la profonde blessure qui a été causée".

Nous ne sommes pas ici parce que nous ne savons pas rire. Nous sommes ici, car nous nous inquiétons que ces blagues prennent des vies
Ashlee Marie Preston

L'une des organisatrices du rassemblement, Ashlee Marie Preston, a insisté sur le fait que des blagues comme celles de Dave Chappelle causaient du tort à la minorité transgenre. "Nous ne sommes pas ici aujourd'hui parce que nous ne savons pas rire. Nous sommes ici car nous nous inquiétons que ces blagues prennent des vies. Il n'y a pas de quoi rire", a-t-elle lancé.

Les manifestants ont notamment demandé à la plateforme de streaming de faire précéder The Closer d'un avertissement et de s'engager à promouvoir davantage de talents LGBTQ. Le spectacle de Dave Chappelle a été condamné par certains groupes LGBTQ (lesbienne, gay, bisexuel, trans, queer) comme GLAAD, qui déplorent, études à l'appui, l'impact négatif que peut avoir la diffusion de stéréotypes sur les minorités. Un autre petit groupe de manifestants s'était, lui aussi, mobilisé le même jour, mais pour soutenir Dave Chappelle. 

"J'ai foiré. J'aurais dû avant tout reconnaître qu'une partie de nos salariés souffraient, et qu'ils se sentaient vraiment blessés par une décision commerciale que nous avions prise", a déclaré au Hollywood Reporter Ted Sarandos, le co-directeur exécutif en charge des contenus, qui avait minimisé l'affaire. Il a toutefois réaffirmé qu'à son avis, le spectacle de Dave Chappelle ne devait pas être retiré de la plateforme.

Comique afro-américain, Dave Chappelle a déjà été accusé par le passé de se moquer des personnes transgenres, mais il reste extrêmement populaire aux États-Unis. Dans son spectacle polémique, l'humoriste met en avant son expérience en tant qu'homme noir. Il estime ainsi que les hommes gays blancs "font partie d'une minorité jusqu'au moment où ils ont de nouveau besoin d'être blancs". Et il affirme que les communautés LGBTQ ont fait plus de progrès en quelques années que les Noirs en plusieurs décennies. 


R.H. avec AFP

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