Excentrique ou manipulateur : qui est vraiment Ezra Miller, la star sulfureuse de "The Flash" ?

Publié le 20 juin 2022 à 16h46, mis à jour le 20 juin 2022 à 17h02
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Une famille amérindienne accuse l'interprète de "The Flash" d’avoir détourné leur fille de 18 ans.
Une accusation grave pour la star non-binaire de 29 ans qui a multiplié les dérapages ces derniers mois.
Après avoir imposé sa différence à Hollywood, cet ex-enfant prodige pourrait bien être blacklisté par ses pairs.

Il fait partie d’une nouvelle génération qui bouscule les codes à Hollywood. Ex-enfant prodige, sur scène dès l’âge de 6 ans, Ezra Miller a d’abord attiré l’attention grâce à ses performances troublantes dans des films indépendants comme After School ou We Need To Talk About Kevin, applaudis au Festival de Cannes, avant de s’immiscer dans l’univers des grosses franchises hollywoodiennes, séduites par sa singularité. Depuis 2014, il est Barry Allen alias The Flash, le superhéros DC Comics dans les films de la Justice League version Zack Snyder. Mais aussi Croyance Bellebosse, le jeune disciple tourmenté du sorcier Grindewald dans Les Animaux Fantastiques, la saga dérivée de Harry Potter. 

Hyper charismatique en interview, plus mature que son jeune âge ne le laisse paraître au premier abord, Ezra Miller s’illustre très vite par ses choix de vie et le franc-parler qui va avec. En 2012, à l’âge de 19 ans, ce fils d’une danseuse contemporaine et d’un cadre de chez Disney déclare être queer au magazine The Advocate parce que c’est, selon lui, "la manière la plus ouverte et la plus inclusive" de se décrire. Six ans plus tard, il confirme à The Hollywood Reporter que c’est simplement une façon de dire non aux standards en matière de genre. 

Ezra Miller dans le costume de The Flash.
Ezra Miller dans le costume de The Flash. - Warner

"Je ne m’identifie ni comme un homme, ni comme une femme. Je m’identifie à peine comme être humain", avoue celui qu’on présente alors comme "le premier superhéros non hétéro". Dans le même entretien, Ezra Miller apporte son soutien au mouvement #MeToo et raconte une tentative d’agression sexuelle dont il a été victime à ses débuts, de la part d’un producteur et d’un réalisateur qui lui auraient donné l’alcool alors qu’il était encore mineur. Il refuse de citer leurs noms et l’affaire n’ira pas plus loin. 

Une caution progressiste pour Hollywood ?

En parallèle de sa carrière de comédien, Ezra Miller fonde un groupe, Sons of a In Illustrious Father, au sein duquel il chante et joue de plusieurs instruments. Une double vie de rock star à la Bowie qui déteint sur ses apparitions sur les tapis rouges où ses looks extravagants dénotent sérieusement avec ses collègues du showbiz. Ainsi, en 2019, il débarque au gala du Met, affublé d’un masque de son propre visage, avant de dévoiler aux photographes un étrange maquillage de ses yeux, reproduits à l’infini… 

Ezra Miller au gala du Met, en 2019.
Ezra Miller au gala du Met, en 2019. - AFP

Jusque-là, le caractère fantasque d’Ezra Miller amuse davantage qu’il n’effraie. C’est même du pain béni pour les studios hollywoodiens, en quête d’icônes capables d’insuffler un vent de diversité dans leurs grosses productions familiales. Reste qu’il y a des limites à ne pas franchir. En avril 2020, un premier incident vient semer le trouble. En marge du tournage des Animaux Fantastiques 3, l’acteur est impliqué dans une altercation à la sortie d’un bar à Reykjavik, en Islande. Sur la vidéo qui devient virale, on le voit attraper une jeune femme par la gorge et la jeter au sol.

Ni la star, ni la Warner ne communiqueront sur l’incident qui ne donnera lieu à aucune poursuite judiciaire. Le studio lui maintient en tout cas sa confiance puisqu’en avril 2021, il entame le tournage à Londres de The Flash, sous la direction d’Andy Muschietti, le réalisateur de Ça. Faire-valoir dans Batman v Superman, Suicide Squad et Justice League, Ezra Miller est désormais la vedette dans ce nouvel opus, d'autant plus attendu par les fans que Michael Keaton, le Batman de Tim Burton, y croisera celui joué par Ben Affleck chez Zack Snyder. Les prises de vues se terminent en octobre, sans qu’aucun incident ne soit à déplorer, a priori.

Depuis janvier, les dérapages s'accumulent

En janvier dernier, Ezra Miller donne de ses nouvelles via une vidéo pour le moins étrange, postée sur Instagram. S'adressant au Ku Klux Klan, il lance ce message : "Bonjour, comment allez-vous ? C’est moi ! Si vous voulez tous mourir, je vous suggère de vous tuer avec vos propres armes, d’accord ? Sinon, nous le ferons pour vous, si c’est vraiment ce que vous voulez. OK ? À bientôt, au revoir." Dans la légende, il précise : "Veuillez diffuser cette vidéo à tous ceux qu’elle peut concerner. Ce n’est pas une blague, même si je passe pour un clown, faites-moi confiance. Sauvons des vies maintenant."

Les choses se corsent quelques semaines plus tard, le 28 mars 2022 plus précisément. Ezra Miller, qui séjourne à Hawaï, est éjecté d’un karaoké, accusé d’avoir hurlé des obscénités à plusieurs clients. Sur des images filmées par la police locale, dévoilées quelques jours plus tard, on le voit expliquer que c’est lui qui a été agressé, par "un type se présentant comme un nazi", dit-il. Lorsque l’un des agents commence à le fouiller à l’entrejambe, il s’emporte : "Hé, vous m’avez touché le pénis ! Je suis transgenre, non-binaire et je ne veux pas être fouillé par un homme !".

Ses déboires à Hawaï ne s’arrêtent pas là puisque le 19 avril, il est arrêté une deuxième fois après avoir été expulsé d’une résidence privée. En colère, il aurait jeté une chaise au visage d’une jeune femme de 26 ans, la blessant grièvement à la tête. Outre-Atlantique, ce double coup de sang est plutôt mal vu et pousse la presse à s’interroge sur l’avenir professionnel d’Ezra Miller. Hasard ou pas : une source anonyme révèle au magazine Rolling Stone que le tournage de The Flash a été émaillé de fréquents "pétages de plombs" de la part de sa star. Alertée, la Warner dément et dénonce "une exagération".

Le cas Miller prend une tournure presque surréaliste début juin lorsque les parents de Tokata Iron Eyes, une jeune Amérindienne de 18 ans, déposent plainte contre l’acteur devant le tribunal sioux de Standing Rock, dans le Dakota. Présentant Ezra Miller comme un "gourou" manipulateur, ils l’accusent d’avoir abusé "physiquement et émotionnellement" de leur fille dont il a fait la rencontre en 2016, lorsqu’elle n’avait que 12 ans. Après avoir arrêté ses études à l’automne dernier, elle serait partie vivre avec la star, à New York puis en Californie. Elle était avec lui à Hawaï, lorsqu’il a été arrêté au printemps.

Silence total face aux accusations

Dans un message écrit posté sur Instagram le 6 juin, Tokata dénonce une manipulation de la part des médias et prend la défense d’Ezra Miller. Trois jours plus tard, elle publie une vidéo dans laquelle elle répond à tous ceux qui sont persuadés que la star s’exprime à travers elle sur les réseaux sociaux. "Personne ne contrôle mon compte Instagram", explique la jeune femme, estimant que ses parents s’en prennent à l’acteur parce qu’ils ne supportent pas qu’elle soit lesbienne. La star de The Flash, de son côté, ne commente pas l’affaire. De même qu’il est aux abonnés absents lorsque la justice vient lui remettre une convocation au tribunal à son domicile, en Californie.

Le dossier prend encore de l’ampleur vendredi 17 juin quand le site DailyBeast révèle qu’une famille du Massachussetts vient d’obtenir tôt une ordonnance d’éloignement à l’encontre d’Ezra Miller, l’accusant de harcèlement envers leur enfant de 12 ans. La star l’aurait rencontré par l’intermédiaire d’une connaissance commune en février dernier, avant de proposer de lui offrir de nombreux cadeaux "y compris un cheval", affirme la mère de l’enfant. Du côté de la Warner, l’alerte rouge est (enfin) lancée.

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Dans une enquête publiée le week-end dernier, le site spécialisé Deadline révèle que David Zaslav, le tout nouveau patron de la major, aurait décidé de trancher dans ce dossier chaque jour plus embarrassant. The Flash ayant coûté plus de 200 millions de dollars, impossible de le jeter à la poubelle. De même qu’il serait beaucoup trop couteux de retourner toutes les scènes impliquant Ezra Miller. Une hypothèse consisterait à maintenir la sortie en juin 2023, sans associer la star à la promo. Une autre de sortir le film en catimini sur la plateforme HBO Max.

En revanche, une chose parait claire : quelles que soient les suites judiciaires, à court ou moyen terme, l'image d'Ezra Miller serait désormais radioactive pour le studio. Et il ne serait donc plus du tout question de travailler avec lui à l’avenir, même si le film était un immense succès au box-office. Le principal intéressé n'a, lui, toujours pas commenté les différents faits qui lui sont reprochés. Après avoir supprimé son compte Instagram il y a quelques jours, il serait tout simplement introuvable.


Jérôme VERMELIN

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